Andrea Oberhuber, Faire œuvre à deux. Le Livre surréaliste au féminin
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Qui connaît aujourd’hui Aveux non avenus, Dons des féminines, Hexentexte, La Dame ovale, La Maison de la Peur, Le Cœur de Pic, Le Livre de Leonor Fini, Le Poids d’un oiseau, Oiseaux en péril ou Oracles et spectacles, autant d’œuvres hybrides réalisées entre 1930 et 1975 selon l’idéal surréaliste du travail collaboratif, à l’instigation d’une écrivaine ? Véritable changement de paradigme éditorial, le Livre surréaliste, objet à part entière, qui prend son origine dans l’écriture à quatre mains, n’a presque jamais un seul auteur. Il déploie des rapports texte/image d’une grande variabilité et appelle une lecture croisée entre l’écrit et le pictural.
Cet ouvrage se propose de combler une lacune de recherche en s’intéressant à un corpus à tort négligé par la critique littéraire et artistique. Dix cas de figure emblématiques sont analysés quant aux modalités de démarche collaborative (« au féminin », « mixte » ou « en dualité créatrice ») afin de répondre à la question suivante : qu’en est-il d’une esthétique avant-gardiste au féminin, d’une communauté d’auteures et d’artistes qui s’est constituée malgré elle grâce au livre, espace de rencontre et creuset de partage ?
Sommaire
Démarche collaborative et dialogue intermédial : le livre comme support
Partie I Collaboration au féminin
Une œuvre en partage : Aveux non avenus de Claude Cahun et Moore
Lise Deharme et ses collaboratrices artistes : Le Cœur de Pic et Le Poids d'un oiseau
Partie II Collaboration mixte
À la ville comme à l'œuvre : La Maison de la Peur et La Dame ovale de Leonora Carrington et Max Ernst
Oiseaux en péril, ou le sacre du couple créateur Dorothea Tanning et Max Ernst
Partie III Dualité créatrice
Les noces magiques de l'anagramme et du dessin : Hexentexte et Oracles et spectacles d'Unica Zürn
Dons des féminines de Valentine Penrose, une histoire d'« amour fou »
L'artiste et son double : Le Livre de Leonor Fini
Le Livre surréaliste au féminin : entité tératologique ou tête de Janus ?
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Andrea Oberhuber est professeure de littérature à l’Université de Montréal où elle enseigne l’écriture des femmes (XIXe-XXIe siècles), la photolittérature, ainsi que les avant-gardes littéraires et artistiques. Elle est codirectrice et rédactrice en chef de la revue numérique MuseMedusa, spécialisée en recherche-création. Elle a publié des monographies (Chanson(s) de femme(s) ; Courre-ciel ; Corps de papier. Résonances) et dirigé plusieurs dossiers de revue et ouvrages collectifs. Son projet de recherche actuel, réalisé en équipe, est consacré aux figures ambivalentes du care dans le roman français de 1870 à 1945. Elle est cochercheuse d’un projet en recherche-création, avec Catherine Mavrikakis, qui porte sur la littérature comme espace paradoxal du care à travers les représentations de la criminelle.