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Hala Abou Hassira, ambassadrice de Palestine : "Personne n’aura la vraie paix dans notre région sans la fin de l’occupation israélienne"

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Lundi 22 septembre, Hala Abou Hassira ne sera pas à New York. L’ambassade américaine vient de lui annoncer qu’elle lui a retiré son visa, empêchant la diplomate palestinienne, comme toute sa délégation (jusqu’au président Mahmoud Abbas), d’assister à un moment historique : la reconnaissance par la France de l’Etat palestinien, aux côtés d’une dizaine d’autres pays occidentaux.

En poste depuis quatre ans à Paris, Hala Abou Hassira porte le titre d’ambassadrice de la Palestine, mais n’était jusque-là reconnue que comme "chargée de mission" par l’Etat français, en absence d’un Etat reconnu. Le 22 septembre, la représentante palestinienne défendra la cause de son peuple sur tous les plateaux de télévision en France, l’occasion de passer certains messages, notamment sur la situation dans la bande de Gaza. Avant ce grand moment diplomatique, elle a accordé un entretien à L’Express.

L’Express : Ce lundi, la France va reconnaître officiellement l’Etat de Palestine, aux côtés d’une dizaine de pays occidentaux. Considérez-vous ce moment comme une victoire majeure pour le peuple palestinien ?

Hala Abou Hassira : La vraie victoire pour le peuple palestinien serait la fin de l’occupation, la fin de l’apartheid et la fin de la colonisation. Mais il s’agit d’un pas très important, historique, qui va dans le bon sens. Dans le bon sens pour permettre au peuple palestinien d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination, dans un Etat indépendant et souverain dans les frontières de 1967, avec Jerusalem-Est comme capitale. Cette reconnaissance va renforcer le caractère juridique de l’Etat de Palestine qui est aujourd’hui un Etat observateur non-membre aux Nations unies, ce qui ouvre la porte pour concrétiser son adhésion à part entière comme Etat membre.

C’est aussi un message très important alors qu’Israël mène et perpètre son génocide dans la bande de Gaza contre le peuple palestinien mais aussi sa colonisation qui s’étend avec une intensité sans précédent, ce qui rend très difficile la concrétisation de la solution à deux Etats. Cette reconnaissance intervient dans un moment extrêmement sombre pour le peuple palestinien, avec une arrogance et un aveuglement total de la part de l’État d’Israël qui rejette totalement la solution à deux États, qui rejette la création d’un État palestinien, qui s’oppose à toute perspective de paix, qui refuse la main tendue par les Palestiniens mais aussi par l’ensemble de la communauté internationale.

Vous parlez de génocide en cours dans la bande de Gaza, comment faire pour cohabiter avec un voisin que l’on estime coupable de génocide contre son propre peuple ?

Nous avons fait le choix de la paix comme choix stratégique. Le peuple palestinien a fait la plus grande concession de son histoire en acceptant, le 15 novembre 1988, la solution à deux États : nous avons accepté d’établir notre État sur 22 % de la Palestine historique. Nous l’avons fait avec un seul objectif : pouvoir vivre en paix avec les Israéliens. Aujourd’hui, c’est au peuple israélien de faire son choix et de mettre une vraie pression sur ses dirigeants politiques pour aller dans ce sens.

Le génocide en cours doit être puni par les instances internationales. Les criminels de guerre israéliens doivent être mis en responsabilité par les instances internationales. Le génocide en cours doit être arrêté par une volonté internationale, car je rappelle que les États ont l’obligation d’empêcher l’occurrence du crime de génocide mais ils sont aussi obligés de punir ce crime et ses auteurs. Notre choix est de faire la paix et non la guerre. Notre choix est de vivre ensemble et non de détruire l’autre. Notre choix est de vivre libre et indépendant chez nous. Mais à égalité, dans notre Etat, comme le peuple israélien vit dans son Etat, l’Etat d’Israël.

Le président Emmanuel Macron se place à la tête de ce mouvement de reconnaissances, son annonce pour la France ayant précédé celles du Royaume-Uni ou de l’Australie. Que pensez-vous du rôle que joue actuellement la diplomatie française dans le conflit israélo-palestinien ?

La France se trouve aujourd’hui à sa place historique et naturelle, celle de diriger toute action internationale en faveur de la paix. Le président Macron dirige cette dynamique et a le courage de prendre la bonne décision, qui est de reconnaître l’Etat de Palestine, de reconnaître le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination. La France membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, la France leader européen, la France qui a aussi une légitimité historique et une proximité historique avec notre région, c’est la France que nous connaissons. C’est la France de de Gaulle, c’est la France de Giscard, c’est la France de Mitterrand, c’est la France de Chirac que nous voyons aujourd’hui à l’action en train de diriger le monde entier, avec l’Arabie saoudite, pour dire qu’on ne peut pas saper la solution à deux États, car c’est la seule solution qui garantirait la sécurité et la stabilité dans notre région.

Personne n’aura la vraie paix dans notre région sans la fin de l’occupation israélienne, la fin de la colonisation israélienne et la fin du régime d’apartheid, comme jugé par la Cour de justice internationale. Nous saluons cette position française, nous saluons le courage du président Macron qui envoie aujourd’hui un message de paix au monde entier, mais surtout aux Israéliens. Nous espérons que les Israéliens vont répondre à cette main tendue vers la paix et vont s’engager pour créer les fondements d’une vraie paix basée sur la justice.

Le président Mahmoud Abbas s’est engagé à plusieurs réformes en échange de cette vague de reconnaissances. Une des promesses est que l’État palestinien soit démilitarisé, alors qu’une armée constitue une composante fondamentale d’un État. Est-ce que ça peut suffire à rassurer les Israéliens, traumatisés par les attaques du 7-Octobre ?

L’Etat de Palestine est engagé dans un processus de réforme depuis 30 ans. Nous avons fait des efforts extraordinaires pour créer des institutions étatiques, pour créer une administration efficace, fonctionnelle et moderne malgré le fait — et je mets vraiment une ligne rouge là-dessus — que nous sommes sous occupation militaire israélienne. Israël fait tout pour freiner ce processus étatique de la part de l’État de Palestine par la colonisation, qui défragmente le territoire, par l’asphyxie de l’économie palestinienne et par la retenue de la recette fiscale et douanière de l’Autorité palestinienne.

Nous cherchons la paix, mais aujourd’hui c’est aussi à l’occupant, à Israël, de nous rassurer, de nous donner des garanties de sécurité : par la fin de son occupation d’abord, puis par des garanties que cette occupation ne se reproduira pas. Israël est en train d’exterminer le peuple palestinien devant nos yeux à Gaza : ce jour, le gouvernement israélien a déclaré qu’il allait encore intensifier ses attaques contre la bande de Gaza. Il a demandé à l’ensemble de la population de se déplacer pour la vingtième fois. C’est Israël qui doit nous donner des garanties de sécurité.

La priorité et l’urgence pour nous consistent à imposer un cessez-le-feu, à imposer l’entrée massive de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, le retrait total des forces de l’armée israélienne, ce qui nous permettrait de secourir la population, puis de reconstruire la bande de Gaza.

Le projet de réforme prévoit aussi que les partis qui appellent à la violence, à la haine, ne seront plus autorisés à participer aux élections. Est-il possible d’envisager un État palestinien sans implication politique du Hamas, qui avait gagné les élections dans la bande de Gaza en 2006 ?

La réforme que nous venons d’adopter modifie la loi des élections : tout parti, ou personne ou collectif, qui voudrait participer aux élections palestiniennes législatives comme présidentielles, doit se conformer et accepter la charte de l’OLP, qui est le seul et légitime représentant du peuple palestinien, accepter les conventions internationales que nous avons signées avec les différents partenaires et respecter le droit international ainsi que la loi palestinienne.

Est-ce que ça signifie que le Hamas ne sera pas inclus dans ces élections ?

Ça signifie que ceux qui respectent cette loi des élections peuvent participer à ces élections, et que ceux qui ne respectent pas cette loi ne pourront pas participer.

Le président français Emmanuel Macron (d) et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le 24 octobre 2023 à Ramallah

Dans les sondages, l’Autorité palestinienne apparaît impopulaire chez les Palestiniens. Comment comptez-vous redonner confiance dans la politique ?

D’abord, il faut renforcer l’Autorité palestinienne, lui donner la possibilité d’offrir un rendu politique. Quand l’occupation prendra fin, quand la colonisation sera démantelée, quand l’apartheid sera du passé, quand le génocide sera fini, l’Etat de Palestine pourra prendre en charge totale et en souveraineté totale sa mission principale, qui est de fournir des services aux citoyens palestiniens, d’aller encore plus loin dans la modernisation de son administration et dans son plan de réforme.

Quand Israël freinera aussi ses interventions dans l’affaiblissement du gouvernement palestinien, quand Israël arrêtera de retenir des taxes et des impôts, quand nous aurons une souveraineté entière sur nos ressources, qui sont volées et expropriées par Israël, l’Etat de Palestine sera renforcé et capable d’assumer sa mission principale.

Craignez-vous la réaction du gouvernement israélien, dont certains ministres menacent d’annexer une partie de la Cisjordanie en réponse à la reconnaissance française ?

Je rappelle que l’annexion est un projet de l’Etat d’Israël depuis des décennies. Ce n’est pas nouveau. Israël utilise les reconnaissances comme un prétexte pour aller encore plus loin, pour annexer la Cisjordanie. Je rappelle que depuis 2017, [Bezalel] Smotrich, le ministre israélien, propose son projet d’annexer la Cisjordanie. Israël de facto annexe aujourd’hui 60 % de la Cisjordanie. Au lieu de soutenir cet effort pour aider les Israéliens qui souhaitent la paix et le vivre ensemble, Israël est en train de tourner le dos à l’ensemble de la communauté internationale et de s’isoler davantage.

Depuis le 7-Octobre, le gouvernement israélien donne l’impression d’une fuite en avant. Quel espoir avez-vous qu’il existe, un jour, un gouvernement israélien qui relance un processus de paix ? Comptez-vous sur les prochaines élections ?

Nous regrettons cette radicalisation totale au sein de la société israélienne malgré la présence de quelques voix qui croient toujours en la paix entre les deux peuples, qui ne sont pas majoritaires malheureusement. Mais le problème réside dans la construction institutionnelle de l’État d’Israël. Le problème n’est pas [Benyamin] Netanyahou, c’est l’Etat qui impose un régime d’apartheid depuis 1948, c’est l’État et tout son appareil judiciaire et sécuritaire qui participe à la politique de nettoyage ethnique du peuple palestinien.

Nous espérons que, grâce à la vraie pression et au vrai réveil de la société israélienne, elle comprendra que continuer dans ce chemin n’amènera que de la destruction pour tous, non seulement pour nous mais aussi pour la société israélienne. L’alternative serait catastrophique, et pour nous et pour les Israéliens. L’alternative serait un seul Etat d’apartheid, où deux peuples vivent mais sans égalité des droits, où un peuple supprime un autre peuple.

Mais cette société israélienne est encore traumatisée par les attaques du 7 octobre du Hamas. Comprenez-vous ce traumatisme ?

La radicalisation de la société israélienne a eu lieu depuis plus de 20 ans, elle n’est pas récente et elle ne fait pas suite au 7-Octobre. Tout le monde est traumatisé, le peuple palestinien est aussi traumatisé par 78 ans de Nakba [NDLR : l’exil forcé de 750 000 Palestiniens à la création de l’Etat d’Israël], de nettoyage ethnique, d’une politique de déracinement. Tout ce qui s’est passé ces dernières années doit s’arrêter, nous devons œuvrer pour la vraie paix, pour éviter que nos deux peuples se trouvent dans un traumatisme constant. Il faut me poser la question sur ce qu’il se passe aussi à Gaza : deux ans d’un génocide, je crois que c’est plus qu’un traumatisme. Il y a une vraie extermination, seuls les fondements de la paix et s’aimer peuvent en sortir nos deux peuples.

Sur le 7-Octobre, je dis clairement que tout crime qui a eu lieu doit être jugé par les instances internationales. On ne peut pas prendre la loi entre nos mains et chacun décider d’infliger une punition collective contre une population civile. Je rappelle que le peuple palestinien se trouve à ce jour sous occupation militaire israélienne et la seule sortie de l’enfer que nous vivons c’est la paix, mais une paix basée sur l’égalité des droits pour tous.

Les Français sont très divisés sur le conflit israélo-palestinien et sur la reconnaissance de l’Etat palestinien. Pensez-vous qu’il est possible de réconcilier les Français sur cette question ?

Je ne crois pas que le peuple français soit divisé sur le fait que la France va prendre une décision conforme au droit international, conforme à la déclaration universelle des droits de l’Homme, conforme au fait que tous les peuples sur Terre ont le droit inaliénable à l’autodétermination. La majorité du peuple français est favorable à la reconnaissance par la France de l’Etat de Palestine. Là, je souligne le rôle des médias de masse en France, qui divisent et essayent de donner l’impression que le peuple français est divisé sur cette question. Le peuple français a toujours été pour l’égalité comme pour les droits de tous, et il n’y a pas d’exception pour le peuple palestinien.




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