Régionales: avant le second tour, de jeunes abstentionnistes choisissent la procuration
"J'ai préféré aller au théâtre", "je m'en mords les doigts", "une connerie"... Avant le second tour des régionales, de nombreux jeunes regrettent leur abstention au premier et déposent une procuration pour peser sur le résultat final.
Devant le commissariat du 2e arrondissement de Lyon, des étudiants font la queue, justificatifs d'identité et imprimés remplis dans leurs mains.
Pauline a 22 ans. Selon elle, c'est "la connerie" qui l'a empêchée de voter au 1er tour. "J'en parlais avec une copine et on a eu un sursaut quand on a vu cette vague Bleu Marine", raconte la jeune femme, reconnaissant avoir eu "mauvaise conscience" au vu des résultats du Front national.
Comme Pauline, près de 65% des 18-24 ans se sont abstenus au premier tour, selon un sondage Ipsos-Sopra-Steria pour France Télévisions.
"Vous venez pour une procuration? Faites la queue, monsieur", demande un policier devant le commissariat du 11e arrondissement de Paris. "Ça n'arrête pas. Comme on est ouvert 24h sur 24, les gens viennent même la nuit", raconte-t-il. "Vers 22H00, ça commence un peu à se calmer, mais dès 08H00 du matin, vous avez à nouveau la queue."
Le jeune à qui il s'adresse, surpris, se dirige vers la fin de la file d'attente.
Devant lui, une dizaine de personnes, âgées pour la plupart d'une vingtaine d'années, se frottent les mains et piétinent pour lutter contre le froid. Tous attendent que l'une des trente personnes déjà à l'intérieur dépose sa procuration pour pouvoir entrer.
"Je trouve ce système d'élection absurde", déclare pourtant Marie, 22 ans, originaire de la région Centre-Val-de-Loire, où le FN est arrivé en tête au premier tour. "Je ne vois pas pourquoi on devrait voter pour un candidat, pour une star de parti, mais je vote pour sauver les meubles."
D'autres encore ont été poussés par leurs proches, comme Alice, 23 ans. "Ma famille m'a reproché de ne pas être allée voter, je préférais aller voir une pièce de théâtre", admet la jeune femme dans un sourire un peu embarrassé.
- Comment faire une procuration -
Des passants demandent aux policiers ce dont ils ont besoin pour une procuration. Habitués, les agents leur expliquent qu'une pièce d'identité suffit, mais leur conseillent de se dépêcher.
Si une procuration peut être établie jusqu'à la veille du scrutin, en pratique, le mandataire risque de ne pas pouvoir voter si la commune ne l'a pas reçue à temps. Et si la police, ou la gendarmerie est débordée, le votant peut aussi se rendre au tribunal d'instance de son domicile ou de son lieu de travail.
"C'est impressionnant, on a beaucoup plus de monde qu'au premier tour", raconte l'un des greffiers du tribunal d'instance du 10e arrondissement voisin. "On en a eu près de 120 lundi et mardi... On va arriver à 350 ou 400 sur la semaine, prédit-il. "Ce sont surtout des jeunes, du Midi et du Nord notamment."
Au commissariat central de Lille, on a aussi enregistré une hausse. Lundi, les policiers ont traité 123 procurations, avant d'atteindre mardi un pic de 229. Avant le premier tour, le même commissariat en enregistrait une centaine par jour.
A l'hôtel de police de Toulouse, on reste mesuré, les responsables notant "un peu plus de monde" que les autres années. Claire, 26 ans, explique d'ailleurs que sa procuration n'a rien à voir avec les résultats du 1er tour. Elle ne sera pas chez elle dimanche mais, assure-t-elle, "je vote toujours".