Gaza : le Hamas libère trois nouveaux otages, Israël dénonce des "images choquantes"
Le Hamas a libéré ce samedi 8 février trois nouveaux otages israéliens, contre la libération attendue de 183 prisonniers palestiniens. Il s’agit du cinquième échange depuis l’entrée en vigueur d’un accord de cessez-le-feu entre le mouvement islamiste et Israël après 15 mois de guerre dévastatrice à Gaza. Depuis le 19 janvier, 21 otages israéliens ont été libérés. Parmi eux figure le Franco-Israélien Ofer Kalderon, relâché le week-end dernier.
Des doutes, finalement dissipés vendredi soir, ont plané sur la tenue de l’opération ce samedi au vu de l’onde de choc provoquée par la proposition du président américain, Donald Trump, d’une prise de contrôle américaine de Gaza. Après avoir insisté jeudi sur ce projet, le président américain a affirmé vendredi qu’il n’était "absolument pas pressé". Flou sur les détails de sa mise en œuvre, son plan n’en éloigne pas moins la perspective, à terme, d’une solution à deux Etats pour régler le conflit israélo-palestinien, qui dure depuis près de 80 ans.
Les infos à retenir
⇒ Le Hamas a remis trois otages israéliens à la Croix-Rouge
⇒ Benyamin Netanyahou dénonce des "images choquantes" lors de leur libération
⇒ Israël a libéré 183 prisonniers palestiniens
Le Hamas libère trois nouveaux otages, Israël dénonce des images "choquantes"
Après 16 mois de captivité dans la bande de Gaza, trois nouveaux otages ont été remis à la Croix-Rouge ce samedi matin : Or Levy, 34 ans, Eli Sharabi, 52 ans, et l’Israélo-Allemand Ohad Ben Ami, 56 ans.
Transportés dans des pick-up, les trois hommes, très amaigris et les traits tirés, ont été emmenés sur un podium lors d'une cérémonie organisée par des combattants du Hamas, à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, selon des correspondants de l'AFP sur place. Ils ont été contraints de s'exprimer en hébreu devant une foule de badauds, avant d'être remis, comme à chaque échange depuis l'entrée en vigueur le 19 janvier du cessez-le-feu, à la Croix-Rouge internationale qui les a transférés à son tour aux autorités israéliennes. L'armée israélienne a confirmé peu après l'arrivée des trois hommes en Israël.
Looking emaciated, Eli Sharabi ,Or Levy and Ohad Ben Ami paraded on to the stage by Hamas gunmen, with Ben Ami forced to give a brief speech in Hebrew pic.twitter.com/PmTzMAVWjA
— i24NEWS English (@i24NEWS_EN) February 8, 2025
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qui suit le processus depuis les Etats-Unis où il est en visite, a dénoncé des "images choquantes" lors de la libération des otages, "qui ne resteront pas sans réponse". De son côté, le président israélien, Isaac Herzog, a parlé de "crime contre l'humanité" en commentant les images de la libération des trois otages israéliens Voilà ce à quoi ressemble un crime contre l'humanité", a-t-il écrit sur le réseau social X. "Le monde entier doit regarder [ces trois hommes] affamés au visage émacié et souffrant en train d'être exploités pour un spectacle cynique et cruel par de vils assassins".
This is what a crime against humanity looks like!
— יצחק הרצוג Isaac Herzog (@Isaac_Herzog) February 8, 2025
The whole world must look directly at Ohad, Or, and Eli—returning after 491 days of hell, starved, emaciated and pained—being exploited in a cynical and cruel spectacle by vile murderers. We take solace in the fact that they are…
Dans la foulée, le Forum des familles d'otages a appelé dans un communiqué au retour de tous les otages. "Les images choquantes de la libération d'Ohad, d'Eli et d'Or sont une nouvelle preuve qui ne laisse aucune place au doute : il n'y a pas de temps à perdre pour les otages. Nous devons les faire sortir tous, maintenant."
L’épouse d’Eli Sharabi et leurs deux filles adolescentes ont été tuées dans leur maison du kibboutz Beeri dans le sud d’Israël, lors de l’attaque du 7 octobre. Yossi Sharabi, le frère aîné d’Eli Sharabi, pris en otage séparément, est présumé mort. L’épouse de Or Levy, Einav, a elle été tuée lors de l’assaut des commandos du Hamas contre le festival de musique Nova, où le couple était venu faire la fête. Et celle de Ohad Ben Ami, enlevée avec lui au kibboutz Beeri, a été libérée lors de la première trêve d’une semaine à Gaza en novembre 2023.
183 prisonniers palestiniens libérés par Israël
Israël a libéré ce samedi 183 prisonniers palestiniens en échange des trois otages relâchés. Il s’agit de "18 prisonniers condamnés à perpétuité, 54 condamnés à de lourdes peines et 111 arrêtés à Gaza après le 7 octobre", avait précisé vendredi Amani Sarahneh, porte-parole du Club des prisonniers palestiniens, une ONG en charge du dossier.
Un premier bus transportant un groupe de prisonniers palestiniens est arrivé samedi midi dans la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée. Les détenus libérés sont descendus du bus, certains semblant en mauvaise santé, devant une foule en liesse rassemblée depuis le matin dans cette ville du centre du territoire, siège de l'Autorité palestinienne. Israël a confirmé en début d'après-midi avoir libéré l'ensemble des prisonniers. "183 terroristes ont été transférés de plusieurs prisons à travers le pays", ont annoncé les Services pénitentiaires israéliens.
Après l'hospitalisation de sept de ces détenus, le Hamas a dénoncé ce qu'il a qualifié de "meurtre à petit feu". Ces hospitalisations, dont celle de Jamal al-Tawil, un chef politique du Hamas en Cisjordanie, reflètent "les agressions et les mauvais traitements systématiques des autorités pénitentiaires israéliennes contre nos prisonniers, avec un mépris pour leur âge ou les problèmes de santé auxquels ils font face", écrit le Hamas, dénonçant une "politique [de] meurtre à petit feu à l'intérieur des prisons".
La première phase de l’accord, de six semaines, prévoit au total la libération de 1 900 Palestiniens, contre celle de 33 otages israéliens, dont huit au moins sont décédés. .
Berlin fustige le Hamas pour avoir exhibé les trois otages israéliens libérés
La cheffe de la diplomatie allemande a fustigé samedi le Hamas pour avoir exhibé les trois otages israéliens libérés, dont l'Israélo-Allemand Ohad Ben Ami. "Il est (...) insupportable que le Hamas montre encore une fois les trois hommes en public, même au dernier moment, et les force à donner des 'interviews'", a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, tout en se félicitant de leur libération, sur le réseau social Bluesky. "Eli, Or et Ohad - trois nouveaux otages sont aujourd'hui enfin libres. C'est une raison de se réjouir et cela permet d'espérer", a-t-elle dit.
Annalena Baerbock a insisté sur le soulagement de l'épouse de Ohad Ben Ami, l'Israélo-Allemande Raz, qui "14 mois après sa propre libération peut à nouveau serrer son mari dans ses bras". Elle a par ailleurs "remercié les équipes de négociateurs du Qatar, d'Egypte et des USA qui ont aussi accompagné la libération". "Il s'agit maintenant de continuer à travailler en unissant nos forces pour que les prochains accords soient respectés, que tous les otages soient libérés et que la région retrouve enfin la paix", a-t-elle ajouté.
Munitions non explosées : Handicap international craint des milliers de victimes potentielles à Gaza
L'ONG Handicap international craint des milliers de victimes futures à Gaza du fait des dizaines de milliers des munitions non explosées se trouvant dans les ruines du territoire palestinien, a affirmé l'un de ses experts à l'AFP.
En quinze mois de guerre, consécutifs à l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, une quantité "ahurissante" d'explosifs a été déversée sur Gaza, a expliqué Simon Elmont, un expert en déminage d'Handicap international. Sachant que traditionnellement, entre 9 et 13% de ces munitions n'explosent pas, "des dizaines de milliers" de ces bombes, missiles, roquettes... se trouvent encore sur place, prêtes à se déclencher en cas de mauvaise manipulation, a-t-il poursuivi.
Cette "énorme contamination" se trouve "principalement dans les décombres et sous la surface de Gaza", faite de "munitions qui ont touché un bâtiment" ou qui sont entrées profondément dans le sol, sans toutefois exploser. Dans un communiqué, Handicap international a qualifié la "grande quantité de munitions non explosées" de "menace majeure pour la population" de Gaza.
Washington annonce une vente d’armes à Israël pour plus de 7 milliards de dollars
Les Etats-Unis ont annoncé vendredi avoir approuvé la vente de bombes, munitions et missiles d’une valeur totale de 7,4 milliards de dollars à Israël, qui a utilisé des armes américaines dans la guerre dans la bande de Gaza.
Ce contrat d’armement comprend la vente de bombes, de kits de guidage et de fusées pour un montant de 6,75 milliards de dollars, ainsi que de missiles Hellfire pour 660 millions de dollars, selon l’Agence américaine de coopération en matière de défense et de sécurité (DSCA). La vente proposée de bombes "améliore la capacité d’Israël à faire face aux menaces actuelles et futures, renforce sa défense nationale et sert de moyen de dissuasion face aux menaces régionales", indique l’agence dans un communiqué.
L’annonce intervient alors que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, s’est trouvé toute la semaine à Washington où il s’est félicité de ses retrouvailles avec Donald Trump et de son soutien indéfectible à Israël.