JO-2024/VTT femmes: Pauline-Ferrand-Prévot, la quête d'une vie
En trois participations, la Française de 32 ans n'a non seulement jamais réussi à monter sur la plus haute marche du podium, mais elle n'y est pas encore montée tout court, pour un bilan de zéro médaille totalement incroyable vu son pedigree.
Car "PFP" est une icône du cyclisme féminin, championne du monde à quinze (!) reprises dans de multiples disciplines (route, cyclo-cross, gravel,...) parfois en même temps, et surtout en VTT cross-country où elle compte un record de cinq sacres mondiaux.
Mais aux Jeux, elle est allée de catastrophe en catastrophe: 26e à Londres en 2012, elle avait abandonné quatre ans plus tard à Rio, avant de terminer seulement 10e à Tokyo.
"Je me dis que s'il faut les gagner, autant les gagner à la maison. A part les Jeux, c'est vrai que j'ai plus ou moins tout gagné. C'est vraiment le titre qui me manque", dit-elle, confiante.
"J'ai vraiment tout mis en place pour être championne olympique. Je pense ne rien avoir laissé au hasard. Je ne ressens pas vraiment de pression négative. Etre favorite me motive encore plus", ajoute la Rémoise qui va mettre fin à sa carrière en VTT à la fin de la saison pour retourner sur la route et courir le Tour de France l'an prochain.
"Je suis prête, à 100%"
Alors, pour accomplir le "rêve d'une vie" et succéder à Julie Bresset, championne olympique à Londres en 2012 et dernière médaillée française en VTT hommes et femmes confondus, elle mis toutes les chances de son côté.
Ces derniers mois, elle s'est plus que jamais barricadée, fuyant les médias et les obligations, pour se concentrer à 100% sur sa quête.
"Le but c'était vraiment de mettre dans ma bulle. Ce sont mes derniers Jeux, j'ai envie de ne rien regretter", insiste-t-elle.
Habituée à fonctionner en solitaire, elle a opéré un changement majeur fin 2022 en devenant la première femme à intégrer l'équipe britannique Ineos où elle fréquente notamment Tom Pidcock, un touche-à-tout comme elle et champion olympique de VTT à Tokyo.
"PFP" s'investit comme jamais et fait des stages avec des routiers hommes de son équipe comme Geraint Thomas ou aux côtés de son petit ami, le Néerlandais Dylan van Baarle (Visma), vainqueur de Paris-Roubaix en 2022.
"J'ai énormément travaillé physiquement, notamment ces dernières semaines en stage en altitude. C'était les séances les plus dures que j'ai jamais faites. Je suis prête, je suis à 100% physiquement et mentalement", ajoute celle qui a aussi eu pour la première fois recours à un accompagnement psychologique pour préparer ce "rendez-vous d'une vie".
Objectif doublé
Depuis le début de la saison, elle enchaîne les succès: huit en neuf courses. Seuls les Championnats d'Europe, disputés dans des conditions climatiques dantesques, lui ont échappé.
Plusieurs concurrentes rêvent de lui barrer la route sur cette ancienne décharge à l'ouest de Paris. En l'absence de la Suissesse Jolanda Neff, tenante du titre, elle devra notamment se méfier de la jeune Néerlandaise Puck Pieterse qui a remporté la dernière manche de Coupe du Monde aux Gets en juillet.
"Pauline est chez elle, c'est la grande favorite, ça lui apporte de la pression mais ça peut aussi lui donner des ailes", souligne Pieterse qui elle-même arrive "en grande confiance".
Une autre Française vise le podium, Loana Lecomte. Vice-championne du monde en titre et quadruple championne de France, elle s'est, après un printemps difficile, rassurée en gagnant la cinquième manche de la Coupe du monde à Crans-Montana.
La Savoyarde de 24 ans, qui avait remporté le test-event à Elancourt en septembre, a elle aussi une revanche à prendre aux JO après sa sixième place à Tokyo.
"Avec ce que Pauline a montré au début de saison c'est la favorite, estime Lecomte. Moi j'y vais pour une médaille, après la couleur du métal on verra à l'arrivée. Un doublé ? C'est l'objectif."