Kerry à Chypre pour soutenir les efforts de réunification
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry visite Chypre jeudi pour encourager les efforts qui se sont intensifiés ces derniers mois en vue de réunifier l'île méditerranéenne divisée depuis plus de 40 ans.
Les espoirs de parvenir enfin à un accord sur cet épineux dossier ont grandi depuis que les leaders chypriote-grec et chypriote turc ont repris les négociations de paix en mai sous l'égide de l'ONU.
"Ils ont fait des progrès considérables", s'est félicité un responsable du département d'Etat avant la visite. "Chercher à réunifier l'île sous la forme de fédération bi-zonale et bi-communautaire" est un projet "que nous soutenons avec force", a-t-il poursuivi.
M. Kerry doit s'entretenir d'abord avec le Chypriote-grec Nicos Anastasiades, président de la République de Chypre, internationalement reconnue et dont l'autorité ne s'étend que sur la moitié sud de l'île.
Il se rendra ensuite dans le nord de Nicosie, la dernière capitale divisée d'Europe, pour rencontrer le Chypriote-turc Mustafa Akinci, dirigeant de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), reconnue seulement par la Turquie.
M. Kerry dînera enfin avec les deux hommes, qui se se sont réunis une douzaine de fois depuis mai.
Le chef de la diplomatie américaine veut apporter son soutien aux "efforts intenses" menés par les deux parties "pour atteindre un accord durable", a expliqué le responsable du département d'Etat.
Les négociations sont également encouragées par l'Union européenne, dont la République de Chypre est membre depuis 2004, et par la Russie, dont le ministre des Affaires étrangères Serguei Lavrov a effectué mercredi une courte visite à Chypre.
Présent mardi dans le nord de Nicosie, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a affirmé qu'Ankara était "prêt à soutenir une solution viable, juste et pacifique".
- 'Plus optimistes' -
L'émissaire de l'ONU pour Chypre, le Norvégien Espen Barth Eide, a fait état la semaine dernière de "progrès" dans les négociations. Les deux parties sont "plus optimistes" sur le fait que "les dossiers en suspens peuvent être résolus dans un avenir proche", selon lui.
L'île est divisée depuis l'invasion en 1974 de sa partie nord par la Turquie, en réaction à un coup d'Etat nationaliste qui visait à rattacher l'île à la Grèce et qui avait suscité l'inquiétude de la minorité turcophone de l'île.
Des dizaines de milliers de Chypriotes ont été déplacés, avec notamment un transfert de populations entre le sud de l'île devenu majoritairement hellénophone et le nord devenu majoritairement turcophone.
En 2004, un plan de réunification avait été rejeté par les Chypriotes-grecs lors d'un référendum.
Les dirigeants chypriotes doivent prendre des décisions difficiles sur plusieurs sujets délicats, qui avaient fait capoter les précédentes négociations de paix, comme les arrangements territoriaux, le partage du pouvoir et les droits de propriété.
Depuis mai, une série de mesures de bonne volonté ont été annoncées des deux côtés, notamment sur la recherche des personnes disparues depuis 50 ans.
Mete Hatay, un expert basé dans le nord de l'île, s'est dit "prudemment optimiste" sur les négociations, affirmant ne pas s'attendre à une solution d'ici la fin de l'année. "Les négociations semblent aller dans le bon sens mais ce n'est pas facile", a-t-il prévenu.