La dorade grise est très recherchée en été et jusqu’à tard en arrière-saison. Certains amorcent, d’autres pêchent en dérive. Quels appâts fournissent les meilleurs résultats ? Images DR
Sommaire :
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Une grosse mémère de plus de 45 cm, ça décoiffe ! © DR[/caption]
La dorade grise est un poisson combatif. Son rapport taille/puissance est impressionnant. Un spécimen de seulement 500 grammes offre une jolie bataille, surtout sur ligne fine.
On l’appelle également griset ou encore canthère. Difficile de lui proposer un menu du jour, car ce sparidé est un omnivore opportuniste. Oui, mais, selon les postes, la dorade vient chercher des appâts précis, auxquels elle est habituée.
Ce sont ceux-là qui paraîtront, aux yeux de la belle argentée, plus naturels.
De plus, certains sont plus faciles et pratiques à utiliser que d’autres : tous ne se valent donc pas. Faisons un tour d’horizon des avantages et inconvénients de chaque appât.
Des proies benthiques
Le griset est très présent sur la façade atlantique et aussi en Méditerranée Rappelons-le, c’est un poisson réellement fort malgré sa taille modeste. C’est pour cette raison que j’ai tendance à n’utiliser qu’une seule potence sur mes montages palangrottes, pour ne pas perdre les plus grosses dorades lors de la prise d’un doublé.
Cela dit, elle possède une mâchoire vraiment puissante qui lui permet de broyer les aliments. Elle cherche généralement les fonds riches en nourriture. Elle a en effet une préférence marquée
pour les proies benthiques, c’est à- dire celles qui vivent sur le fond marin. Elle se nourrit principalement de crustacés, de mollusques et de petits poissons, mais son régime alimentaire peut également inclure des vers marins et divers invertébrés.
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Sur une bonne dérive, toutes les cannes peuvent plier en même temps. © DR[/caption]
Grâce à ses dents incisives robustes, la dorade grise est capable de détruire les coquillages et les carapaces de ses proies. Elle fouille souvent le substrat sablonneux ou rocheux à la recherche de nourriture, utilisant sa petite bouche pour extraire des organismes enfouis voire ceux collés aux rochers (crépidules, berniques, bigorneaux…). Elle est également capable de s’adapter à la disponibilité des ressources, ce qui lui permet de survivre dans des environnements où la nourriture peut être plus rare.
Son comportement alimentaire est donc assez varié, en fonction des conditions locales et des saisons. J’ai même déjà pris de la dorade grise au lançon vivant ou au leurre souple. À chaque fois, de belles mémères de plus de 40 cm ! Les gisements de coquillages sont les spots les plus faciles à localiser. Ils sont capables de maintenir des bancs de dorades sur place durant toute la saison.
Les spots riches en moules, crépidules, couteaux, coques et autres mollusques sont intéressants à pratiquer. Généralement, la présence de fond mixte composé de sable et de gravier est un élément qui favorise sa présence. On la trouve dans 5 à 50 mètres de profondeur.
Si vous voulez un repère plus précis, j’ai souvent noté une profondeur moyenne de 15 à 20 mètres comme idéale pour cette pêche, bien que de gros spécimens soient présents plus profondément au large.
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Cette dorade a été prise sur un blanc de seiche sorti du congélateur. Simple, attractif, efficace © DR[/caption]
Un poisson facile
Vient le moment de choisir l’appât. Clairement, ainsi qu’expliqué ci-dessus, je considère que la dorade grise est une espèce plutôt facile une fois qu’on l’a localisée.
Comme souvent à la pêche, le plus difficile est de trouver le poisson, l’instant où il mord, l’endroit exact où il se situe sur le spot. Car une fois sur la zone déterminée, la dorade n’y sera pas forcément. Sur une épave, elle peut être regroupée avant, en amont, alors que des tacauds pullulent sur la carcasse.
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Pour fixer la potence d’un montage palangrotte, une perle perforée est idéale. © DR[/caption]
Le sondeur donnera des indications précises pour dénicher ce poisson qui se visualise bien sur les écrans. Généralement, on trouve une détection concentrée sur 2 ou 3 mètres de hauteur, en boule régulière, sans arc ni traînée. Il peut arriver que vous repériez plusieurs bateaux sur une zone large, où que votre gentil voisin de port vous ait communiqué un point GPS.
Sur un tel fond plat riche en coquillages, gravillonneux, les dorades ne sont pas partout présentes et actives de la même manière sur toute la zone. Quand on découvre le coin, il est important de bien nommer le point GPS de chaque prise pour voir se dessiner, sur la carte, un périmètre clé.
Ainsi, notez « petite dorade », « grosse dorade » et vérifiez ensuite cette donnée en effectuant de multiples dérives.
Les appâts
La coque
C’est un coquillage que l’on trouve sur les grandes plages, sous le nom de hénon, bucarde ou encore sourdon. La
coque est l’appât le plus populaire pour la traque du griset. Elle se ramasse facilement sur les plages et sa présence est trahie par deux petits trous dans le sable. Ces trous quasiment côte à côte sont caractéristiques de ce coquillage car plus rapprochés que ceux de la palourde.
Les
coques sont à peine sous la surface, inutile de creuser profond ! On les récolte avec un râteau ou une griffe à coquillages sur les fonds gravillonneux ou sableux. On peut les prendre à la main sur les fonds vaseux à côté des palourdes, mais généralement, et contrairement aux palourdes, les coques aiment les fonds non encombrés et bien dégagés.
D’aspect, ce bivalve possède des coquilles rondes et bombées, symétriques, de couleur blanche, beige ou ocre.
On utilise seulement le mollusque, idéalement encore vivant, de première fraîcheur, que l’on vient escher sur un hameçon court à grande ouverture et à pointe bien piquante. On opte alors pour une taille n° 4 à 1. Pour une présentation optimale, on peut employer du fil élastique qui maintient l’appât bien en place sur la hampe de l’hameçon et bien serré pour laisser la pointe largement dégagée de l’appât.
Au besoin, on peut d’abord couper le mollusque aux ciseaux pour éviter que des morceaux trop longs ne dépassent de l’hameçon. Si la logique voudrait que cette présentation d’un appât fraîchement sorti de sa coquille soit la plus efficace, j’ai une nette préférence pour la coque cuite. Elle est intéressante à bien des égards. Déjà, elle a l’avantage d’une meilleure tenue à l’hameçon : nul besoin d’élastique.
Ensuite, elle garde ses effluves attractifs. Ainsi, lors d’un raté, le griset n’hésite pas à réattaquer. Il y a moins de risques à la touche de se faire voler l’appât.
En outre, il est simple à stocker et à utiliser. On peut les mettre par 20 ou 30 dans des boîtes en plastique que l’on conserve au congélateur
La callianasse, dite machotte
Voilà un sérieux concurrent chez les crustacés. La
callianasse est une véritable friandise pour le griset. Mais uniquement. Cette crevette dotée de grosses pinces est extrêmement populaire en Méditerranée. Elle est de plus en plus présente en Atlantique et s’avère irrésistible sur de nombreux poissons : bars, dorades, raies et bien d’autres.
Ce crustacé se récolte sur les plages à proximité des roches, en particulier les plages accueillant des sources. Ces écoulements d’eau douce permanents forment des galeries sous-marines et se repèrent généralement par un sable constamment humide, même après plusieurs heures au soleil.
J’aime en enfiler une au moins jusqu’à la moitié du corps ou sur la totalité jusqu’à la tête. Puis j’en pique une ou deux autres au niveau de la queue. Il faut alors un hameçon à palette sur lequel on a réalisé un noeud discret permettant d’enfiler l’appât sans trop l’abîmer.
Les
callianasses vivent enfouies profondément. La pompe à vers permet d’aspirer le sable sur une profondeur de plusieurs dizaines de centimètres afin de déloger ces crustacés.
Contrairement à la fourche, la pompe aspire à un endroit très précis et il faut détecter la présence de l’animal par un repère en surface. La « machotte », comme on l’appelle couramment en Méditerranée et dans le Sud-Ouest de la France, forme un entonnoir rond sur la surface du sable. Cela dit, la moindre déformation du sol peut cacher notre crevette. Elle est toujours plus facile à ramasser près de la laisse de basse mer où elle remonte près de la surface du sable.
On peut aussi, dans cette logique, la récolter dans les mares d’eau ou dans 10 cm d’eau à la marée montante. Il faut les garder vivantes dans un seau. Pour une conservation de courte durée, le jour même ou jusqu’au lendemain, un fond d’algues de type varech suffit à préserver l’humidité.
Pour une conservation plus longue, jusqu’à trois ou quatre jours, on peut les placer dans un seau rempli d’une eau oxygénée par un aérateur d’aquarium branché sur le 220 V afin d’éviter les pertes de puissance ou les coupures. Une eau non oxygénée va asphyxier l’ensemble des appâts. On les stocke à l’ombre, idéalement au frais.
Cet appât est très attractif, certes, mais il présente cependant un inconvénient de taille : il est très fragile. Les deux ou trois machottes de l’hameçon sont vite déchirées lors des touches
Couteau
Le
couteau est un bivalve de forme allongée dont les coquilles sont symétriques, légèrement courbées, lisses et reliées entre elles d’un côté sur toute la longueur. La coloration de l’intérieur des coquilles peut varier du blanc au violet, l’extérieur est de couleur jaunâtre ou marron avec des reflets roses ou violets.
À l’une des extrémités du coquillage se trouve la tête atrophiée et, de l’autre, le pied-muscle en forme de hache qui lui sert à s’enfoncer dans le sable. Il mesure jusqu’à 20 cm et sa longueur fait six fois sa largeur. Sa taille dépend de l’espèce. La moyenne est de 10 à 20 cm.
Ces coquillages habitent souvent en bancs serrés le long de la côte. Ils sont très présents sur la partie nord de la France, en Belgique et aux Pays-Bas. De temps à autre, on retrouve de grandes quantités de coquillages morts échoués sur la plage. C’est un bon indice, les couteaux vivants ne sont pas loin.
Ces mollusques se repèrent à basse mer par les deux petits trous creusés par les siphons, en forme de 8 ou de serrure. Mais souvent, sur le sable sec, il s’agit d’un petit entonnoir, un trou ou une légère dépression.
Pour récolter un
couteau, il existe plusieurs solutions. La méthode la plus connue et ludique consiste à utiliser du gros sel marin. Afin de simuler l’arrivée d’eau salée de la marée montante, on verse une petite pincée de gros sel dans le ou les deux petits conduits d’aération formés dans le sable et l’animal remonte à la surface rapidement. Il faut alors l’extraire avec délicatesse afin d’éviter qu’il ne se casse.
On peut également se servir d’une fourche que l’on place 10 cm avant le trou. Reste ensuite à creuser. Le couteau est en général attrapé en un seul bon coup de bêche.
Parfois, notamment après un vent violent, on trouve des centaines de couteaux désensablés et posés en tas sur le sable. Il suffit alors de les ramasser à la main sans effort. Pour vérifier la présence du mollusque dans le coquillage, il faut le presser en faisant coulisser les deux coquilles de côté, le pied ressort un peu si le mollusque est présent, les coquilles se séparent dans le cas contraire.
Enfin, la nuit, les
couteaux dépassent de quelques centimètres du sable pour se nourrir. On les repère à l’aide d’une lampe électrique et on les attrape en les tirant délicatement de leur trou. Ils sont méfiants : toujours avoir le vent face à soi et ne pas créer d’ombre sur le trou.
On utilise les couteaux frais ou décongelés. Frais, ils se gardent plusieurs jours vivants dans leur coquille. Une boîte rectangulaire, telle qu’un emballage de glace, convient bien pour stocker les coquilles superposées. Les mollusques sont alors ôtés du coquillage sur le coin de pêche.
Juste avant la partie de pêche, il est judicieux de sortir tous les mollusques de leurs coquilles et de les stocker dans une boîte rectangulaire de type Tupperware avec le jus issu du coquillage. Les appâts seront prêts à être eschés. Ainsi conservés, il est possible de les congeler.
Les mollusques blanchissent dans leur jus, et, lors de la décongélation, semblent encore plus efficaces. Emporter quelques boîtes contenant une ou plusieurs dizaines de couteaux permet d’être prêt pour plusieurs parties de pêche. Pour la dorade, un couteau peut faire 3 appâts.
Ainsi il est suffisant de les conserver par sachets de 10. Ils sont très efficaces sur la façade atlantique et permettent de toucher à la fois les dorades et les bars.
Le calamar et la seiche
Voilà deux appâts tenaces. En effet, les céphalopodes offrent une excellente tenue à l’hameçon. La chair de ces drôles de bêtes possède une texture ferme et solide.
Seiche et calamar dégagent des effluves puissants. J’ai une anecdote incroyable à ce sujet.
Alors que je découvrais une nouvelle zone il y a quelques années, j’ai mis sur le bar de ligne une caméra. Derrière celle-ci, un shad me servait à prospecter et à voir quels carnassiers pouvaient se tenir sur la zone. Je tombe sur un banc de calamars dont l’un se pique sur l’hameçon. Je remonte, le calamar crache son ancre, il change de couleur et dévoile son stress.
C’est alors qu’un banc de dorades suit le calamar et commence à attaquer ses tentacules. L’animal n’est pas encore au sec que les dorades veulent déjà s’en emparer. Ce jour, j’ai compris le formidable pouvoir attractif du calamar, plus encore que la seiche d’ailleurs. Côté pratique, je coupe des morceaux de 2 cm dans le manteau du calamar et des morceaux de ses tentacules, que je mets dans des petits sachets au congélateur.
Cela me fait des appâts prêts pour la saison, à tout moment.
L’avantage énorme de ces appâts est la tenue à l’hameçon. En plus d’être très attractifs et de sélectionner les grosses dorades, ils permettent de faire parfois plusieurs poissons sur un même appât. Il existe une espèce de calamar miniature, appelée chipiron, qui a également la particularité de cibler les belles dorades et de bien tenir à l’hameçon.
Le calamar, appelé encornet ou calmar, est mon appât favori pour la dorade !
Le maquereau
Incontournable, ce poisson à chair grasse est d’une attractivité remarquable. Je le placerais certainement en deuxième position sur le classement des meilleurs appâts.
Il est en effet pratique de capturer un maquereau frais pour la pêche du jour. Ce qui permet de faire face à un imprévu et de rechercher la dorade même si cela n’était pas prévu.
Un jeu de plumes placé au-dessus d’un banc de sable, ou à mi-hauteur au-dessus du poste à dorades, et le tour est joué. Bon, je vous l’accorde, ce n’est pas toujours si simple. Et surtout, c’est quand on a vraiment besoin d’un maquereau que l’on va galérer à en piquer un !
Pour viser les maquereaux, je préconise l’usage de plumes blanches équipées d’hameçons n° 2 à 1 est de nylon en 0,40 à 0,45 mm. Vous pouvez couper un jeu de plumes en deux parties pour n’en utiliser que deux ou trois à la fois. Les potences se dirigent vers le haut, vers le fil du moulinet ! C’est l’erreur typique du débutant. La cuillère ou le jig métalliques de 30 à 120 g, souvent munis d’un hameçon triple en queue, ondulent à la descente.
À l’étale, optez pour un petit grammage, en plein courant, montez allégrement jusqu’à 120 grammes, voire plus si nécessaire. Il suffit d’un maquereau pour faire une dizaine d’appâts. Les morceaux de chair soigneusement coupés forment des dés de 1,5 cm. Il est important de garder la peau du maquereau pour une meilleure tenue à l’hameçon.
Crépidule
Les
crépidules sont des mollusques en une seule coquille se trouvant en bas de l’estran. Elles ont la particularité de s’imbriquer les unes dans les autres pour former une chaîne de plusieurs individus. On trouve couramment un bloc de 5 à 10 crépidules, les plus vieilles et les plus grosses étant celles du dessous et les plus jeunes se situant au-dessus.
Il s’agit d’une espèce introduite accidentellement, fixée sur des navires anglais lors des débarquements pendant la Seconde Guerre mondiale.
Désormais, elle est considérée comme une espèce invasive. Ce coquillage est délaissé des pêcheurs à pied de par son faible intérêt culinaire.
En revanche, il s’agit d’un appât facile à récolter qui sait séduire certains carnassiers. Facile à récolter, cet appât permet d’associer une petite balade sur la plage avec une récolte tranquille puisqu’il suffit de se baisser pour les ramasser à la main, sans outil. Pour l’utiliser, il faut d’abord séparer les coquilles à la main puis décoller le mollusque de la coquille. Pour cela, utilisez un couteau à bords arrondis pour gratter la paroi interne du coquillage.
Pour viser la dorade, vous pouvez proposer une belle bouchée en enfilant deux mollusques par hameçon à large ouverture. Il est possible de cuire le mollusque pendant deux minutes dans l’eau bouillante afin de raffermir sa chair.
On peut aussi consolider cette belle bouchée avec du fil élastique qui vient serrer les appâts sur l’hameçon, mais je n’en ressens pas le besoin, l’appât étant coriace. Pour viser la dorade, je vous propose un montage tenya à utiliser en dérive. Sur les fonds durs, pas trop loin de la côte, cet appât est cohérent.
On trouve en effet des gisements de
crépidules jusqu’à quelques milles nautiques du rivage. L’avantage du tenya coulissant est qu’il propose des hameçons doubles qui permettent de multiplier les chances d’attirer et de piquer notre poisson.
Outre ces incontournables, de nombreux autres mollusques peuvent être employés : bulots, amendes de mer, bardes de Saint-Jacques et même des vers tels que l’arénicole.
À chacun son appât favori, l’essentiel est d’obtenir un résultat et de se faire plaisir. La contrainte pour trouver les appâts est un paramètre important également. Si votre magasin propose des coques congelées ou des chipirons, voilà qui facilite les choses !
Taille de la dorade
- 20 cm : maturité sexuelle des femelles (de 2 à 4 ans).
- 23 cm : taille légale de capture.
- 28 cm : taille que je recommande pour le prélèvement.
- 35 cm : taille des beaux poissons.
- 40 cm : pallier des très gros spécimens.