C’est le privilège du chef de caves d’isoler une partie de la vendange en "millésime", s’il considère que sa qualité le mérite. Avec un temps de vieillissement de trois ans minimum (contre quinze mois pour le "brut sans année"), la décision pèse sur les stocks et n’est donc pas neutre économiquement. D’autant plus que l’immense majorité des maisons préfèrent offrir à leurs millésimés de cinq à dix ans de mûrissement. A l’image des cuvées de prestige, fruit également de sélections drastiques et d’un long élevage. Toutefois, la création de valeur qui en découle lève bien des doutes : leur part dans les ventes dans le monde en 2022 (4,1 milliards d’euros) s’élève à 7 % en volume, mais 20 % en valeur…

• Nicolas Feuillatte Palmes d’Or 2009

Flacon iconique avec ses mille et une facettes nid d’abeille, la cuvée de prestige du premier opérateur de la Champagne constitue la promesse d’un moment privilégié. Ce millésime 2009, qui sort juste des caves, ne déroge pas. Mi chardonnay, mi pinot noir, le vin se montre ample, gourmand et empreint d’une tension rafraîchissante. Notes de noisette, de brioche, de fleurs blanches et de fruits exotiques (ananas, mangue) entraînent les papilles dans un savoureux tourbillon. 130 € (160 €, avec coffret bois).

• Collery Blanc de Noirs

La cuvée témoigne avec brio de la renaissance de cette maison historique d’Ay. Pionnière de l’œnotourisme en Champagne, elle sélectionne et assemble des pinots noirs exclusivement issus de grands crus (Ambonnay, Bouzy, Tours-sur-Marne, Verzenay). Vinification, élevage et dosage sont millimétrés pour livrer la meilleure expression du cépage. Dans son habit doré aux reflets verts, le vin exhale des arômes de gelée de pommes et de fruits rouges (cerise, framboise), avant que de discrètes notes de miel et de pain grillé se révèlent. 48 €.

• Laurent-Perrier Héritage

Avec l’emblématique cuvée Grand Siècle, lancée en 1959, la maison de Tours-sur-Marne est passée maître dans l’assemblage de millésimes. Elle investit désormais son savoir-faire dans cette nouvelle référence. Élaboré́ exclusivement à partir de vins de réserve sélectionnés pour leur fraîcheur et leur complexité, ce champagne offre une grande pureté́ et une parfaite maturité́. L’effervescence fine et persistante diffuse des notes de citron et de fruits blancs exaltantes. 79 €

• Frerejean Frères La Cuvée des Hussards 2013

Guillaume et Rodolphe Frerejean-Taittinger se sont lancé, en 2005, dans une production confidentielle de champagne. Mais, au fil du temps, ils ont élargi les approvisionnements de la maison pour élaborer des vins dont le caractère a vite conquis de nombreuses tables étoilés. Cette nouvelle cuvée rend hommage à la cavalerie de Napoléon, qui fut la première à sabrer le champagne. L’attaque, vive et tendue, est portée par une acidité citronnée. 165 €.

• Ayala A/18 Le Blanc de Blancs

Pour la discrète maison d’Ay, l’assemblage est un art, la pureté une signature. Et le chardonnay, son identité, magnifié dans ce millésimé à la robe lumineuse cousue d’or blanc. Il illustre à merveille la qualité des sols crayeux de la Côte des Blancs et de la Montagne de Reims autour de la récolte 2018. Arômes de poire, d’agrumes (pamplemousse, orange sanguine) et de jasmin valsent avec des notes miellées et pâtissières. 75 €.

• Dom Ruinart Blanc de Blancs 2013

"Un millésime marqué par une vendange très tardive, qui lui confère plus de fraîcheur et des arômes toastés, renforcés par un vieillissement sous liège", détaille Frédéric Panaïotis, le talentueux chef de caves de la plus ancienne maison de champagne (1729). Avant de rappeler combien ce flacon de prestige permet "de découvrir l’empreinte d’une année dans un grand blanc de blancs". Des parfums d’agrumes et de fruits juteux se conjuguent avec des notes d’amande et de blé mûr. Un régal ! 265 €

• Abelé 1757 Blanc de Blancs Extra Brut

Etienne Eteneau, le chef de caves, a conçu ce vin comme une exploration du style de la maison, s’appuyant sur ses fondamentaux : la majesté du chardonnay, entre fraîcheur et gourmandise, le toucher crémeux de la bulle, la persistance en bouche. La cuvée exprime bien le caractère solaire et chaleureux de 2019, l’année de base qui la compose. De douces flaveurs de vanille, d’amande, de brioche, de poire et de badiane ouvrent la voie à des notes de fleurs blanches, que des saveurs d’abricot, de grenade et de raisins secs enflamment. 75 €.

• De Saint-Gall Le Blanc de Bio

Quelque 2 300 vignerons regroupés dans quinze coopératives viticoles œuvrent sous cette marque à magnifier les plus beaux terroirs de la région. Notamment ceux de la Côte des Blancs, qui leur assurent d’excellents approvisionnements en chardonnay. De quoi élaborer un blanc de blancs bio, né de la volonté de ces "façonneurs de bulles" de produire le plus respectueusement possible. Jolies notes de fruits jaunes et blancs à noyau. 50 €.

• Charles Heidsieck Blanc des Millénaires 2014

Chaque nouvel opus de cette cuvée de prestige constitue toujours un événement, tant ils sont rares : en plus de quarante ans, seuls huit millésimes ont été édités par la maison. Les raisins de cinq villages de la Côte des Blancs la composent, un premier cru et quatre grands crus : Vertus pour son éclat et son équilibre ; Le Mesnil-sur-Oger pour sa structure et sa minéralité crayeuse ; Oger pour ses notes de fleurs blanches et d’agrumes, qui subliment l’expression aromatique de la cuvée ; Avize pour sa fraîcheur et son intensité ; Cramant pour sa vivacité. "Un voyage à travers le temps, de la craie du terroir à celle de nos caves, crayères millénaires", précise Elise Losfelt, la cheffe de caves. Magique… 250 €.

• Lanson Noble Champagne 2005

L’annonce d’un nouveau millésime de cette cuvée d’excellence est aussi très attendue. Composé exclusivement de chardonnays de grands crus de la Côte des Blancs et de pinots noirs de Verzenay (Montagne de Reims), cru emblématique de la marque à la croix de Malte, ce vin d’exception "a atteint un âge de raison et continue de briller", constate Hervé Dantan, le chef de caves. Délicieux arômes de pain toasté, de pralin et de moka se mêlent avec grâce à la finesse des notes de poire comice, de coing et de zeste d’orange. 190 €.

• Piper-Heidsieck Vintage 2018

"Ce millésime revêt une importance particulière à mes yeux : c’est l’un des tout premiers assemblages que j’ai réalisé comme chef de caves, confie Emilien Boutillat. L’équilibre entre l’éclat du fruit et la minéralité symbolise la rencontre entre le style historique de la maison, un millésime gourmand et expressif, et mon interprétation personnelle." Comme l’attestent de savoureuses notes de fruits rouges, de nectarine, de moka, d’amande fraîche et d’épices. 66 €.

• Krug Grande Cuvée 172e Edition

Voilà cent soixante-douze ans que la mythique maison rémoise honore le rêve de son fondateur, Joseph Krug, de recréer chaque année le plus généreux des champagnes indépendamment des aléas climatiques. Pour élaborer cette dernière édition, la cheffe de caves Julie Cavil s’est appuyée sur un large éventail de vins de réserve (42 % de l’assemblage final) provenant de dix années différentes. De quoi assurer l’ampleur et la rondeur caractéristiques du style Krug. 275 €.

Et aussi

• Le Brun de Neuville Blanc de Noirs

Dès sa création, en 1963, cette coopérative exemplaire s’est bâtie autour de l’identité solaire et généreuse des chardonnays du Sézannais. Ce terroir crayeux s’étend sur 1 477 hectares au fil d’une bande de 30 kilomètres, au sud de la fameuse Côte des Blancs. Pour la première fois, ce sont les pinots noirs du cru (25 % de l’encépagement) qui sont à l’honneur dans cette cuvée aux reflets roses, où les petits fruits rouges frétillent dans la bouche. 40,10 €.

• Cattier Millésime 2015

Dans ses caves de Chigny-les-Roses, premier cru de la Montagne de Reims, la famille Cattier concocte depuis plus d’un siècle des champagnes alliant fruit étincelant, générosité et fraîcheur. Un style maison que ne trahit pas cet assemblage à parts égales des trois cépages emblématiques de la région. Des notes de petits fruits noirs et rouges se conjuguent avec la griotte la pâte de coing. 59 €.

• Moët & Chandon Grand Vintage 2016

La grande maison domine le marché du champagne avec sa production annuelle de quelque 30 millions de bouteilles. Sous l’impulsion de son chef de caves, Benoît Gouez, elle élabore aussi des cuvées millésimées qui comptent parmi les meilleurs rapports qualité-prix de l’appellation. A l’image de cette 77e itération, dans laquelle de savoureuses flaveurs de noisette, de pain d’épices et de pâte d’amande dialoguent avec des accents de coing et de mirabelle. 68 €.

• Pommery Apanage Brut 1874

Propriété du groupe Vranken, la maison rémoise fête cette année le 150e anniversaire du premier champagne brut de l’histoire, élaboré à la demande de la visionnaire Madame Pommery. L’occasion pour le chef de caves Clément Pierlot de mettre en avant la richesse de la réserve perpétuelle sur laquelle il veille, à travers cette nouvelle cuvée, où elle entre significativement. Onctueux, le vin développe des notes de nectarines blanches pleines de fraîcheur et minérales. 70 €.

Delamotte Blanc de Blancs 2018

Depuis 1910, la petite sœur de la maison Salon bénéficie du savoir-faire de celle-ci dans l’élaboration des 100 % chardonnay. Reflet du terroir crayeux dont elle est issue, cette cuvée aux fines bulles abondantes et régulières offre un nez, très pur, d’aubépine, de noisette et d’épices douces. La fraîcheur d’une juteuse de pêche de vignes et la tendresse généreuse de la poire Williams conduisent vers une finale sur les zestes d’agrumes. 75 €.

• Barons de Rothschild Triptyque 2018

Trait d’union entre terroir et œnologie de précision, la nouvelle cuvée imaginée par le chef de caves Guillaume Lété assemblera toujours les mêmes trois grands crus. Forte de la texture des pinots noirs d’Ambonnay, l’attaque se révèle ample, sur des arômes gourmands de fruits rouges frais, tandis que les chardonnays d’Avize livrent toute leur dimension saline et citronnée. Le tout, harmonieusement lié par la structure du seigneur d’Aÿ. 99 €.

• Bruno Paillard Blanc de Blancs 2014

Élaboré à partir des presses les plus pures de quatre grands crus de la Côte des Blancs – Le Mesnil-sur-Oger, Chouilly, Cramant et Oger –, ce vin frais et cristallin est partiellement vinifié dans de petits fûts de chênes anciens. Alice Paillard, la directrice générale, a chargé l’artiste Monique Tello, peintre et graveur, d’illustrer l’étiquette de cette cuvée gourmande. 106 €.

• Henriot L’Inattendue 2018

Pour la deuxième édition de la cuvée créée en hommage à Apolline Henriot, la fondatrice de la maison, l’expression du grand cru Chouilly, dans la Côte des Blancs, est mise à l’honneur. Le vin présente "un profil généreux, exotique, gourmand ; une texture velours et une fraîcheur unique dans ce millésime", souligne Alice Tétienne, la cheffe de caves. 110 €.

• Boizel Joyau 2012

Depuis sa création, en 1961, seule la première presse de grands et premiers crus entre dans l’élaboration du "joyau" de la maison sparnacienne. Ce nouvel opus à la texture soyeuse libère des senteurs de fleurs blanches et d’orange, avant de s’ouvrir sur des notes pâtissières finement grillées. Touche de verveine et finale mentholée particulièrement agréables. 130 €.

• Alfred Gratien Brut Millésimé 2008

Quatrième génération de chef de caves de la maison, Nicolas Jaegger perpétue le style fondé dès l’origine sur la vinification sous bois. Pour fêter les 160 ans de la marque, il lève le voile sur son expression du formidable millésime 2008. Arômes acidulés et mûrs de gingembre et de citron confit courtisent des notes d’ananas rôti et de brioche. 160 €.

• Billecart-Salmon Louis Salmon Blanc de Blancs 2012

Cette cuvée de prestige honore le frère d’Elisabeth Salmon, la fondatrice de la maison, un passionné d’œnologie. L’assemblage de grands crus de la Côte des Blancs — Cramant pour la minéralité, Chouilly et Oiry pour la finesse, Le Mesnil-sur-Oger pour la structure et la longévité — affiche une pureté cristalline. Ce vin crémeux et intense développe des notes de brioche feuilletée, de mangue fraîche et de citron caviar. Quel délice ! 175 €.

• Bollinger La Grande Année 2015

"Opulent et puissant, avec le pinot noir en majesté, ce millésime se montre Bollinger dans l’âme", analyse Denis Bunner, directeur des vins de la célèbre maison agéenne. L’attaque est charnue et ample, la bouche gourmande évoque la confiture de mirabelle. La finale associe notes d’agrumes et de chocolat. Un nectar taillé pour la table. 225 €.

• Duval Leroy Femme de Champagne Rosé de Saignée 2008

Au sein de la maison familiale de Vertus, les femmes sont à l’honneur. Comme le rappelle cette cuvée signature de la marque, fruit du travail d’orfèvre réalisé par Carol Duval-Leroy et sa cheffe de caves Sandrine Logette-Jardin. Dans l’expression de ce millésime de légende, la saignée 100 % pinot noir du grand cru Bouzy, au pied de la Montagne de Reims, confine à la perfection. 293 €.