Kerry demande au Kosovo de faire plus pour empêcher le recrutement de jihadistes
Le secrétaire d?État américain John Kerry a demandé mercredi au Kosovo de faire plus pour empêcher le recrutement de candidats au jihad, à l'issue d'entretiens avec les responsables kosovars, lors d'une brève visite dans cette ancienne province serbe indépendante depuis 2008.
Washington et Pristina ont "travaillé ensemble pour lutter contre la menace que représente l'extrémisme, le financement des terroristes et les combattants qui retournent du Syrie", a déclaré le secrétaire d'État, le plus haut responsable américain à se rendre au Kosovo depuis 2012. Mais "il est évident que plus doit être fait", a-t-il dit.
"Nous devons continuer à travailler ensemble pour combattre les fausses promesses de Daech" (acronyme en arabe pour le groupe État islamique), a-t-il insisté.
M. Kerry, qui a notamment rencontré le Premier ministre Isa Mustafa, a estimé que le Kosovo avait "donné des exemples très forts pour la région avec les arrestations importantes et sa loi renforcée pour combattre l'extrémisme".
Toutefois, quelque 300 ressortissants ont rejoint les rangs des jihadistes en Syrie et en Irak, selon le ministère kosovar de l'Intérieur. Une cinquantaine ont été tués, alors que 120 d'entre eux sont retournés dans le pays.
La justice du Kosovo - pays pauvre de 1,8 million d'habitants, notamment albanais musulmans -, a inculpé en mai pour "terrorisme" plus d'une trentaine de personnes, soupçonnées d'avoir rejoint les rangs de l'EI en Syrie ou d'avoir prévu d'y aller, ainsi que des recruteurs présumés.
Le Kosovo - de même que les autres pays des Balkans occidentaux, où vivent des communautés musulmanes et qui ont aussi fourni des candidats au jihad -, s'est doté en mars d'une loi prévoyant des peines allant jusqu'à 15 ans de prison pour ses ressortissants qui partent combattre à l'étranger.
Alors que le Kosovo traverse une crise politique et que les travaux de son parlement sont constamment perturbés par l'opposition, qui réclame l'abandon d'un accord - parrainé par l'UE - de normalisation des relations avec la Serbie, M. Kerry a soutenu les efforts des responsables kosovars et leur détermination à atteindre un tel accord avec Belgrade.
"Ne vous méprenez pas, nous n'aurions pas soutenu un accord qui menacerait la souveraineté, la sécurité ou l'indépendance du Kosovo. Nous avons trop investi ensemble dans l'avenir du Kosovo", a dit M. Kerry, dont le pays est le principal allié du Kosovo.
Le secrétaire d?État a qualifié d'"inacceptable" la violence et les actions de l'opposition qui a empêché, à coups de gaz lacrymogène, le parlement de se réunir au cours des dernières semaines. Le parlement "n'est pas un lieu pour du gaz lacrymogène et des intimidations", a-t-il dit.
Rappelant que les États-Unis ont investi près d'un milliard de dollars au Kosovo depuis son indépendance, M. Kerry a appelé les responsables locaux à "rejeter la corruption, à enquêter et à juger" ceux qui s'en rendraient responsables.
Dans la soirée, M. Kerry était attendu à Belgrade, où il doit participer jeudi à un réunion ministérielle de l'OSCE.