Chine: le Royaume-Uni "préoccupé" après des soupçons d'espionnage visant un proche du prince Andrew
Cet homme, Tengbo Yang, a démenti être un espion. Mais ce scandale est une source d'embarras supplémentaire pour la famille royale, et Andrew, frère du roi Charles III, ne participera pas cette année à la traditionnelle réunion familiale de Noël à Sandringham.
En déplacement en Norvège, le Premier ministre Keir Starmer a été interrogé sur cette affaire, qui fait les gros titres des médias depuis quatre jours.
"Bien sûr nous sommes préoccupés par les défis que pose la Chine", a répondu le dirigeant travailliste, rappelant avoir rencontré le président chinois Xi Jinping en novembre en marge du G20 à Rio de Janeiro, une première depuis six ans.
"Notre approche est celle de la coopération là où nous devons coopérer, par exemple sur le changement climatique, de la remise en question quand nous le devons en particulier sur les droits humains, et de la compétition quand il s'agit de commerce", a ajouté le chef du gouvernement.
Devant le Parlement, le secrétaire d'Etat chargé de la sécurité Dan Jarvis a souligné un "environnement de menace" plus général. "Il est important de reconnaître que cette affaire n'existe pas en vase clos", a-t-il dit.
"Un certain nombre d'États, dont la Chine, la Russie et l'Iran, s'efforcent en permanence de porter atteinte à la sécurité du Royaume-Uni; notre réponse est l'une des plus robustes et des plus sophistiquées au monde", a-t-il assuré.
Jeudi, la commission d'appel spéciale compétente en matière d'immigration a validé l'interdiction d'entrée sur le territoire de Tengbo Yang, homme d'affaires de 50 ans décrit comme un "confident" du prince Andrew, le soupçonnant d'être engagé dans "des activités secrètes et trompeuses" pour le compte du Parti communiste chinois.
"Victime"
La juridiction spécialisée a rejeté le recours de cet homme, estimant qu'il était en position de "créer des relations entre de hauts fonctionnaires chinois et des personnalités britanniques pouvant être exploitées à des fins d'ingérence politique par l'État chinois".
L'intéressé, qui était jusque-là identifié comme "H6" dans les médias, a obtenu lundi de la justice la levée de son anonymat et dénoncé une procédure "injuste".
"Je n'ai rien fait de mal ou d'illégal et les inquiétudes soulevées par le ministère de l'Intérieur à mon encontre sont sans fondement. La description qui a été largement faite de moi comme un +espion+ est totalement fausse", a-t-il assuré.
Tengbo Yang, qui se présente comme un "entrepreneur indépendant", affirme avoir "consacré sa vie professionnelle au Royaume-Uni à nouer des liens entre les entreprises britanniques et chinoises", et être "la victime" d'un "changement de climat politique".
L'homme était devenu proche du prince Andrew au point d'être invité à son anniversaire en 2020, et avait été autorisé à agir au nom du prince pour rechercher de potentiels investisseurs chinois.
Le duc d'York, titre du prince Andrew, a assuré vendredi avoir "cessé tout contact" avec cet individu "dès que des inquiétudes ont été soulevées", ajoutant que "rien de sensible n'a été discuté" entre eux.
Troisième des quatre enfants de la reine Elizabeth II et du prince Philip, Andrew, 64 ans, est déjà tombé en disgrâce en raison de sa proximité avec le financier et criminel sexuel Jeffrey Epstein, qui s'est suicidé en prison.
Il a été privé de ses titres militaires début 2022 après des accusations d'agression sexuelle sur une jeune fille de 17 ans, Virginia Giuffre, affaire qui s'est soldée par un accord financier.
Andrew est en retrait de la famille royale depuis plusieurs années. L'année dernière, il avait toutefois assisté avec son ex-femme Sarah Ferguson et leurs deux filles Beatrice et Eugenie aux célébrations de Noël dans la résidence royale de Sandringham (est de l'Angleterre).
Cette fois, mis sous pression par ce nouveau scandale, le prince se tiendra à l'écart, et sera absent comme "Fergie" des festivités familiales.