Afghanistan: le chef des talibans blessé dans un échange de tirs
Le chef des talibans afghans, le mollah Akhtar Mansour, successeur du mollah Omar, a été blessé dans un échange de tirs, ont indiqué mercredi des sources gouvernementales et talibanes, certaines évoquant un différend lors d'une réunion de la rébellion islamiste.
Les circonstances exactes de l'incident et l'état de santé du mollah Mansour, dont la nomination express à la tête des rebelles talibans cet été avait été contestée, restaient difficiles à établir en raison d'informations divergentes.
"Mansour a été grièvement blessé", a déclaré à l'AFP Sultan Faizi, porte-parole du premier vice-président afghan Abdul Rashid Dostum, ajoutant "on ne sait pas s'il va survivre à ses blessures".
Un autre responsable gouvernemental afghan et plusieurs sources internes à la rébellion ont également affirmé à l'AFP que le chef des talibans avait été blessé, sans préciser la gravité de ses blessures.
Interrogé par l'AFP, le porte-parole officiel des talibans, Zabihullah Mujahid, a en revanche nié qu'Akhtar Mansour ait été blessé.
Le mollah Mansour a officiellement succédé l'été dernier au chef historique des talibans, le mollah Omar, dont il était le numéro deux, juste après l'annonce à rebours de la mort de ce dernier.
Mais sa nomination, précipitée selon certains, a aussitôt été contestée par plusieurs factions de la rébellion, notamment la famille du mollah Omar mais aussi plusieurs chefs militaires.
Début novembre, une faction dissidente s'était constituée formellement, en se choisissant un chef, le mollah Mohammed Rassoul, qui avait nié toute légitimité à son rival, fragilisant l'éventuelle reprise de pourparlers de paix.
Selon une source talibane proche des partisans de Mansour, quatre personnes ont été tuées dans l'échange de tirs mercredi, et plusieurs autres blessées.
"Akhtar Mansour fait partie des blessés, mais on ne sait pas la gravité", a-t-il ajouté, un récit confirmé par une autre source rebelle.
Les sources divergeaient aussi sur le lieu de l'affrontement, certaines évoquant Kandahar, principale ville du sud afghan et berceau des talibans, d'autres Quetta, un refuge historique des talibans au Pakistan.
- Processus de paix -
Mais ces sources s'accordaient sur le fait que la fusillade aurait eu lieu au domicile d'Abdullah Sarhadi, un commandant proche de Mansour et ancien détenu de Guantanamo.
Lors de cette réunion, "des divergences sont apparues, le ton est monté, Sarhadi a ouvert le feu et les autres ont répliqué", a déclaré une de ces sources.
Chassés du pouvoir à la fin 2001 par une intervention militaire menée par les Etats-Unis, les fondamentalistes talibans mènent depuis une tenace rébellion contre le gouvernement afghan et ses alliés de l'Otan.
Ces divisions émergent au moment où des efforts sont en cours pour tenter de relancer un dialogue entre Kaboul et les talibans, avec l'aide d'Islamabad.
La première session de pourparlers, organisée en juillet au Pakistan, avait rapidement tourné court lorsque les talibans avaient confirmé le décès de leur leader intervenu deux ans plus tôt.
Depuis, les talibans ont nommé un homme favorable au dialogue de paix avec le gouvernement afghan à la tête de leur bureau politique, une institution créé en 2013 au Qatar pour faciliter ce dialogue.
Et lundi, le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif et le président afghan Ashraf Ghani ont évoqué ensemble la relance de ces pourparlers lors d'une rencontre à Paris.
Soulignant qu'il n'y avait plus un mouvement taliban, mais "des groupes talibans" depuis la mort du mollah Omar, le président Ghani a déclaré "nous engagerons un dialogue avec certains d'entre eux".
Très actifs dans leurs bastions traditionnels du sud et de l'est afghans, le long de la frontière pakistanaise, les talibans ont étendu leur emprise ces derniers mois en dépit des divisions, se montrant de plus en plus actifs dans le nord.
Fin septembre ils avaient frappé un grand coup symbolique en parvenant à entrer dans Kunduz, verrou stratégique sur la route du Tadjikistan, et à tenir la ville pendant trois jours, une première pour des insurgés qui contrôlent surtout des zones rurales.