Après sa défaite militaire, le Hezbollah joue sa survie politique
De parti dominant à parti dominé. En quelques mois, l'influence du Hezbollah s'est réduite comme peau de chagrin au Moyen-Orient, mais également au Liban.
Alors que le Hezbollah a été contraint d'accepter un cessez-le-feu défavorable le 26 novembre dernier avec l'armée israélienne, l'obligeant à se retirer du sud-Liban jusqu'au nord du fleuve Litani et à remettre le gros de son arsenal à l'armée libanaise, il a de surcroît perdu le 8 décembre le soutien de la Syrie d'Assad. Le territoire syrien est devenu depuis un terrain hostile au mouvement chiite, empêché d'acheminer des armes iraniennes vers ses propres bastions dans la Bekaa libanaise.
La fin d'une ère
Après cette défaite militaire, les innombrables dégâts matériels, l'occupation d'une partie du sud-Liban par l'armée israélienne, le Hezbollah est également en perte de vitesse politique. Le nouveau gouvernement libanais de Nawaf Salam a nommé certains ministres du parti chiite et de ses alliés, mais Beyrouth entend mettre un terme aux laissez-passer dont jouissait le mouvement.
C'est notamment le cas du contrôle de l'aéroport international de Beyrouth. Sous la pression américaine et israélienne, les passagers en provenance d'Irak et d'Iran sont fouillés en raison de leurs potentiels liens avec le Hezbollah. Le 14 février, suite à l'interdiction d'atterrissage d'un vol en provenance de Téhéran, des manifestations et des sit-in ont eu lieu dans la capitale libanaise, entraînant des heurts avec la Finul et l'armée libanaise. C'est d'ailleurs dans ce contexte que la vieille idée de construire un nouvel aéroport à Qleyaat, dans le nord du Liban, a ressurgi. Plusieurs élus libanais ont repris cette idée après les incidents dans la capitale libanaise.
«La précédente équation au Liban a changé (…) La présence de milices armées appartient maintenant du passé», a lancé le leader druze Walid Jumblatt le 15 février, en référence à l'influence déclinante du Hezbollah sur la scène politique et militaire libanaise. L'heure des concessions a sonné pour le parti chiite.