La question des objets dans les arts visuels, de la Renaissance à nos jours (Lausanne)
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La place des objets dans les arts visuels est paradoxale. L'échelle de la nature (scala naturae) théorisée par Aristote avant d'être revue et corrigée par la philosophe scolastique et néoplatonicienne, a placé le genre humain au-dessus du règne végétal et animal (âmes végétatives, sensitives et intellectives). Les objets en sont exclus parce qu'ils ne sont pas censés appartenir au monde du vivant. Prise en charge par les théories et les pratiques artistiques depuis l'Antiquité, cette échelle explique le mépris ou la suspicion vis-à-vis des objets dans les représentations, lesquels ne seraient acceptables qu'en tant que parerga ou ornements. La théorie de l'art, depuis Alberti, ne fait que reconduire ce mépris hiérarchique et considère que la nature morte est inférieure. Une telle position théorique envers les objets se heurte toutefois à un double écueil: l'omniprésence des objets dans les arts, dont le statut décoratif - au sens fort du terme - les rend en réalité indispensables à toute représentation; et leur utilité dans des représentations où, le plus souvent, ils jouent un rôle essentiel dans les différentes fins propres aux images (symbolisations, expressions, narrations, etc.). Dans le sillage des études récentes consacrées à la place des objets dans les cultures visuelles occidentales, à la reconfiguration des interactions entre sujet et objet (thing theory, histoire matérielle, agency, etc.), et à la question du «détail» (Arasse), cette journée d'étude propose de réévaluer la place des objets, leurs usages et leurs sens dans les arts visuels, ceci dans une perspective critique et interdisciplinaire.
Programme
9 h Accueil
9 h 15 Jan Blanc (Université de Genève) & Philippe Kaenel (Université de Lausanne)
Introduction
9 h 30 Ralph Dekoninck (Université catholique de Louvain)
Objets contre images — retour sur ce que l’iconoclasme du XVIe siècle est
fondamentalement : la destruction d’un système des objets sacrés
10 h 15 Pause
10 h 30 Sophie-Valentine Borloz, Marta Caraion & Joséphine Vodoz
(Université de Lausanne)
« Littérature et culture matérielle, XIXe-XXIe siècles » : un projet FNS en cours
11 h 15 Discussion
12 h Déjeuner
14 h Kalinka Janowski (Université de Fribourg)
L’imaginaire de l’outil : pour une rhétorique de l’exploitation
14 h 30 Noé Maggetti (Université de Lausanne)
Mises en scène d’objets techniques à la Belle Époque : littérature, presse,cinéma
15 h Discussion
15 h 30 Pause
16 h Federica Vermot (Université de Lausanne)
« Quel duvet soyeux et fin ! » : gloire et déboires de la couverture (et
autres accessoires) des Derniers jours de Napoléon Ier de Vincenzo Vela
16 h 30 Baptiste Werly (Université de Genève)
Pourquoi les « barils » ont-ils tant de succès dans les jeux vidéo ?
17 h Discussion
17 h 30 Discussion générale et conclusion de la journée d’études