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Du bleu de méthylène contre le cancer ? Les étranges recommandations du Dr Schwartz

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Un jour, il y a dix ans, ou vingt peut-être, le cancérologue Laurent Schwartz s’est mis tête de trouver la "formule du cancer". Une équation qui, si elle venait à être mise au jour, résumerait en quelques lignes tout ce qu’il faut savoir sur ces horribles grosseurs, de la cause de leur développement aux moyens d’en venir à bout. De quoi, en un instant, "comprendre" ces maladies - et surtout les "résoudre".

Si Laurent Schwartz ne sait plus très bien quand sa quête a commencé, elle est, selon lui, terminée. A 67 ans, cet oncologue parisien, formé au Massachusetts General Hospital rattaché à l’université Harvard (Etats-Unis), et longtemps détaché à l’Ecole polytechnique, assure avoir réussi à "déchiffrer" les cancers. Une simple suite de chiffres et de lettres de son cru aurait ainsi suffi à les dompter. De ces phrases mathématiques, que le spécialiste énonce à qui veut bien l’entendre, découleraient les mécanismes communs à toutes les tumeurs, peu importe la nature des cellules impactées. Mieux encore : ses "résultats", fruits d’une "vingtaine d’années de recherche en dehors du consensus", l’auraient mis sur la piste d’un "probable remède universel", une substance courante et facile à produire : le bleu de méthylène.

Aucune étude clinique n’a jamais démontré l’efficacité de ce colorant, connu depuis 1877 et très souvent utilisé dans la recherche pour ses propriétés révélatrices. Ce qui n’a pas empêché le Dr Schwartz de faire étalage de ses "résultats" dans son dernier ouvrage, Bleu de méthylène, un remède oublié, un nouvel espoir contre le cancer […]. Depuis sa sortie, en octobre 2024, il écume les conférences et les médias alternatifs pour faire connaître sa "découverte". Malgré ses prétentions, le médecin n’a jamais réussi à se frayer un chemin en Une des revues scientifiques. Mais grâce à cette activité promotionnelle, les moteurs de recherche et l’IA regorgent de liens renvoyant à ses thèses. Si bien qu’en ligne, il est désormais facile de se laisser convaincre que quelques gouttes de bleu peuvent vaincre les cellules malignes. Rien ou presque n’indique que le "traitement" est, en réalité, inefficace.

Persuadés qu’il s’agissait d’un remède sérieux, certains patients du Dr Schwartz se sont même mis à en demander à l’hôpital où ils recevaient leur chimiothérapie. Ce fût le cas dans le service d’oncologie du Dr Jérôme Barrière, à Cagnes-sur-Mer. "Le patient s’étonnait de ne pas pouvoir recevoir ce traitement au sein de l’établissement", relate le médecin, fervent pourfendeur des fausses informations médicales sur les réseaux sociaux. En voyant, quelques jours plus tard, que l’acteur américain Mel Gibson en faisait lui aussi la promotion, le spécialiste a prévenu plusieurs sociétés savantes. "L’émergence de cette croyance doit être prise au sérieux, car les patients, en plus de subir des effets indésirables liés au bleu de méthylène, risquent de perdre du temps et de se détourner des soins efficaces", dit-il.

Mel Gibson, Nexus et charlatanisme

L’une de ces instances, la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT), a décidé de publier un communiqué, dont L’Express a eu la primeur, pour alerter le grand public et dissuader formellement d’utiliser le bleu de méthylène. "Aucune étude clinique n’a montré de bénéfice lié à ce produit dans les cancers", est-il ainsi écrit. Comprendre : non, les colorants, aussi bleus fussent-ils, ne guérissent pas le cancer. Le texte témoigne de l’inquiétude de la communauté scientifique vis-à-vis de ces fausses promesses. D’autant que le Dr Schwartz n’y va pas de main morte : en novembre 2024, il affirmait à la revue complotiste Nexus que la substance devait "probablement" avoir "la même efficacité que les traitements éprouvés, pour une toxicité moindre". "Un soignant n’a pas le droit de tenir des discours aussi trompeurs", regrette le Dr Barrière.

Selon nos informations, l’employeur de Laurent Schwartz, l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) ainsi que l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France (ARS) ont saisi l’Ordre des médecins, pour motif d'"insuffisance professionnelle". Contactée, l’instance n’a pas souhaité commenter la procédure en cours.

Au téléphone, le Dr Schwartz maintient ses affirmations, tout en nuançant : "J’espère que le bleu est aussi efficace que les traitements conventionnels ", déclare-t-il désormais. Son livre est bourré de précautions de ce type. "Nous nageons en plein inconnu", reconnaît-il page 146. Quelques lignes plus loin, il donne une marche à suivre pour s’administrer du bleu. Page 148, il concède : "Il est très difficile de donner des conseils définitifs". Il se dédit page 152 : "A mon sens, un petit nombre de cas cliniques est suffisamment riche d’enseignements pour constituer une preuve".

Un discours maîtrisé

Un double discours qu’il assume en entretien : "Ma peur, c’est qu’à cause de mes travaux, on laisse tomber les chimiothérapies efficaces. Ce serait une vraie erreur car il y a des choses qui marchent dans l’oncologie conventionnelle", nous dit-il, enjoignant à la plus grande prudence. Puis il ajoute, dans un phrasé lent et travaillé, qui donne à ses mots l’air plus gros qu’ils ne sont : "On a l’impression que les planètes s’alignent. Ce qu’on a découvert, c’est potentiellement du très lourd".

Vu de près, ces "planètes" ressemblent plus à des débris en orbite. Des fragments de recherche, piochés pour servir sa thèse. Il mélange de vieux comptes rendus médicaux datant du début du siècle, et des expériences de son cru, menées sur des cellules en laboratoire. Rien d’exploitable. "Dans une boîte de pétri, le bleu de méthylène a un effet sur les cellules cancéreuses. Mais à des doses dix fois supérieures à ce qu’il serait possible d’administrer en conditions réelles à des patients", résume Mathieu Molimard, membre du conseil d’administration de la SFPT et chef du service de pharmacologie médicale du CHU de Bordeaux.

Laurent Schwarz avoue de lui-même avoir prescrit ce protocole de son invention à ses patients. "Seulement aux condamnés, sans arrêter les traitements", nous précise-t-il. Qu’importent les risques de spasmes, de délires, de comas, d’atteintes du cerveau et des reins, potentiellement mortels. Ces effets secondaires sont rares, mais bien réels : "9 décès, 14 cas avec un pronostic vital engagé et 35 cas avec hospitalisation ou prolongation d’hospitalisation ont été rapportés dans le monde à cause de cette substance", rappelle la note de la SFPT.

Des thèses conspuées

L’oncologue n’en est pas à son coup d’essai. En 2016, déjà, il publiait Cancer : un traitement simple et non toxique, préfacé par Luc Montagnier, prix Nobel discrédité pour ses thèses complotistes. 38 000 exemplaires. Un carton, pour ce genre d’ouvrage. A l’époque, sa thèse ne fait pas réagir. Elle trouve désormais un nouvel écho. "La médecine voit des causes moléculaires, génétiques, au cancer et cherche à les éradiquer. Moi, je pense qu’il s’agit avant tout d’une affaire de fermentation et d’électrons, qu’il faut rééquilibrer", résume-t-il aujourd’hui.

S’il dit "entendre les critiques" à son égard, Laurent Schwartz se voit avant tout comme un explorateur incompris. Il rêverait de mener des essais. L’Institut national du cancer (INCa) l’a reçu, il y a une dizaine d’années, sans donner suite. "Peut-être que les données n’étaient pas aussi satisfaisantes qu’aujourd’hui. Mais je crois surtout que les décideurs ont eu peur de changer de modèle. On arrivait avec une compréhension totalement différente, difficile à admettre. J’ai compris que je gênais", dit-il.

Il n’a depuis pas retenté sa chance. De temps en temps, il contacte les pontes du domaine sur LinkedIn dans l’espoir de les convaincre. Là où l’absence d’éléments lui est systématiquement rétorquée, lui préfère y voir du "dogmatisme", ou le produit du "système pharmaceutique". "Quel industriel serait assez fou pour lancer des molécules qui ne coûtent rien ?", rétorque-t-il, lorsqu’on lui en parle. Ce qu’il dit va à l’encontre des faits : chaque année des dizaines de molécules déjà développées et pas chères à produire sont testées. Et de nombreux changements de paradigmes surviennent en science.

Autant de positions éloignées du consensus scientifique n’ont pas empêché le Sénat de l’inviter, en mars 2024. Il a ainsi pu bénéficier d’une tribune devant les représentants de la deuxième chambre, sans aucun contradictoire. A ses côtés figurait notamment le Pr Marc Henry, convaincu lui des propriétés "quantiques" médicinales de l’eau, en dépit de tout fondement. Depuis notre enquête, l’AP-HP, elle, a discrètement effacé toute mention au docteur Schwartz de son site Internet.




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