Le Mali rebaptise des rues de Bamako portant des noms français
Les autorités du Mali ont rebaptisé plusieurs boulevards, avenues, rues, places et établissements publics portant des noms français dans la ville de Bamako, capitale du pays, selon un décret signé le 13 décembre par le chef de l’État Assimi Goïta. Au total, ce sont près de 25 lieux, boulevards, avenues, rues, places publiques et établissements publics qui ont été ainsi renommés.
Parmi les changements notables, la Place de la Confédération des États du Sahel (AES) remplace la Place du Sommet Afrique-France, sur la route de l’aéroport. Le 6 juillet, le Niger, le Burkina Faso et le Mali avaient acté la création de cette confédération, pour contrer l’influence de la Cédéao, une organisation que ces trois pays jugent instrumentalisée par la France, ex-puissance coloniale.
Dans le même esprit, plusieurs avenues se voient attribuer de nouvelles dénominations, à l’instar de l’Avenue Modibo Keïta, renommée en l’honneur du premier président de la République du Mali, l’Avenue du Général Amadou Toumani Touré, président du pays de 2002 à 2012, et l’Avenue Nelson Mandela, en hommage au combat universel pour la justice et la liberté du leader emblématique sud-africain.
Réappropriation culturelle et historique
Le changement des noms vise non seulement à effacer l’héritage colonial français mais aussi à rendre hommage aux grandes figures de l’histoire du pays, dans le cadre d’une réappropriation culturelle et historique de l’espace public du pays.
Le décret institue par exemple des noms de boulevards qui honorent des personnalités historiques et symboliques, comme Soundjata Keïta, fondateur de l’empire du Mali au XIIIe siècle, Kankou Moussa dixième «mansa» (roi des rois) de l'empire du Mali au XIVe siècle, ainsi que Samory Touré, l’un des plus grands résistants à la colonisation en Afrique de l’ouest à la fin du XIXe siècle, ou encore Seydou Badian, écrivain et homme politique emblématique, qui a notamment écrit les paroles de l’hymne national du Mali.
Parmi les rues renommées, on citera notamment la Rue Banzoumana Sissoko, anciennement connue sous le nom de Rue Jean Brière de Lisle, et qui honore désormais le «Rossignol du Mali», icône de la musique traditionnelle, et la Rue El Hadj Cheick Oumar Tall, en hommage à ce chef religieux et stratège qui a marqué l’Afrique de l’Ouest.
Immortaliser des personnalités
Des établissements publics ont également été rebaptisés tels que l’Université Yambo Ouologuem, renommée en l’honneur de l’auteur malien emblématique, et l’Institut Professeur Gaoussou Diawara, en référence à cet universitaire et intellectuel malien.
Le décret vise à débaptiser des voies, places, édifices et établissements publics dans le district de Bamako et leur donner des noms de personnalités nationales, pour «rendre hommage et immortaliser ces personnalités afin qu'elles demeurent à jamais dans la mémoire collective des Maliens», avait annoncé le gouvernement du pays à l’issue d’un conseil ministériel le 4 décembre dernier.
Son adoption contribue à «faire connaître l'histoire, les grands hommes et les grandes institutions aux jeunes ; donner à la jeunesse des repères historiques, des références et des modèles inspirants ; préserver le patrimoine culturel et assurer la représentation historique ; donner un ancrage juridique à certaines dénominations déjà portées, de fait, par certains lieux publics», selon les autorités maliennes.