Marianne, plutôt que Marine!
Or, cette élection traduit une démarche bien différente, dans laquelle le bulletin de vote devient l'enveloppe qui le contient. Dans cette élection, le bulletin Front national n'est pas un choix - les candidats frontistes ne présentent jamais un programme de fond détaillé, se contentant d'une photo de Marine Le Pen comme principal argument. Le bulletin Front national est un vecteur, avant tout ; le vecteur d'une colère, le vecteur d'une déception collective forte envers la politique en général et les élus en particulier. Cette déception, ces attentes, sont concentrées dans l'enveloppe du vote FN. Une enveloppe qui contient donc autre chose qu'un bulletin, autre chose qu'un choix ; elle traduit les attentes, les douleurs, les incompréhensions exprimées à juste titre, par les électeurs, par tous les citoyens.
En tant qu'élus de la République, cela nous interpelle tous, à tous les échelons de responsabilité, sur l'exercice même de nos mandats ; nous devons individuellement et collectivement, engager une véritable réflexion sur l'exercice des responsabilités politiques. Si rien ne change du côté des élus, de la pratique politique, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets. Faire barrage aujourd'hui, à quelques jours du second tour, est la seule position possible ; repartir demain comme si rien ne s'était passé ne sera plus possible. Sans quoi Mme Le Pen et son clan seront de retour encore plus fortement après-demain. Nous devons nous donner les moyens, sur tous les territoires, dans chacun de nos mandats, pour que cette situation ne se reproduise plus. Nous devons nous donner les moyens de répondre encore et toujours mieux aux attentes des Français.
Une chose est sûre : pour y répondre, Marine Le Pen ne sera pas, ne sera jamais, une alternative. Marine Le Pen ne souhaite d'ailleurs pas être une alternative crédible pour répondre aux besoins des Français ; ce sont les difficultés de la France qui font son succès. Ce n'est pas quand la France rayonne que le Front national gagne ; c'est précisément quand la France est en difficulté économique, quand les chiffres du chômage poursuivent leur courbe folle, quand notre sécurité est menacée. Pourquoi et comment Marine irait-elle promouvoir la grandeur de Marianne quand ce sont ses difficultés qui font son succès ?
Marine n'est pas Marianne. Dimanche, pour faire le choix de la République, il faudra faire le choix des partis et des candidats républicains. Il faudra redonner du sens à la démarche électorale, voter pour choisir. Et notre choix est clair : choisissons Marianne plutôt que Marine.
Lire aussi :
• Marine Le Pen ou Xavier Bertrand? Cherchez la différence dans leurs programmes
• Marine Le Pen et Marion Maréchal données perdantes au second tour
• Mélenchon refuse de choisir entre droite et FN dans le Nord et en Paca
• Tous les matins, recevez gratuitement la newsletter du HuffPost
• Retrouvez-nous sur notre page Facebook