En Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, cette candidate ne votera pas pour elle-même au second tour
Caroline Reys prendra les trois, notamment le dernier sur lequel figure son nom. Et pourtant ce n'est pas celui-ci qu'elle glissera dans l'enveloppe. "Voter pour la droite, j'ai déjà dû le faire mais jamais quand il y avait une liste de gauche. Ça sera dur mais je ne tremblerai pas et je mettrai le bulletin de Philippe Richert dans l'urne", assure-t-elle au HuffPost.
Neuvième sur la liste dans le Bas-Rhin, cette militante de gauche, non encartée au PS fait en effet partie des 71 colistiers de Jean-Pierre Masseret qui ont annoncé lundi et mardi leur volonté de se retirer. "Je ne savais pas qu'il y avait cette possibilité mais dès qu'on m'en a parlé, je n'ai pas hésité une seconde", explique-t-elle. Quelques minutes après avoir signé sa lettre de démission, elle croise Philippe Richert sur le marché de Sélestat où elle est conseillère municipale d'opposition. "Je lui ai dit immédiatement et il m'a remerciée chaleureusement", précise cette prof de Français.
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— Caroline REYS (@CarolineReys) 8 Décembre 2015
Depuis mardi soir et la validation de la liste de Jean-Pierre Masseret, Caroline Reys se retrouve donc dans une situation inédite: devoir faire campagne contre son camp. "Je milite pour Philippe Richert et je n'ai pas d'état d'âme. Je ne veux pas porter la responsabilité d'une victoire du Front national dans notre région", confie cette candidate qui ne croit pas que la gauche pourra peser dans l'opposition.
"C'est un leurre de croire qu'on peut changer les choses de l'intérieur. Je me rends compte à mon niveau dans ma ville, on peut seulement rendre compte de ce qui se passe. Peut-être que Jean-Pierre Masseret ne se rend pas compte à quel point c'est dur, frustrant et ingrat d'être dans l'opposition", se demande l'élue alsacienne.
"Que Richert n'oublie pas ce qui a été fait pour qu'il gagne"
C'est peu dire, qu'elle en veut à celui qu'elle a a suivi dans cette aventure des élections régionales. "Il offre quelque chose qui a de quoi séduire mais qui est une impasse", dit Caroline Reys à propos de Jean-Pierre Masseret. Mais elle déplore tout de même que la tête de liste du parti Les Républicains ne joue pas le jeu. "Je regrette que Philippe Richert ait, lui aussi, suivi les consignes de son parti. Ça n'a pas facilité les choses et il aurait été préférable de construire une grande coalition".
Et quand on lui demande si cette alliance n'apporterait pas des arguments au FN qui dénonce régulièrement l'UMPS, cette femme de gauche répond en Alsacienne. "Ici, on a l'exemple allemand sous nos yeux. À toutes les échelles il y a des grandes coalitions. Mais cela implique des les ouvrir plus largement qu'au seuls PS et Républicains. Un président serait élu dans un esprit de rassemblement, voilà quelque chose de constructif", précise Caroline Reys.
C'est pourquoi, malgré l'absence d'une telle alliance, elle appelle Philippe Richert à la responsabilité. "J'espère que s'il est élu, il n'oubliera pas ce qui a été fait, y compris par des hommes et des femmes de gauche, pour qu'il gagne", conclut-elle.
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