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Le désir mimétique de Bernard Malamud

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Bernard Malamud (1914-1970), contemporain de Saul Bellow (1915-2005), Philip Roth (1933-2018) et Cynthia Ozick (1928), admiré par ces derniers, incarne l’école juive du roman américain. Les Vies multiples de William D., paru en 1977, fut l’avant dernier roman de Malamud. Il raconte comment William Dubin, un biographe de renom plus très jeune, séchant sur la biographie du romancier anglais D.H. Lawrence, retrouve par intermittences la joie de vivre, l’inspiration et la compréhension de l’œuvre du romancier anglais, comme on sait, très porté sur la chose, par la découverte de la volupté en compagnie de Fanny, une fille bien roulée, à la libido flamboyante, par ailleurs en âge d’être la sienne, et sur laquelle les hommes jettent des regards sans équivoque. Si le gars (comme un gondolier à Venise) a de belles fesses, elle ne voit aucune raison de ne pas consommer aussitôt. En 1968, on professait de « jouir sans entraves ».

Les affres du biographe

En proie au désir, mais aussi en quête d’affection, Fanny est une conquérante. Tout le contraire de Kitty, l’épouse très convenable de William Dubin, entravée par des limitations sur presque tout. Les époux ne sont plus très jeunes, sans être déjà vieux. Leurs enfants, assez problématiques, ont quitté leur confortable demeure du Vermont où les hivers sont rigoureux. Gérald, l’aîné, issu de la précédente union de Kitty, a déserté l’armée américaine et fui en Suède pour ne pas aller combattre au Vietnam. Maud, née du second lit, abandonne ses études et cherche sa voie dans le bouddhisme zen.

William Dubin s’est fait une solide réputation en publiant la biographie du poète Henry David Thoreau (1817-1862), puis celle de Mark Twain (1835-1910). Mais voici que D.H Lawrence, l’auteur du roman L’Amant de lady Chatterley, pour qui la sexualité joua un rôle essentiel aussi bien dans son existence que dans son œuvre, pose problème au biographe, dont la vie sensuelle a été timide, rare et médiocre. Voici que s’impose un écrivain au phallus glorieux, tandis que « le biographe » accomplit platement le devoir conjugal quand la nature le lui commande. Or, voici également qu’apparaît dans sa demeure Fanny, la fille aux seins fermes et aux fesses rebondies, qui ne se contentera pas de nourrir ses fantasmes.

D.H. Lawrence devient le médiateur du désir de son biographe

Le début fait penser à un vaudeville. Mais si le grotesque subsiste, il vire souvent à la tragédie.

L’épouse, jardinière et musicienne à ses heures, fait en outre la dame patronnesse à la bibliothèque municipale. Débordée, elle recrute une jeune femme de ménage qui n’en a pas les qualités. Le hasard faisant bien les choses, William l’a rencontrée un jour, en panne sur une route, non loin de chez lui. Il la reconnaît aussitôt. Elle est l’objet de son désir, exacerbé par sa rivalité avec D.H. Lawrence, le centaure. Fanny réveille son appétit ensommeillé par les longues années de mariage. Il la piste dans la maison, tandis qu’elle travaille avec quelque mauvaise humeur.

La jeune « employée de maison » n’est pas une femme d’intérieur. L’épouse, victime de troubles obsessionnels compulsifs (elle ne peut aller se coucher sans avoir reniflé les brûleurs de la cuisinière) n’en n’est pas satisfaite. Mais William se plaît à contempler la culotte jaune de Fanny tandis qu’elle fume une cigarette, assise sur les marches de la maison, les jambes ostensiblement ouvertes à son intention.

Les phéromones se disséminent dans le domicile conjugal jusque dans le bureau de l’écrivain, dont la concentration et l’ardeur au travail décroissent inversement proportionnellement au désir qu’il ressent pour Fanny, la déesse de l’amour. D.H. Lawrence, médiateur de son désir, lui coupe par ailleurs toute inspiration. Voici Dubin face à la stérilité littéraire.

Mais un jour, Fanny entre enfin dans son bureau, se déshabille et lui lance sa fameuse culotte jaune au visage. William, grand benêt aux désirs torturants, n’est pas un héros. Il passe du priapisme en rêve à la déconfiture, parce qu’il n’ose pas commettre l’adultère au sein du domicile conjugal. Fanny déguerpit et disparaît. William passe de l’extase orgastique imaginaire à l’obsédante jalousie, qui le conduit aux confins de la folie, à l’anorexie, aux courses interminables et par tout temps dans la nature. Mais enfin, sous la tutelle de D.H. Lawrence, William transgresse les normes de sa vie ordinaire et connaît des heures brûlantes et révélatrices dans le lit de Fanny, à New York. Que vaut désormais sa petite vie face à une déesse de l’amour, qui lui inflige quelques cuisantes humiliations pour le punir de sa lâcheté ?

Incapable de quitter l’épouse, incapable de renoncer aux journées passées au lit avec Fanny, qui lui a restitué le goût de vivre mais se lasse de ses atermoiements. Il n’est plus qu’un pauvre type qui vieillit. Incapable de s’émanciper, William Dubin signe finalement un pacte avec la lâcheté et le mensonge. Quand Fanny lui échappe pendant de longs mois, il devient impuissant. Lorsqu’elle réapparaît soudain, et se laisse prendre, il retrouve sa virilité. Mais le voilà bientôt vieux, et sa belle, courtisée par un jeune garçon, patient et opiniâtre. Elle l’abandonnera cette fois pour de bon. Il ne lui restera plus qu’à poser un point final à l’amère biographie de D.H. Lawrence, son maître du désir.

Les aventures du presque vieux biographe avec Fanny à Venise ne ressemblent pas à celles de George Sand et Musset, courant les prostituées, tandis que George subit les affres d’une intoxication alimentaire à l’Hôtel Danieli. Les évocations de Venise par Malamud n’atteignent jamais le lyrisme grandiose de David Brodsky dans Aqua Alta. Il n’est en rien un poète.

Sans avoir lu René Girard, Bernard Malamud écrit un roman qui est la parfaite illustration du désir mimétique. Menant son récit d’une manière diabolique, avec élégance, et non sans ironie, il réserve de nombreuses surprises au lecteur, conduisant l’intrigue sophistiquée sous un nouveau point de vue, au moment où on s’y attend le moins. Maîtrisant jusqu’à leur terme plusieurs fils narratifs, il évoque avec forces détails la vie chaotique du perturbateur, D.H. Lawrence, en tant que « médiateur mimétique ».




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