Traité plastique: un texte de synthèse sur la table, avant la bataille finale
Alors qu'il ne reste plus que 48 heures pour s'entendre, selon les règles fixées au début du processus onusien il y a deux ans, la synthèse (baptisée "non papier" dans le jargon diplomatique) propose un mécanisme de contrôle de la production mondiale de plastique, qui était demandé par la coalition des pays les plus exigeants sur le sujet.
Mais elle ne contient aucune liste de produits chimiques jugés dangereux pour la santé humaine, renvoyant ce sujet à de prochaines conférence des parties (COP), selon le document mis en ligne sur le site de la conférence.
Le texte comporte encore beaucoup de sujets non résolus, laissés entre crochets, ou différentes "options" possibles. Il comporte ainsi huit définitions possibles de ce qu'est un plastique, et cinq pour ce qu'est une "pollution plastique".
Le texte a laissé sur leur faim les militants de l'environnement, qui souhaitaient une base de discussion beaucoup plus coercitive pour restreindre les effets du plastique sur l'ensemble de sa durée de vie, de la création des polymères vierges jusqu'au traitement des déchets.
"Nous appelons les pays à ne pas accepter le bas niveau d'ambition contenu dans ce brouillon de traité", a ainsi déclaré Eirik Lindebjerg, qui suit les négociations plastique pour le WWF.
"Traité pour l'amour du traité"
"Le non-papier est une pauvre tentative de nous obliger à trouver une conclusion et obtenir un traité pour l'amour du traité, avec une pléthore d'options, dont certaines pourraient être calamiteuses. Le seul élément positif est qu'il inclue un objectif global de réduction de production" a réagi Graham Forbes, chef de la délégation de Greenpeace à Busan.
"Le nouveau texte compile les rêves et les cauchemars de chaque nation présente à ces négociations. Il est trop faible pour délivrer un traité ambitieux que la majorité des gouvernements, entreprises, et citoyens désirent", a pour sa part estimé Jodie Roussell, responsable du suivi des négociations chez Nestlé, et porte-parole de la coalition des entreprises pour un traité mondial sur le plastique.
"Ce texte n'apporte pas la certitude dont les entreprises ont besoin, des règles claires et légalement contraignantes", a-t-elle ajouté.
La coalition comporte des géants mondiaux de l'agroalimentaire, de la distribution ou du textile utilisateurs de plastique, de Coca Cola à Ikea en passant par L'Oréal ou Unilever.
"Manger du plastique"
"Le texte n'est pas parfait, mais je pense qu'il peut être une bonne base si d'autres ont la même opinion", a en revanche réagi un diplomate européen requérant l'anonymat, alors qu'il reste quarante huit heures de négociations.
"C'est bien d'avoir un traité en 2024 qui traite bien du sujet d'une réduction de la production", s'est aussi réjouie la ministre française de l'Energie Olga Givernet, tout juste arrivée de Paris pour assister à la fin des négociations de Busan.
"On attend dans les deux jours qui viennent de pouvoir affiner les positions sur un sujet qui peut potentiellement être historique", a-t-elle dit.
Mais de nombreuses tensions et incertitudes persistent parmi les pays.
Le brouillon de traité prévoit notamment une option qui permettrait la suppression totale de l'article prévoyant un contrôle de la production, ainsi qu'il avait été demandé par l'Arabie saoudite durant les débats depuis le début de la semaine.
La création ou non d'un nouveau fonds international pour soutenir les pays en développement n'est pas non plus complètement réglée.
"Nous devons faire des compromis pour atteindre le consensus", a souligné Juan Carlos Monterrey Gomez, le chef négociateur du Panama, pays qui défendait un objectif chiffré de baisse de production et a accepté de n'inclure qu'un objectif non chiffré pour obtenir un assentiment plus large.
S'adressant aux pays opposés à des réductions de production du plastique, le Panaméen, connu pour ses interventions très fortes durant les débats, leur a lancé "laissez nous décider et débarassez le plancher".
"Les Etats du Golfe veulent défendre leur économie avec les carburants fossiles. Et nous alors?" s'est écrié le représentant de la Micronésie, Andrew Yatilman, en ramenant tout le monde à l'objectif essentiel: la pollution plastique et chimique qui menace les ecosystèmes et même la vie humaine: "Si rien n'est fait nous allons bientôt manger du plastique au lieu de manger du poisson", a-t-il dit.
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