Universités: l'impardonnable abandon
Assommées par un budget chaque année à la baisse, les universités françaises se débattent avec des difficultés financières insurmontables. Preuve supplémentaire du mépris dont l'Etat les couvre, celles qui géraient le mieux auraient dû se voir ponctionnées leurs fonds propres à hauteur de 100 millions d'euros, au profit de celles qui n'avaient toujours pas fait le pas d'une gestion responsable. Le gouvernement a fini par reculer mais que reste-t-il de l'autonomie des universités sans les moyens de l'exercer ?
L'autonomie des universités, telle que je l'avais voulue, c'était la possibilité pour elles d'être ambitieuses pour leur recherche, ambitieuses pour leurs étudiants aussi. La plupart des universités ont voulu saisir cette chance, ont produit un effort exceptionnel de gestion, se sont engagées dans des projets pédagogiques et scientifiques innovants. Avec quel soutien ? Celui des investissements d'avenir, pourtant si critiqués lorsque le gouvernement de François Fillon les a mis à la disposition de l'excellence française.
Alors que le nombre d'étudiants a augmenté de 80 000 entre 2013 et 2015, l'Etat, lui, renonce à soutenir la formation et la science dans notre pays. L'Agence nationale pour la recherche a connu une baisse de 20% de son budget. Elle est devenue incapable de financer de manière suffisante les équipes de recherche, au moment même où les organismes de recherche sont eux aussi durement soumis à la contrainte budgétaire. Cet abandon de notre système d'enseignement supérieur et de recherche est l'une des fautes les plus graves des deux gouvernements socialistes qui se sont succédés.
Car c'est à l'université que tout se joue, non seulement l'avenir des jeunes Français mais aussi celui du pays tout entier. Compétitivité, inventivité, création, qualification, excellence sont les clés de l'avenir. Le gouvernement les a confisquées. Et pendant ce temps là les jeunes restent à la porte ; continuent d'échouer en premier cycle dans des amphithéâtres surpeuplés ; peinent à trouver des stages qualifiants ; quittent la France dès leur diplôme en poche. Qu'avons-nous à construire dans un pays qui voit sans ciller les plus talentueux de ses jeunes choisir de vivre à Londres plutôt qu'à Paris, à Montréal plutôt qu'à Marseille ?
Demain, les universités auront besoin de renouer un contrat de confiance avec l'Etat. Mais dès aujourd'hui, elles doivent pouvoir compter sur les grandes régions comme partenaires de premier plan. C'est mon engagement pour l'Ile-de-France, une région qui rassemble 17 universités, près de 350 établissements d'enseignement supérieur, plus du quart des étudiants et 40% des chercheurs de notre pays.
Si je suis élue, je parerai d'abord à l'urgence en répondant à l'appel des présidents des universités franciliennes qui réclament le soutien des pouvoirs publics pour financer des clôtures et des équipements pour assurer la sécurité de leurs établissements suite aux attentats du 13 novembre.
La région deviendra ensuite un véritable partenaire des universités et de la recherche. Je doublerai l'effort financier régional pour la recherche en mobilisant davantage les fonds européens grâce à une cellule dédiée au sein du conseil régional qui aidera les chercheurs à obtenir des crédits du programme Horizon 20-20.
Je financerai des chaires d'excellence pour attirer les meilleurs chercheurs du monde entier et des contrats "Retour post-doc" pour faire revenir nos jeunes chercheurs partis à l'étranger. 25.000 nouveaux logements étudiants seront construits d'ici 2021 et la Région soutiendra - enfin ! - l'Opération Campus pour faire de nos universités des pôles de premier rang mondial.
Pour que personne ne puisse être privé d'études supérieures faute de moyens, je rétablirai les bourses au mérite pour les bacheliers mention Très Bien dont la gauche a divisé le montant par deux. Je financerai également des bourses destinées aux Franciliens qui ont commencé leur vie professionnelle sans avoir le bac pour qu'ils puissent passer le diplôme d'accès aux études universitaires (DAEU). Je développerai enfin l'apprentissage à l'université qui permet de financer des études.
Pour faire de l'Île-de-France la première région de l'innovation, nous devons développer les synergies entre le monde académique et le monde de l'entreprise. Je créerai un site de mise en relation entre chercheurs publics d'un côté et investisseurs et entrepreneurs de l'autre pour favoriser l'essaimage. En lien avec la Banque publique d'investissement (BPI), je développerai les prêts aux start-up et créerai une plateforme internet qui leur sera destinée, pour mutualiser les services aux entreprises. Je soutiendrai enfin la création de clusters a visibilité mondiale : sur les industries de la création en Seine-Saint-Denis ; sur les sciences de l'ingénieur, les systèmes, les nanotechnologies, le climat et les nouvelles énergies sur le plateau de Saclay ; sur les biotechnologies en vallée de la Bièvre, autour du Cancer campus à Villejuif et du Genopôle d'Evry ; sur l'aéronautique au Bourget et sur le véhicule du futur en vallée de seine ; sur le digital à Paris, sur la finance et les services dans la capitale et à La Défense, ainsi que sur la ville du futur et le tourisme à Marne-la-Vallée.
Je souhaite enfin que les universités franciliennes soient aussi attractives et rayonnantes que leurs concurrentes internationales. Pour cela, je soutiendrai l'université numérique sous toutes ses formes (MOOC, réseaux, création d'applications innovantes pour la vie étudiante, etc.), et j'y ferai davantage entrer la culture en finançant des contrats de professeurs associés pour de grands artistes.
La région Ile-de-France a besoin d'une présidente qui fasse le choix de l'excellence et qui y mette les moyens : c'est une exigence aujourd'hui plus que jamais !
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