Voitures de collection : passion coûteuse ou placement rentable ?
Acheter une voiture de collection pour faire fructifier ses économies. L’idée peut sembler incongrue, surtout au vu des montants atteints par certaines transactions ces dernières années : 135 millions d’euros pour une Mercedes-Benz 300 SLR Uhlenhaut Coupé de 1955, ou encore 51,7 millions de dollars (44,1 millions d’euros) pour une Ferrari GTO de 1962. Et pourtant, ce marché estimé par le cabinet McKinsey à 800 milliards d’euros en 2024 a de quoi attirer bien au-delà des collectionneurs fortunés.
Ainsi, à côté des icônes comme la Mercedes 300 SL "papillon", qui se négocie autour de 1,4 million d’euros, ou la Ferrari 275 GTB, valorisée entre 2,2 et 2,8 millions, le prix moyen d’une voiture de collection est bien plus abordable puisqu’il oscille entre 40 000 et 50 000 euros. Et certains modèles emblématiques comme la Peugeot 205 GTI ou la Renault 5 Turbo s’échangent même autour de 15 000 euros.
Deux stratégies, l’entretien ou la restauration
Deux grandes stratégies d’investissement s’offrent aux passionnés. La première consiste à acquérir un véhicule en bon état, l’entretenir avec soin pendant une dizaine d’années et miser sur une revalorisation pouvant atteindre 10 % par an. La seconde repose sur une remise à neuf d’un modèle emblématique, comme cette Aston Martin DB5 – la légendaire voiture de James Bond – achetée 200 000 euros il y a trois ans, restaurée pour 400 000 euros, et désormais estimée entre 800 000 et 1 million d’euros. "Plus on investit dans un véhicule haut de gamme et mythique, plus le potentiel de plus-value est élevé, explique Thomas Cohen, président du cabinet Cohen, spécialisé dans les placements et l’assurance. Pour espérer un gain substantiel, tout doit être d’origine. Le pedigree du véhicule est fondamental."
Cette approche se révèle toutefois onéreuse car une restauration complète peut facilement doubler l’investissement initial. Quant à l’entretien, il peut se révéler exorbitant : changer un simple joint sur une Ferrari Testarossa peut coûter jusqu’à 15 000 euros. A cela s’ajoutent des exigences de stockage rigoureuses, l’importance d’une assurance adaptée, et la nécessité de faire rouler régulièrement la voiture pour éviter que les pièces ne se détériorent. "Quand on achète une voiture de collection, il ne faut jamais acheter un prix, mais un état, rappelle Pierre Novikoff, directeur adjoint d’Artcurial Motorcars. Il faut vraiment aimer la voiture que l’on choisit, car ce sont des véhicules qu’il faut préserver et continuer à conduire et entretenir régulièrement."
Avant de se lancer, mieux vaut donc examiner quelques critères essentiels : le nombre d’exemplaires produits (plus un modèle est rare, plus son potentiel de valorisation est élevé) mais aussi sa qualité de fabrication. Certaines séries limitées sont parfois le résultat d’une mauvaise conception ou d’un manque de fiabilité.
Acheter une fraction de "supercar"
Face à ces contraintes, d’autres solutions, plus accessibles, existent. La start-up française Collectionneurs, agréée par l’Autorité des marchés financiers (AMF), permet d’investir à partir de 250 euros dans des "supercars" d’exception dont la valeur dépasse 1 à 2 millions d’euros, comme la Ferrari F40. "C’est un marché sur lequel nous sommes assez confiants : l’offre se raréfie tandis que la demande, elle, augmente", indique Sacha Gallo Parouty, fondateur de la plateforme. Pour 2025, Collectionneurs ambitionne la vente de trois à quatre véhicules, avant de monter en puissance les années suivantes.
Inspiré du modèle immobilier, le système repose sur la nue-propriété. Les investisseurs détiennent une fraction d’un véhicule exposé dans un musée pendant cinq à sept ans avant sa revente. La rentabilité nette espérée après frais (environ 4 % annuels) est de 11 % par an, non garantie.
Attention cependant, le marché des voitures de collection est petit, avec un volume de transactions bien inférieur à celui des actifs financiers traditionnels. Il est aussi très cyclique. Ce type de placement doit donc s’envisager dans une logique de diversification, une fois les fondamentaux du patrimoine consolidés.
Autre option : la Bourse. Des groupes prestigieux y sont cotés, comme Ferrari dont l’action a quasiment été multipliée par dix depuis son introduction à Wall Street, il y a dix ans. Certes, on ne possède pas la voiture, mais on s’offre une part de rêve… tout en profitant de la liquidité des marchés financiers.