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Interview Franck Cammas « Mon objectif : le Vendée Globe 2028 ! »

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Alors que le Vendée Globe s’est élancé ce dimanche 10 novembre, nous avons échangé avec Franck Cammas qui ne cache plus son intention de participer à l’édition 2028. Une nouvelle ambition sportive pour l’un des marins les plus titrés de sa génération… Voile Magazine : Franck Cammas, vous nous confirmez votre volonté de participer au Vendée Globe 2028 ? Franck Cammas : "Sans hésitation ! Je dirais même que ma volonté est forte mais avant le Vendée Globe, je souhaite d’abord m’aligner sur The Ocean Race 2027. Quoi qu’il en soit, d’ici là je vais devoir lancer la construction d’un bateau neuf, un projet qui m’intéresse beaucoup même si cet objectif va bien évidemment demander la recherche d’un financement conséquent. Personnellement, ça fait longtemps que j’ai envie de m’attaquer à un programme de course au large en IMOCA, qui manque encore à ma carrière de marin. Or la classe propose un circuit riche en événements, que ce soit en solitaire ou en double, sur des transatlantiques ou encore des tours du monde en équipage et en solo. Ajoutons que le développement des 60 pieds va se poursuivre dans les années à venir, surtout sur la question du vol, ce qui me paraît être un super défi technologique alors que je viens de passer deux belles saisons au sein du Team Charal en tant que responsable de ce sujet-là. La conception de l’IMOCA de Jérémie Beyou m’a apporté une vision globale sur ces machines extraordinaires." VM. Que pensez-vous de l’interdiction faite par la jauge IMOCA d’apporter des plans porteurs, du moins jusqu’en 2028 ? FC : "C’est regrettable ! Avec Jérémie Beyou et plusieurs autres skippers, nous avons poussé pour un assouplissement de la jauge, malheureusement nous n’avons pas été écoutés… A mon avis, il est temps de passer ce cap car un monocoque, et l’America’s Cup nous l’a prouvé dernièrement, est capable de voler avec des plans porteurs même dans de la mer formée. La classe Ultime, elle aussi réticente au départ, a réussi à transposer ce principe il y a une dizaine d’années et ça fonctionne très bien. On y viendra, c’est sûr, avec à la clef plus de confort pour le marin et des vitesses moyennes à la hausse. En attendant, il s’agit de faire avec, de jouer avec le cadre réglementaire, quitte à développer des moyens de substitution comme nous l’avons fait avec les deux safrans de Charal dans l’axe qui apportent de la portance." VM : Quel sera l’architecte de votre futur IMOCA ? FC : "Impossible de vous en dire plus à l’heure actuelle puisque le projet commence tout juste... Aujourd’hui, les quatre grands architectes que sont Sam Manuard, Guillaume Verdier, Vincent Lauriot-Prévost et Koch- Finot/Conq ont tous conçu des IMOCA avec des points forts. J’attends donc le retour d’expérience de ce Vendée Globe avant de pousser plus loin la réflexion. Car il faut une analyse de cycle complet comprenant transats et tour du monde avant de dire qu’un plan est plus performant qu’un autre. Même si je suis forcément très proche de Sam Manuard, l’architecte de Charal avec qui j’ai collaboré ces dernières années, et de Guillaume Verdier, dont j’apprécie beaucoup l’esprit d’innovation, je parle avec tous les cabinets. J’ai quand même fait construire six bateaux dans ma carrière, ça aide à bien les connaître et à définir un cahier des charges qui tienne la route…" VM : Ce projet IMOCA remet-il en cause votre implication au sein du Défi français de l’America’s Cup ? FC : "C’est sûr qu’il me sera impossible de gérer à 100 % deux projets aussi importants que la Coupe de l’America et celui d’une future participation à The Ocean Race et au Vendée Globe. En fonction de l’avancée de mon futur bateau, il faudra bien que je bifurque à un moment donné. Pour le moment, je continue à être impliqué dans le Défi français, même si l’on ne connaît pas encore l’ensemble des règles de la prochaine édition ce qui, de fait, limite aujourd’hui mon rôle de responsable performance." [caption id="attachment_192132" align="aligncenter" width="500"] La Volvo Ocean Race 2012, peut-être son plus beau trophée. © Volvo Race Ocean[/caption]

Itinéraire d'un champion

Franck Cammas naît en 1972, il fait ses classes en Figaro au milieu des années 90 et remporte la Solitaire en 1997. Il brille ensuite en Classe ORMA, remportant championnats, courses en solitaire et en double sur ces multicoques survoltés dont il domine la classe. Il s’engage alors dans des défis planétaires en équipage : le Trophée Jules Verne (remporté en 2010, après deux tentatives) et la Volvo Ocean Race en VOR 70 avec son incroyable victoire de 2012. Dans la foulée, il se lance dans une préparation olympique en Nacra 17 avec Sophie de Turckheim mais ne parvient pas à se qualifier pour les JO de Rio. Il mène en revanche le défi français à l’America’s Cup 2017 aux Bermudes. Le catamaran à foils Groupama se classe 6°. Dès lors, il n’arrêtera plus de voler, enregistrant plusieurs victoires sur le circuit GC32, mettant au point et menant à la victoire avec Charles Caudrelier le trimaran Ultim Gitana 17 sur de nombreuses courses entre 2019 et 2021, avant d’endosser la responsabilité des performances pour le Défi Français de la dernière Coupe de l’America. En IMOCA, il fut le conseiller de Jérémie Beyou et Sam Manuard pour le développement de Charal 2.

Son Palmarès

  • Solitaire du Figaro 1997
  • Transat Jacques Vabre 2001, 2003, 2007, 2021
  • 6 titres de champion du Monde ORMA
  • Trophée Clairefontaine 2000, 2006 et 2009
  • Trophée Jules Verne 2010
  • Route du Rhum 2010
  • Volvo Ocean Race 2012
  • Brest Atlantique 2019
  • Marin de l’année 2012 et 2013
  • Marin de la décennie 2010-20

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