Dada Data : Comment documenter la production surréaliste ? (Séminaire commun Thalim & Association Atelier André Breton, Paris)
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DADA DATA
Comment documenter la production surréaliste ?
Séminaire méthodologique commun Thalim & Association Atelier André Breton
L’unité mixte de recherche THALIM contribue à écrire, à partir des arts et des littératures, une histoire plurielle et transnationale de la modernité, en particulier dans les domaines des avant‐gardes, des études postcoloniales et de genre, des humanités numériques. L'association Atelier André Breton a pour objet de promouvoir l'œuvre d'André Breton et en particulier de constituer une banque de données, sur tous supports, aux fins de permettre l'accès au plus grand nombre et notamment aux universitaires et aux chercheurs du fonds constitué par André Breton. Ces deux structures ont eu envie de partager leur expérience sur la documentation et l’édition du surréalisme à travers un séminaire méthodologique commun.
Mouvement international, politique, artistique, littéraire ‐ multimédia avant l’heure ‐, collectif, le surréalisme a été exprimé par le biais de revues, de tracts et de publications collectives. De nombreux auteurs, artistes ou passants ont participé aux manifestations publiques du mouvement (expositions, meetings, publications, etc.). Des groupes se sont constitués à travers le monde, chacun avec un mode d’organisation qui lui était propre. Autant de traits distinctifs qui déterminent le surréalisme, qui conditionnent même la méthode d’archivage et d’édition des traces que le surréalisme a laissées.
Comment alors documenter la production du mouvement surréaliste ? Quelle place accorder aux tracts, aux déclarations collectives, aux revues, aux jeux, aux objets, aux bouts de papiers, aux dessins ? Ce furent des outils essentiels pour la fabrication et la diffusion des idées et des créations surréalistes mais leur documentation et leur édition posent des problèmes spécifiques.
Ce séminaire méthodologique proposera l’utilisation de ressources documentaires traditionnelles et numériques afin de documenter et d’éditer le surréalisme. Interdisciplinaire, ce séminaire méthodologique fera dialoguer les chercheurs, les conservateurs et les ingénieurs à partir de cas concrets. Il visera au partage des méthodes et des métadonnées pour appréhender au plus près une production surréaliste.
Chaque séance sera organisée autour d’un type d’objet (livre, manuscrit, tableau, périodique…). Un cas d’étude sera proposé au début de la séance, avec présentation du corpus, du contexte, les difficultés rencontrées et les solutions envisagées ou mises en place. Ensuite une discussion générale autour du type de document abordé devra permettre d’aboutir à une conclusion collective pour la réalisation d’un vademecum « comment documenter la production surréaliste à l'heure des humanités numériques », qui tiendra compte des publics susceptibles de s’intéresser à ce type d’édition numérique (chercheur, enseignant, étudiant, lycéen, amateur, curieux) et de l’usage que ceux‐ci pourront faire des archives.
Le cas d’usage sera présenté par un(e) intervenant(e) et la discussion par un(e) des organisateurs/trices du séminaire. La première séance sera consacrée à la présentation du site André Breton et aux problématiques qui seront abordées au fil de ce séminaire. La dernière séance proposera une synthèse des différentes découvertes et acquis abordés lors des séances de l’année.
Les séances auront lieu un des premiers jeudis ouvrés de chaque mois à la Maison de la recherche de la
Sorbonne nouvelle, rue des Irlandais, de 17h à 19h :
5 octobre, 16 novembre, 7 décembre 2023, 11 janvier, 8 février, 7 mars, 4 avril, 16 mai, 6 juin 2024
Le programme des séances sera diffusé au fur et à mesure. Le séminaire méthodologique sera tenu en présentiel, un accès en visioconférence sera proposé uniquement pour écouter les débats.
Lors de ces séances, différents gestes documentaires pourront être interrogés :
• Comment qualifier une production ou un participant de surréaliste ? Comment désambiguïser ou réduire le degré d'interprétation par l'éditeur ?
• Où trouver les renseignements éditoriaux ou biographiques ? Jusqu’où aller ?
• Déterminer pour chaque créateur le statut des œuvres hors appartenance à un groupe surréaliste ?
• Prendre en compte le contexte national, culturel, linguistique pour chaque production surréaliste ?
• Comment présenter une œuvre collective surréaliste ? Tracts, papillons, cadavres exquis, etc. Pour les revues et les expositions, même s’il y a un directeur de publication ou un organisateur d’exposition, sontelles des œuvres collectives ?
À partir de ces problématiques de documentation et de qualification (c’est surréaliste ou pas), il se posera la question de l’édition :
• Que faut‐il éditer du surréalisme ? Que reste‐t‐il à éditer ?
• Comment annoter un texte surréaliste, en particulier les déclarations collectives ? Y a‐t‐il une spécificité « surréaliste » ?
• Comment relier des textes ou des corpus édités de différentes façons dans des lieux différents ?
Les Humanités numériques pourraient venir en aide pour les réponses à ces différentes questions. Que peuvent apporter les Humanités numériques à la documentation, l’édition, la compréhension du surréalisme ? Il serait nécessaire d’avoir une approche critique de ces nouveaux outils et pratiques numériques. Là aussi des questions se poseront par rapport à l'histoire du surréalisme et au corpus des productions surréalistes :
• En quoi internet et les humanités numériques modifient la perception voire la postérité du surréalisme ?
• Constate‐t‐on la mise à disposition de corpus d’auteurs méconnus ou actuels alors que les principales figures du surréalisme ont leurs œuvres « sous droits » et hors internet ? Quelle perception du surréalisme si on ne s’en tient au réseau internet ?
• Grâce/À cause d’internet, caisse de résonnance mondiale, le surréalisme ne devient‐il pas plus connu comme un mouvement international que comme d’abord francophone ?
• Les relations entre texte, œuvre, revue, tract peuvent se faire plus facilement par liens hypertextes. Mais peut‐on relier des objets qui ont été édités de façon différente ?
• Comment conserver et annoter les controverses sur l’identification ou l’interprétation d’un contenu, d’un nom ? Quelle place consacrer à l’annotation collaborative (crowdsourcing) ?
• Peut‐il y avoir un standard de description/de métadonnées spécifiques à la production d’une avant‐garde, en particulier le surréalisme ?
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Organisation :
Constance Krebs, Antoine Poisson et Richard Walter