Vers un podium Sablais historique
Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) file doucement mais sûrement vers les Sables d’Olonne, où il est attendu entre 23 heures et 1 heure cette nuit. Son arrivée s’annonce riche en émotions : sauf avarie, non seulement il bouclera son tour du monde, mais il marquera aussi l’histoire en devenant le premier Sablais à monter sur le podium de cette course légendaire. Pour le territoire, c’est un moment de grande fierté, porté par l’exploit d’un marin qui touche enfin au but. À l’arrière, l’ambiance est un peu plus tendue. Les poursuivants les plus proches doivent anticiper une dépression plutôt balèze prévue dans les jours à venir. Chacun va devoir ajuster sa trajectoire avec soin, non seulement pour avancer au mieux, mais aussi pour ménager des bateaux qui montrent clairement les signes d’une circumnavigation éprouvante. Paul Meilhat (Biotherm), par exemple, doit faire face à un étai cassé, ce qui complique sa progression. De son côté, Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor-lux) n’est pas dans une situation idéale non plus : confronté à un problème similaire, il a sorti sa boîte à outils et improvisé une réparation pour continuer la course. La situation est également délicate pour Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer), dont le foil bâbord a été endommagé la nuit dernière. Ces ajustements constants témoignent de la résilience et de la créativité des skippers, qui avancent coûte que coûte, malgré des obstacles en cascade. Leur détermination montre que le Vendée Globe est bien plus qu’une simple course : c’est une véritable épreuve d’endurance.
Sébastien Simon s’apprête à boucler une aventure exceptionnelle en décrochant la troisième place du Vendée Globe, un exploit qui illustre parfaitement sa détermination. Son parcours n’a pas été sans embûches : la perte de son foil bâbord dans l’océan Indien, avant même la mi-parcours, aurait pu compromettre ses ambitions. Pourtant, le skipper du Groupe Dubreuil a su faire preuve d’ingéniosité et de résilience, adaptant sans relâche sa navigation pour rester compétitif et sécuriser sa place dans le Top 3. À l’approche des Sables d’Olonne, il ajuste avec précision les derniers détails techniques tout en restant sur le qui-vive tel un écureuil près d’un casse-noix. « Je n’ai pas dormi de la nuit à cause du trafic maritime important, et j’ai dû enchaîner les virements dans le courant, car mon timing pour passer le Raz de Sein n’était pas idéal. Du coup, je suis un peu fatigué, mais ça va même si en ce moment je navigue sur mon mauvais bord. Cela m’oblige à réguler constamment pour maintenir une bonne vitesse, car je gagne facilement deux nœuds en gardant le bateau stable », a commenté le Sablais. Bien qu’assuré de monter sur le podium, il ne relâche pas ses efforts, restant concentré et traquant le moindre gain de vitesse comme d’autres traquent des trèfles à quatre feuilles. « Sinon, le temps semblerait encore plus long ! Après avoir joué avec les courants, ce sont désormais les petites rotations du vent que j’essaie d’exploiter au maximum. Chaque détail compte, et ma motivation est simple : cela me fera arriver plus tôt. Il n’y a aucune raison de ne pas le faire, au contraire ! »
Derniers milles, dernières émotions
Ces derniers milles, qu’il décrit comme les plus longs de toute la course, sont empreints d’un mélange d’impatience et d’émotion. Il savoure la perspective de retrouver la terre ferme, tout en mesurant l’ampleur du parcours accompli. Ce matin, une surprise de taille est venue illuminer cette dernière ligne droite : un message vidéo d’encouragement de Patrick Bruel, accompagné de Patrick Fiori et Nolwenn Leroy, enregistré lors de la tournée des Enfoirés-Restos du Cœur. Ce clin d’œil chaleureux reflète l’esprit du tube emblématique du chanteur, « Alors regarde », qui invite à contempler le chemin parcouru tout en avançant avec détermination. Une idée qui résonne particulièrement avec l’état d’esprit de Sébastien, partagé entre impatience et introspection à l’approche des Sables d’Olonne :
J’ai vraiment hâte d’arriver. Les conditions sont belles, tout va bien, mais j’ai envie de conclure cette troisième place, de retrouver la terre, mes proches, et de profiter pleinement de ce moment.
Sébastien Simon
Groupe Dubreuil
À la fois nostalgique et tourné vers l’arrivée, il confie également : « C’est étrange, j’ai l’impression que le départ était hier. Tout est passé si vite, et pourtant ces derniers milles me paraissent interminables. Les moments difficiles, je les ai déjà oubliés, comme s’ils appartenaient à une autre vie. ». Cette sensation d’étrangeté rend l’attente encore plus intense, chaque instant devenant un prélude à ce moment tant attendu : le passage de ligne. Estimé entre 23 heures et 1 heure la nuit prochaine, il promet d’être un sas d’émotion avant l’apothéose finale : la remontée du chenal, prévue à 8 heures demain matin, entouré de ses proches et de ses supporters. L’aventure touche à sa fin, mais elle ouvre déjà la porte à tout ce qu’elle a transformé en lui : des souvenirs indélébiles, de nouvelles ambitions prêtes à éclore et une force renouvelée.
L’art de s’adapter
Une force renouvelée, voilà ce qu’incarne précisément l’état d’esprit de Paul Meilhat. Victime d’une perte d’étai il y a deux jours, le skipper de Biotherm évolue actuellement en mode dégradé sous J3, avec le foil à 70%, mais reste positif autant que combatif. Autrement dit, il a enfilé son costume de licorne, mais garde son sabre laser à portée. « Il n’y a pas vraiment de règle en course au large : chaque situation est unique. Rien n’est noir ou blanc, tout est en nuances, en compromis. Donc priorité à la sécurité, puis en deuxième à la compétition. En fait, cette phrase s’applique depuis le départ : ça ne m’aide pas, je dois faire comme je le sens », note Paul, décrivant une navigation où chaque instant demande des ajustements : « Ma situation n’est pas idéale, mais elle me permet de continuer à avancer. Dès que possible, je monterai au mât pour installer une nouvelle drisse de capelage. Dans deux jours, une dorsale devrait apporter des vents faibles, ce qui pourrait être un moment favorable pour effectuer cette opération. Cependant, à ce moment-là, la houle provoquée par la grosse dépression, attendue dans trois ou quatre jours, commencera déjà à se faire sentir. Mon dilemme : monter avec peu d’air mais une forte houle ou le faire dans des conditions plus ventées mais sur une mer plus stable. Quoi qu’il arrive, il n’y aura pas de timing parfait », a précisé le skipper dont le choix se résume, en somme, à un saut dans les cactus ou à autre dans les orties.
Entre pression et imprévus
Quant à la fameuse dépression qui se profile, il l’anticipe avec sérénité : « Le gros du vent fort va être assez simple à éviter. Rester un peu plus au sud en adoptant une trajectoire plus méridionale en direction des Canaries devrait suffire ». Ça s’annonce toutefois plus coton pour ses deux concurrents plus en avant, Sam Goodchild (VULNERABLE) ou Jérémie Beyou (Charal). Ces deux-là vont très certainement devoir faire le dos rond le moment venu, face à des vents pouvant atteindre 45-50 nœuds près des Açores et, surtout, des vagues de sept à huit mètres attendues au cœur du système. Avec une période de 14 secondes, ces conditions leur rappelleront inévitablement celles du Grand Sud. « On le sait, l’Atlantique Nord en hiver peut être bien plus copieux que les mers du Sud lors de l’été austral », a observé Paul Meilhat, évoquant les derniers défis de la course. À ce stade, la fatigue des bateaux et l’accumulation des petits pépins techniques amplifie la pression. Chaque ajustement devient plus difficile et chaque erreur plus coûteuse. Les marins doivent faire preuve à la fois de détermination et de flexibilité, s’adaptant constamment aux imprévus. C’est dans la gestion de ces derniers obstacles, physiques et techniques, que leur véritable force se manifeste.
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