3 preuves qu'élever des jumeaux n'est pas compliqué, et 2 preuves du contraire
J'apprécie encore la spontanéité de sa réponse. En comparaison, la question de déterminer ce qui "facile" de ce qui est "difficile" dans l'éducation de jumeaux est bien plus délicate. Chaque situation est unique, mais voici trois aspects de mon expérience personnelle qui ont facilité l'éducation de mes enfants, et deux raisons qui expliquent que certains moments aient été difficiles.
Le côté facile:
1. On renonce très vite à la perfection
Avant d'avoir des jumeaux, la maternité consistait dans mon esprit à s'occuper tranquillement d'un seul poupon. Je m'imaginais bercer pendant des heures un bébé endormi dans son berceau, ou le promener en poussette jusqu'au café. Je l'aurais allaité sans effort, n'importe où, et, plus tard, je lui aurais servi des repas exemplaires à base de quinoa et de chou kale.
Venons-en maintenant à l'arrivée de mes jumeaux. Mon perfectionnisme a dû battre en retrait devant la nécessité impérieuse de garder ces bébés en vie et de grappiller de temps en temps quelques heures de sommeil. Bien que cette révision à la baisse de mes exigences puisse sembler un peu triste, elle m'a en réalité ouvert les yeux sur une foule de joies inattendues et d'exploits incroyables réalisés conjointement avec mon mari. J'ai pu me débarrasser de mes rêves irréalistes et cultiver un certain pragmatisme qui a permis à un bonheur simple de s'épanouir. Bon nombre de questions que je me posais en matière d'éducation ont ainsi très vite trouvé des réponses. Nous n'avons pas laissé nos jumeaux dicter le rythme de nos journées, et avons commencé à les aider à faire leur nuit quand le médecin nous l'a conseillé. Les repas se composaient généralement de plats à emporter et d'étranges mixtures. Comme me le disait une amie, elle aussi mère de jumeaux, les premières années, "tu te réjouis simplement de savoir que ton mari est là pour leur donner des biscuits chocolatés parce que tu sais au moins qu'ils ne meurent pas de faim".
2. L'incroyable complicité des jumeaux
On a beaucoup écrit sur l'importance de cultiver l'individualité de chaque enfant, mais on parle moins de la beauté du lien qui les unit. Les jumeaux ont quelque chose de magique, cela ne fait aucun doute. Leur gémellité pourra les protéger tout au long de la vie contre la solitude et l'ennui. Avec mes jumeaux, le premier à marcher avait l'habitude de pousser l'autre, qui restait assis dans une voiture en plastique. Ils se sont mutuellement sucé le pouce et curé le nez. Ils ont traversé les premières semaines de crèche main dans la main et partagé des fous rires hystériques. Encore aujourd'hui, mon mari et moi leur répétons inlassablement: "Je ne veux pas que tu le frappes, que tu le mordes, que tu le pousses, que tu lui mettes un doigt dans l'œil, que tu le griffes." En réalité, mes fils sont de plus dans l'empathie et la coopération. À la maison comme en vacances, ils s'occupent très souvent l'un l'autre.
3. Les mamans de jumeaux et de triplés sont incroyables
Mes relations avec les autres parents de fratrie multiples, rencontrés notamment grâce aux activités de mes enfants, m'ont apporté quantités de conseils judicieux, d'assistance et de réconfort. Pendant ma grossesse, mes consœurs, déjà mamans, prêtaient une oreille attentive à mes lamentations. À la naissance de mes fils, elles ont répondu à mes questions à toute heure du jour et de la nuit, m'ont offert vêtements et ustensiles et tenu compagnie. Alors qu'un de mes enfants ne marchait toujours pas à 20 mois, une maman que je connaissais à peine a consacré une heure de ses vacances à me parler de la rééducation de sa propre fille. Les parents de jumeaux forment une communauté, l'entourage nécessaire pour élever un enfant... ou deux.
Le côté difficile:
1. La période qui suit la naissance des jumeaux
Je pense que la recherche Google la plus fréquente est: "Quand est-ce que les choses vont s'améliorer?" Les premiers mois à la maison avec deux nourrissons revêtent une intensité particulièrement difficile à décrire à ceux qui n'en ont pas fait l'expérience. C'est un baptême du feu, qui consiste moins à verser quelques gouttes d'eau sacrée sur leurs têtes blondes qu'à plonger dans une mer déchaînée. Ma tentative d'allaiter pendant que je me remettais de ma césarienne, par exemple, a été une véritable torture et le simple fait de les emmener se promener s'apparentait à une opération du RAID. J'aime à dire que le temps est en fait une course permanente, ponctuée ça et là d'interludes de beauté. Pourtant, je suis nostalgique de ces premiers moments, en dépit des difficultés bien réelles.
2. Les autres
L'un des calvaires avec les fratries multiples, c'est de faire accepter aux autres la façon dont vous choisissez de structurer vos journées, et la différence qui sépare les jumeaux des enfants uniques. Les amis et la famille ne comprennent pas toujours pourquoi votre sieste revêt une importance cruciale, et vous offrent parfois des conseils - certes bien intentionnés, mais extrêmement frustrants - sur la façon dont vous devriez lever le pied. Et puis il y a ceux qui vous prennent d'entrée de jeu en pitié, comme l'illustre inconnu-e que vous croisez dans la rue et qui fait un commentaire désobligeant en vous voyant pousser péniblement votre poussette double jusqu'en haut de la côte. Ils sont rares, mais ils vous font regretter de ne pas avoir inclus un Taser sur votre liste de naissance. Après l'arrivée de nos jumeaux, certains amis ont d'ailleurs mystérieusement disparu de la circulation.
Bien entendu, c'est aussi "les autres" qui rendent extraordinaire l'aventure de la gémellité: tous les amis qui n'ont pas disparu, nos familles, et les nouveaux liens qui se sont formés au merveilleux pays des jumeaux. Je lève ma tasse à toutes les personnes exceptionnelles qui nous accompagnent sur ce chemin, et à tous les parents de fratries multiples embarqués dans cette folle aventure.
K. K. Goldberg est l'auteur de The Doctor and the Stork: A Memoir of Modern Medical Babymaking, un livre sur les jumeaux, la grossesse gémellaire et les FIV, dont l'objectif reste avant tout d'apporter du réconfort, de la compassion et de distraire les lecteurs.
Ce blog, publié à l'origine sur le Huffington Post américain, a été traduit par Mathilde Montier pour Fast for Word.
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