Burkina Faso : libération de quatre agents Français après une médiation marocaine
Quatre ressortissants français accusés d'espionnage et détenus depuis décembre 2023 au Burkina Faso ont été libérés, avec l'aide du Maroc qui a joué le rôle de médiateur, a annoncé ce 19 décembre le ministère marocain des Affaires étrangères.
Cet «acte humanitaire» a été rendu possible grâce à «l'excellence des relations» qui lient le Royaume du Maroc et le Burkina Faso, et leurs deux chefs d’État, le roi Mohamed VI et le président Ibrahim Traoré, précise le ministère cité par l’agence de presse d’État marocaine MAP.
Plus tard dans la journée, la Direction générale du renseignement extérieur français (DGSE), citée par une agence de presse française, a confirmé la libération de ces quatre agents ; l’Élysée annonçant dans la foulée que le président Emmanuel Macron avait remercié «chaleureusement» le roi du Maroc lors d’un entretien téléphonique la veille.
Ces quatre individus, sobrement présentés dans la presse française comme «des fonctionnaires», avaient été interpellés à Ouagadougou le 1er décembre 2023. Depuis, les autorités françaises étaient restées discrètes sur le sort de ces quatre Français, et les négociations entre les deux pays pour leur libération étaient restées au point mort durant plusieurs mois.
«Manigances»
Plus récemment, fin août dernier, les forces de sécurité burkinabè ont annoncé l'arrestation pour espionnage d'un ancien légionnaire français reconverti en conseiller en sécurité pour une société minière australienne.
Début septembre, les autorités du Burkina Faso ont refusé des visas à plusieurs diplomates et responsables français. Les autorités burkinabè ont par ailleurs expulsé plusieurs diplomates français du pays en 2023 et 2024.
Les relations entre Paris et Ouagadougou se sont considérablement dégradées depuis l’arrivée au pouvoir en septembre 2022 du capitaine Ibrahim Traoré, qui a fait de la souveraineté du pays le principe de sa gouvernance, remettant en cause la présence de l’ancienne puissance coloniale.
Ibrahim Traoré accuse régulièrement la France de «manigancer» contre le Burkina Faso avec des pays de la Cédéao. En 2023, il avait annoncé la création de l'Alliance des États du Sahel (AES), avec le Mali et le Niger, fondée pour contrer l’influence de la Cédéao, une organisation que ces trois pays jugent instrumentalisée par la France, ex-puissance coloniale.