Etats-Unis: perspective d'une hausse des taux, après le bon chiffre sur l'emploi
Les bons chiffres de l'emploi aux Etats-Unis annoncés vendredi sont un nouvel argument à l'appui d'une hausse des taux de la Banque centrale américaine dans moins de deux semaines qui serait la première depuis 2006.
L'économie américaine a créé 211.000 emplois en novembre, affichant un rythme encore plus solide que ne l'attendaient les analystes même si c'est en dessous de celui du mois d'octobre. Les analystes misaient sur 196.000 nouveaux postes.
Le taux de chômage est resté comme en octobre à 5%, son plus bas niveau depuis février 2008, avant la crise financière.
Le ministère du Travail a en outre révisé en nette hausse le chiffre des créations d'emplois d'octobre qui frôle désormais la barre des 300.000.
Ce dynamisme confirmé du marché de l'emploi devrait sceller la première hausse des taux d'intérêt promise par la Réserve fédérale (Fed) lors de sa prochaine réunion monétaire les 15 et 16 décembre.
"Sauf crise majeure, il n'y a rien qui puisse empêcher la Fed d'effectuer sa première hausse des taux", a commenté Joel Naroff, économiste indépendant. Ceux-ci sont maintenus proches de zéro pour soutenir la reprise depuis fin 2008. Une hausse serait la première depuis juin 2006.
Le taux de chômage est demeuré inchangé notamment du fait d'une légère augmentation du taux d'activité (62,5%), 273.000 personnes ayant rejoint le marché du travail le mois dernier.
La Maison Blanche s'est félicité de ces chiffres affirmant que jamais autant d'emplois n'ont été créés sur une période de trois ans depuis 2000. "Nos entreprises ont désormais ajouté 13,5 millions d'emplois en 69 mois", presque 6 ans, a indiqué Jason Furman, conseiller économique de Barack Obama.
Parmi les secteurs qui ont fortement contribué à la multiplication des embauches en novembre, figure le bâtiment, qui, bénéficiant d'un lent départ de l'hiver a créé 46.000 postes. Les restaurants ont continué d'embaucher fortement (+32.000) tandis que le commerce de détail, se préparant à la saison des fêtes, a lui aussi créé 31.000 nouveaux emplois.
Le secteur des industries extractives toujours touché par la baisse des prix du pétrole a poursuivi ses réductions d'effectifs, détruisant 11.000 emplois. Sur l'année, il a perdu 123.000 postes.
- Hausse des taux: soyez prêts...-
Observé de très près par la Fed qui voudrait voir l'inflation plus haute, le salaire horaire moyen a modestement progressé de 4 cents.
Ces chiffres confirment l'appréciation optimiste donnée cette semaine par la présidente de la Fed, Janet Yellen, qui a estimé que l'économie était en "croissance modérée" capable de générer de nouveaux emplois, même si, de son point de vue, le plein emploi n'était pas encore atteint.
Le rapport du ministère du Travail montre d'ailleurs que les personnes contraintes de ne travailler qu'à temps partiel ont augmenté de 319.000 à 6,1 millions. Ce rebond surprend alors que la tendance était à la baisse ces derniers mois mais s'explique sans doute par la recrudescence d'emplois précaires dans la distribution pour les ventes de fin d'année.
Le taux de chômage des noirs est remonté à 9,4% contre 4,3% pour les blancs et 3,9% pour les asiatiques. Celui des jeunes est encore élevé à 15,7%.
"Au total, l'économie a injecté 2,6 millions de nouveaux emplois dans l'économie au cours des douze derniers mois (...). Soyez prêts pour la première hausse des taux sur les fonds fédéraux le 16 décembre", a résumé Sal Guatieri, de BMO Capital Markets.
Les analystes se concentraient désormais sur la prochaine hausse après celle de décembre, qu'ils prévoient en mars ou plus tard, plutôt que dès janvier.
Vendredi, le déficit commercial d'octobre a également été publié montrant une légère dégradation du fait du dollar fort qui plombe les exportations.
Janet Yellen a signalé cette semaine que la force du billet vert, en étant un frein pour l'expansion, rendait la Fed "plus prudente" dans sa voie vers la normalisation de la politique monétaire.