Istanbul (Turquie) Début septembre, un groupe de quelque 180 intellectuels turcs éminents exprimaient
dans une déclaration commune leur crainte de voir la Turquie suivre le chemin de l’Allemagne nazie. Celui d’un gouvernement légitimement élu se muant en dictature impitoyable, qui éradique ses opposants un à un, avant de conduire le pays à la catastrophe. Nombre de ces figures de la vie intellectuelle turque avaient soutenu le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) et son chef, l’actuel président Recep Tayyip Erdoğan, lors de leurs premières années au pouvoir, celles des réformes démocratiques et du lancement des négociations d’adhésion à l’Union européenne, entre 2002 et 2007. On compte même parmi eux un ancien ministre AKP de la Culture, Ertuğrul Günay. Les signataires de ce texte, «L’Allemagne de Hitler en 2015», réagissaient à des
perquisitions dans les locaux du groupe Koza Ipek Holding, propriétaire de deux journaux et de deux chaînes de télévision, et à l’inculpation du directeur de la publication du vénérable quotidien d’opposition Cumhuriyet (centre-gauche), Can Dündar, pour «espionnage», «divulgation de secrets d’État» et «propagande en faveur d’une organisation terroriste». Le groupe Koza Ipek était soupçonné de financer l’organisation du prédicateur Fethullah Gülen, un ancien allié de Recep Tayyip Erdoğan devenu son ennemi mortel lorsque ses adeptes, bien ...
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