Ahmed el-Chareh promet de punir ceux qui ont «versé le sang injustement»
Après les massacres qui ont ensanglanté la côte syrienne alaouite ces derniers jours, le nouveau président par intérim entend sévir.
Ahmed el-Chareh a affirmé le 10 mars à Reuters que les massacres de civils alaouites compromettaient sa mission de réunification du pays. Il a juré de punir les coupables, y compris au sein de ses propres rangs si nécessaire. Cette déclaration intervient dans le cadre de sa première interview accordée à une agence de presse internationale, alors que des affrontements violents ont opposé, pendant quatre jours, des groupes armés alaouites aux nouvelles autorités sunnites islamistes, faisant des centaines de morts.
Ahmed el-Chareh pointe la responsabilité des partisans d'Assad
Depuis le palais présidentiel de Damas, ancienne résidence de Bachar el-Assad jusqu’à son renversement par les forces de d'Ahmed el-Chareh le 8 décembre – le poussant à se réfugier à Moscou –, le dirigeant intérimaire a accusé des factions pro-Assad d’avoir déclenché les violences, appuyées par des puissances étrangères. Il a toutefois reconnu que des exactions et des actes de vengeance avaient suivi.
«La Syrie est un État de droit. La loi suivra son cours pour tous», a-t-il déclaré, précisant: «Nous nous sommes battus pour défendre les opprimés, et nous n’accepterons pas que le sang soit versé injustement ou qu’il n’y ait pas de comptes à rendre, même parmi ceux qui nous sont les plus proches».
S’il a attribué l’escalade de violence de ces derniers jours à une ancienne unité militaire restée fidèle au frère de Bachar el-Assad ainsi qu'à une puissance étrangère non identifiée, le nouveau chef de Damas a néanmoins admis qu’en représailles «de nombreuses parties ont pénétré sur la côte syrienne et de nombreuses violations ont été commises». Il a ajouté: «C’est devenu une occasion de se venger de griefs refoulés depuis des années», tout en soulignant que la situation avait depuis été largement contenue.
Ahmed el-Chareh a affirmé que 200 membres des forces de sécurité avaient perdu la vie lors des affrontements, tout en refusant de donner un bilan global des victimes, préférant attendre les conclusions d’une enquête qui sera menée par un comité indépendant, a-t-il annoncé le 9 mars, avant son interview. De son côté, l’Observatoire syrien des droits de l’homme, basé au Royaume-Uni, a rapporté que jusqu’à dimanche soir, 973 civils alaouites avaient été tués dans des attaques de représailles, tandis que plus de 250 combattants alaouites et plus de 230 membres des forces de sécurité auraient péri dans les combats.