Lionel Bouquet (CGPA) : « Jouer davantage sur les synergies intragroupes »
INTERVIEW – Pour News Assurances Pro, Lionel Bouquet, directeur général de CGPA, fait le point sur sa prise de fonctions et les grands chantiers de la compagnie. Entre volonté de développement et synergies intragroupe, le dirigeant revient également sur la santé de l’entreprise et ses ambitions européennes.
Comment s’est passée votre prise de fonction à la tête de CGPA ?
Je suis arrivé en fin d’année 2024 pour assurer un tuilage avec mon prédécesseur Sylvain Rivet à la tête de la compagnie. J’ai découvert une belle entreprise avec des équipes de petite taille (35 en France et 15 en Europe) mais dotées de beaucoup de qualités, d’expérience et d’une grande motivation à servir nos sociétaires.
Comment se porte aujourd’hui la compagnie et comment s’est passé le dernier exercice ?
La situation financière de CGPA est solide avec une couverture du SCR supérieure à 400%. Notre maison repose sur des fondamentaux de prudence qui nous ont permis avec le temps de constituer d’importantes réserves. Celles-ci sont nécessaires compte tenu du risque que nous couvrons et qui relève davantage de l’intensité (nous parlons ici de sinistres et de procédures à plusieurs millions d’euros) que de la fréquence.
Notre position commerciale est plutôt forte sur notre marché d’origine qu’est la France. Sur les 14 000 intermédiaires que nous couvrons, les agents généraux ont une place prépondérante avec environ 10 000 AGA en portefeuille. Nous couvrons ensuite moins de 3000 courtiers de taille moyenne – soit une part de marché que nous estimons à près de 25% – et enfin quelques autres professions règlementées telle que des IOBSP et des CIF.
Du côté de l’international où nous évoluons depuis une dizaine d’années via notre filiale CGPA Europe, nous avons deux positions fortes en Angleterre et en Italie où nous estimons être leader du marché. En parallèle, nous progressons en Espagne et en Allemagne.
Au final, le groupe CGPA fait état d’un chiffre d’affaires 2024 en croissance à près de 60M d’euros avec un résultat bénéficiaire.
Quelle sera votre feuille de route pour ces prochains mois ?
La feuille de route que nous finalisons actuellement sera simple.
Nous souhaitons d’abord réaffirmer notre volonté de développement, tout en restant concentré sur notre marché de la RC Pro des intermédiaires d’assurance. Cela passe également par une croissance d’activité en France mais aussi en Europe, notamment sur le courtage où nous pouvons encore progresser malgré une concurrence plus rude ces dernières années.
Ensuite, nous avons la volonté de jouer davantage sur les synergies intragroupes avec nos trois entités : CGPA, CGPA Ré et CGPA Europe. Cela passe notamment par un projet d’unification de notre système d’information dans chacune de nos entités avec l’appui de notre partenaire historique Okayo. Cela répond également à des enjeux de fiabilité, de remontée d’informations et d’économie d’échelle au sein du groupe.
Quel est votre regard sur l’évolution du métier d’intermédiaires ? Sont-ils soumis à davantage de risques ? Comment les accompagnez-vous ?
Ce que nous constatons, c’est que lorsqu’un assuré est insatisfait – généralement lors d’un sinistre – la mise en cause de l’intermédiaire est devenu quasi-systématique. J’ajoute que du côté des agents généraux, certaines compagnies se retournent désormais plus facilement contre leur agent et peuvent abandonner la « défense commune » qui pouvait exister entre agents et mandantes il y a encore quelques années.
J’ai également été assez surpris de constater qu’en cas de procédures judiciaires, les recours devant les Cours d’Appel ou les pourvois devant la Cour de Cassation sont fréquents, ce qui entraîne des sinistres ouverts très longs. Parfois plus de 20 ans ! Enfin, sur les raisons entraînant une mise en cause, le défaut de conseil arrive de loin en premier lieu, même s’il existe encore quelques dossiers issus d’erreurs matérielles.
Je rappelle que notre volonté est de protéger de manière forte nos sociétaires, leur entreprise et leur patrimoine, hors dommages aux biens. Pour ce faire, nous mettons à leur disposition un produit RC dont le niveau de garantie minimum est de 6M d’euros, avec la possibilité de souscrire des lignes supplémentaires permettant d’aller jusqu’à 26M d’euros de garanties. Nous ne proposons pas de produits low-cost, mais des polices larges et solides où sont incluent par exemple systématiquement une RC exploitation et une couverture des risques cyber.
Pouvez-vous me repréciser le rôle de CGPA Ré ?
CGPA Ré est une petite structure qui réassure principalement les risques de CGPA et CGPA Europe. Sa position de semi-captive lui confère un rôle de protection du capital. Certes, nous nous appuyons aussi sur un programme de réassurance traditionnel dans lequel CGPA Ré prend une part, mais cette structure interne est simple et efficace.
Quid de la formation / prévention des intermédiaires sur les problématiques de responsabilité ?
C’est un des points fort de notre offre puisque depuis 2018 nous mettons à disposition de nos sociétaires toute une gamme de formations en e-learning (éligibles DDA) dédiée aux risques de mise en jeu de la RC Pro.
Ces formations sont désormais offertes à l’ensemble nos assurés depuis le 1er octobre 2022. Elles rencontrent beaucoup de succès et aujourd’hui un tiers de nos sociétaires utilisent cette offre.
Quelles sont les ambitions de CGPA Europe ?
Nous avons définitivement quitté le marché irlandais en 2024 pour cause de forte sinistralité et de système juridique assez différent de ce que l’on peut trouver ailleurs en Europe. Cela a entraîné une baisse de notre production, amplifiée par le fait que nous arrivons en bas de cycle de souscription en Grande-Bretagne avec des taux qui se sont tassés ces dernières années.
Même si nos activités en Italie, en Espagne et en Allemagne équilibrent la perte de production au UK, elles ne compensent pas notre retrait d’Irlande, premier pays dans lequel nous nous étions implantés. De fait, le chiffre d’affaires de CGPA Europe est en baisse à 20M d’euros fin 2024. Nous anticipons encore une légère baisse de ce dernier en 2025 avant qu’il reparte à la hausse les années suivantes.
Pour autant, nous souhaitons conquérir de nouveaux pays en Europe et nous sommes également ouverts à de la croissance externe, notamment des courtiers ou des MGA spécialisés sur notre métier. Il ne s’agit pas d’un sujet de capacités, mais plutôt d’un sujet de distribution visant à attirer une clientèle supplémentaire.
Lire la suite ici : Lionel Bouquet (CGPA) : « Jouer davantage sur les synergies intragroupes » (source : News Assurances Pro - Media Indépendant des assureurs, mutuelles et institutions de prévoyance)