À chaque élection, la question revient: les partis politiques se demandent si le résultat aurait été différent si les abstentionnistes s’étaient rendus aux urnes. Une tendance à
essentialiser toutes choses, c’est-à-dire à les simplifier, nous fait penser que ce groupe serait unifié politiquement. Et qu’il se comporterait de la même manière à chaque élection (si du moins on l’avait forcé à voter). Rien n’est moins vrai: les abstentionnistes sont aussi divers et variés que la population française, et parfois ils votent un peu plus FN que les non-abstentionnistes, parfois non, ce qui peut s’expliquer notamment par des modifications du champs politique. Expliquons-nous. Pour les élections européennes, un
sondage de 2014 réalisé par l’Ifop montrait que les abstentionnistes votaient très légèrement plus FN que les autres. Mais la différence était minime. «Les rapports de forces mesurés sont assez semblables à ceux observés parmi les personnes ayant l’intention d’aller voter. L’ordre d’arrivée est en effet le même: FN, puis UMP puis PS. (...) On constate néanmoins, une légère prime au FN qui avec 24 % parmi les abstentionnistes, est un peu au-dessus de son score parmi les personnes certaines d’aller voter», notait l’Ifop, qui concluait que le FN disposait alors d’une importante réserve de voix. Un vote d'adhésion, donc moins d'indécis au FN Un an plus tard, le constat général est toujours le même: les ...
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