Emirats arabes unis : l’ombre de l’Iran derrière l’assassinat d’un rabbin
Dimanche 24 novembre, Tzvi Kogan, un rabbin moldavo-israélien a été retrouvé assassiné. L’homme, âgé de 28 ans, était porté disparu depuis jeudi aux Emirats arabes unis, où il était installé depuis 2020. Lundi, les autorités émiraties ont révélé l’identité des trois suspects arrêtés : Olimboy Tohirovich (28 ans), Makhmudjon Abdurakhim (28 ans) et Azizbek Kamilovich (33 ans), tous trois de nationalité ouzbèke. Les services de sécurité cherchent désormais à "élucider les détails, les circonstances et les motivations du crime", a indiqué l’agence officielle émiratie WAM, citant un communiqué du ministère de l’Intérieur.
De son côté, le gouvernement israélien a affirmé détenir des informations indiquant que cet assassinat était un acte de terrorisme. Israël n’a pas précisé qui pourrait être à l’origine d’une telle attaque dans l’Etat du Golfe arabe, mais il a accusé à plusieurs reprises l’Iran et ses alliés de chercher à cibler des Israéliens à l’étranger. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a qualifié le meurtre du rabbin Kogan d'"attaque terroriste antisémite abjecte". Dans des remarques enregistrées devant des ministres de son cabinet, il a déclaré qu’Israël "rendrait justice" à quiconque en serait responsable, rapporte The New York Times.
Des médias israéliens ont par ailleurs suggéré qu’une cellule indirectement gérée par l’Iran était responsable de l’enlèvement et de l’assassinat de Kogan. Le journal Haaretz a rapporté que des sources de sécurité israéliennes avaient déclaré que les membres de la cellule responsable de l’assassinat de Tzvi Kogan étaient des citoyens d’Ouzbékistan, qui avaient fui vers la Turquie pour détourner l’attention de l’Iran. De son côté, l’ambassade d’Iran aux Emirats arabes unis a déclaré "rejeter catégoriquement les allégations impliquant l’Iran" dans ce meurtre.
"Des précautions" pour les Israéliens aux Emirats
Le rabbin Kogan avait disparu à Dubaï, jeudi, et son corps a été retrouvé à Al-Aïn, une ville proche de la frontière avec Oman, à environ 150 kilomètres d’Abou Dhabi. Tzvi Kogan était un émissaire aux Emirats arabes unis du Habad Loubavitch, un mouvement hassidique ultraorthodoxe animé par un engagement missionnaire mondial visant à renforcer l’identité juive et à rapprocher les juifs de leur foi, connue également sous le nom de Chabad, rapporte le journal libanais l’Orient-Le Jour.
Il s’était installé aux Emirats arabes unis en 2020, l’année de la signature des accords de normalisation des relations entre les Emirats et Israël, connus sous le nom des accords d’Abraham, promus par Donald Trump lors de son premier mandat (2016-2020), note le quotidien libanais L’Orient-Le Jour. Il n’existe pas de chiffre officiel sur le nombre de juifs aux Emirats arabes unis, mais un responsable israélien a indiqué à l’Agence France Presse qu’environ 2 000 Israéliens résidaient dans le pays, la communauté juive étant estimée à quelque 4 000 personnes. La petite communauté israélienne et juive de ce pays dispose désormais de centres religieux et même de restaurants casher, conformément à la loi religieuse juive, remarque The New York Times. Tzi Kogan, avait d’ailleurs récemment ouvert un petit supermarché casher, sur la route très fréquentée d’Al Wasl à Dubaï indique The Guardian.
Après la découverte du corps du rabbin, les autorités israéliennes ont cependant renouvelé l’avertissement à la population d’éviter tout voyage non essentiel aux Emirats, et conseillé aux citoyens qui y sont déjà de prendre des précautions supplémentaires. Les personnes se trouvant dans le pays doivent dissimuler "tout ce qui pourrait les identifier comme Israélien" et s’abstenir de se rendre sur des sites associés aux communautés israélienne et juive de ce pays, a déclaré le Conseil de sécurité nationale israélien.
Des relations tendues depuis le 7 octobre
Les relations entre les deux pays se sont tendues depuis la guerre d’Israël contre le Hamas à Gaza. Les déclarations du gouvernement émirati concernant la disparition du rabbin Tzvi Kogan ne faisaient référence qu’à sa nationalité moldave, et non à sa nationalité israélienne, rapporte le quotidien américain. Il pourrait s’agir pour Abou Dhabi de déconnecter ce crime, autant que faire se peut, d’éventuelles critiques à l’égard de sa diplomatie régionale, la plus favorable à Israël parmi les pays de la région, pointe Courrier International.
En outre, ce meurtre s’inscrit dans un contexte de tensions accrues entre Israël et l’Iran, marquées par des échanges de frappes militaires directes au cours de l’année, sur fond de guerre à Gaza, rappelle Le Monde. Début octobre, les frappes aériennes menées par Israël contre l’Iran auraient touché "un élément du programme nucléaire" de la République islamique, a déclaré ce lundi 18 novembre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Téhéran a depuis menacé de riposter "au moment opportun".