L’expression «Mère nature» sera certainement utilisée de nombreuses fois durant cette 21e édition de la COP21. Pourtant, elle renforce les préjugés sexistes, explique Sarah Milner-Barry, étudiante en affaires internationales et environnement à la Milano School,
dans le magazine Quartz. Car à la combinaison nature-femmes correspond une autre combinaison, qui lui est opposée: culture-hommes. Associer les femmes et la nature dans l’expression «mère nature» renforce donc l’idée implicite que la culture serait réservée aux hommes, expliquait déjà en 1974 Sherry Ortner, anthropologue américaine, dans son ouvrage
Is Female to Male as Nature is to Culture.
Faisons taire en nous toutes nos habitudes de langage, et penchons nous un peu sur les mots eux-mêmes. Des contradicteurs pourraient répondre que si l’on utilise l’expression «mère nature», c’est parce que le mot «nature» est féminin. Mais la nature est «mère» dans la plupart des langues, y compris dans les langues qui n’ont ni féminin ni masculin. En anglais, par exemple, elle est aussi «mother nature».
De mère nourricière à objet d'exploitation
La plupart des langues occidentales en parlent d’ailleurs au féminin. En allemand, c’est aussi «die» Natur, en italien, «madre natura», en espagnol, «madre Naturaleza». Dans les langues anciennes, déjà, on lui donnait ce genre: natura en latin (le a indiquant le féminin), ἡ φύσις, ou «é phusis», en grec ...