Villepin met en garde contre une "dérive autoritaire et sécuritaire"
L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a mis en garde mercredi contre "la tentation" d'une "dérive autoritaire et sécuritaire", appelant à limiter l'état d'urgence dans le temps.
"Notre pays est dans l?épreuve, il est normal sue les autorités aient choisi de prendre toutes les mesures qui permettaient d'assurer la protection des Français. Ma conviction, c'est qu?en dehors des crises ouvertes comme celle que nous avons connue, nous devons être extrêmement vigilants sur la défense de l?état de droit et de la démocratie", a déclaré M. de Villepin sur BFMTV et RMC.
Selon lui, un des "pièges que nous tendent les terroristes", "c?est la dérive autoritaire et sécuritaire".
Sommes-nous entrés dans une telle dérive ? "Il y a la tentation", a estimé l'ancien Premier ministre. "Je crois qu?il y a un risque de dérive possible (?). Il faut être très vigilant. C?est notre force, l'état de droit. Donc je pense qu?il faut essayer au maximum de limiter dans le temps toute mesure exceptionnelle".
"L?état d?urgence doit se limiter à la période qui véritablement correspond à celle de l?urgence. Se priver de l?appui du judiciaire dans cette période, c?est fragiliser considérablement les procédures administratives qui sont engagées et c?est empêcher le retour du pays à une forme de mobilisation normale et naturelle", a-t-il développé.
Un autre "piège", selon M. de Villepin, "c?est celui de l'interventionnisme militaire". "Plus nous ferons la guerre dans ces régions, plus nous mettons le doigt dans un engrenage sans fin qui conduira à davantage de catastrophes là-bas, et davantage de catastrophes ici".
L'ancien Premier ministre a jugé que "l?idée d?une coalition militaire mondiale est absurde", prônant en revanche "une coalition diplomatique et politique internationale".
"Nous menons depuis plusieurs années une politique militariste, occidentaliste et moraliste, qui nous a mis au premier rang des cibles. il faut donc revoir notre politique de renseignement, il faut revoir notre diplomatie, pour la ramener au rôle historique qui est celui de la France, un rôle de médiation, un rôle d'initiative, un rôle de paix", a plaidé M. de Villepin.
Il a enfin mentionné "un 3e piège que nous tend Daech, c?est que Daech joue sur l?implosion de l'Europe".