Le pain des Français
On le voit chaque jour à la télé : de nombreux journalistes parcourent la France, en ce moment, pour trouver des villages tranquilles où l'extrême droite a fait un bon score. Pourquoi ces journalistes font-ils cela ? Pour tenter d'expliquer l'inexplicable. Pour tenter de comprendre l'incompréhensible : "Bonjour madame ! Pourquoi avez-vous voté pour un parti qui ne cesse d'évoquer les questions d'insécurité, de délinquance, d'immigration clandestine alors que, visiblement, dans votre petit village vosgien, tout est calme, tout va bien, tout a l'air paisible ?"
La question, qui court d'un reportage à l'autre à travers nos campagnes, semble intéressante. Hélas, elle est (involontairement, nous le croyons) insidieuse : elle laisse planer l'idée que si tel ou tel village paisible voyait arriver une famille d'immigrés, la question ne se poserait plus ! En clair, la question posée véhicule l'idée que les problèmes d'insécurité figureraient à l'ordre du jour du conseil municipal de tout village paisible dès lors qu'une famille d'immigrés poserait le pied dans la commune.
On touche bel et bien du doigt, ici, une absurdité car tout le monde sait bien que la peur de l'autre vient d'abord de la méconnaissance de l'autre. Il y a fort à parier que, comme le racontait si habilement Fernand Raynaud dans les années 1950, si un boulanger issu de l'immigration venait s'installer dans le petit village de Bazegney, dans le petit canton de Dompaire, on risquerait bien un jour, en le faisant partir, de ne plus manger de pain.
Bon, Karim, pour ma note, tu me diras.
Lire aussi :
• Donnée perdante, Marine Le Pen ne retient plus ses coups
• Quand l'anniversaire de Marion Le Pen devient un argument de campagne
• Six (très) bonnes raisons pour les femmes de fuir le FN
• Tous les matins, recevez gratuitement la newsletter du HuffPost
• Retrouvez-nous sur notre page Facebook