Cyclisme: les records fondent sur la piste aux étoiles de Saint-Quentin-en-Yvelines
Loin des polémiques sur l'absence d'air conditionnée dans leurs chambres du Village olympique, les "pistards" sont ravis de ne pas avoir un vélodrome climatisé et de suer à grosses gouttes, une fois leurs courses terminées.
Car en cyclisme sur piste, quand il fait chaud --plus de 28 degrés mardi au niveau de la piste--, le show est assuré.
En deux jours, huit records du monde ont été battus: celui de la vitesse féminine a été amélioré pas moins de cinq fois, tandis que les bolides néerlandais emmenés par le phénomène Harrie Lavreysen ont fait passer, toujours en vitesse par équipes, leur record du monde datant de février 2020 de 41 sec 225/1000e à 41 sec 191/1000e au 1er tour, avant de le pulvériser en finale avec un chrono de 40 sec 949/1000e.
Et que dire du retentissant record de l'Australie au 1er tour de la poursuite masculine par équipes: plus d'une seconde de moins (3:40.730) sur la précédente marque (3:42.032) établie lors des JO-2021 de Tokyo sur une piste alors présentée comme sans équivalent !
"Combinaison parfaite"
"On a de très bonnes températures sur la piste et une pression atmosphérique très basse, c'est excellent pour aller très vite", résume Sam Welsford, l'un des membres du quatuor australien.
"La piste est rapide, car les conditions sont chaudes, la pression atmosphérique est relativement basse, la densité de l’air est excellente", éclaire l'entraîneur français de la poursuite féminine Samuel Monnerais.
Quand la pression atmosphérique est inférieure à 1000 hectopascals et le température, accrue par la présence de 3.600 spectateurs, grimpe, la résistance à l'air est moindre pour les "pistards".
"C'est la combinaison parfaite entre les conditions et le design de la piste, renchérit Mehdi Kordi, l'entraîneur britannique des sprinteurs néerlandais. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’on se retrouve dans des conditions similaires à une piste construite en altitude, mais on n'en est pas loin et il est certain que d’autres records vont être battus".
Construite en 2014 sur les plans de l'architecte allemand Ralph Schürmann, issu d'une famille renommée depuis plus d'une siècle dans la conception de vélodromes, la piste de Saint-Quentin-en-Yvelines a en effet la particularité d'être plus large que les autres (8 m) avec des virages à 43,8 degrés, ce qui favorise la vitesse.
Cadres de vélo à 120.000 euros
La piste construite en pin de Sibérie a été poncée pour ces JO-2024, ce qui peut expliquer "son meilleur rendement" selon Florian Rousseau, triple champion olympique de cyclisme sur piste, désormais directeur du programme olympique au sein de la Fédération française de cyclisme.
"Surtout pour les épreuves avec départ arrêté (vitesse et poursuite, NDLR), avoir poncé la piste, cela réduit le risque de patiner", note l'ancien pistard.
Il fait aussi remarquer que le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines n'avait accueilli jusque là l'élite mondiale, pour les Mondiaux-2015, en février, et 2022, en octobre, que "dans des conditions plutôt hivernales".
"On voit en pleine saison estivale avec des conditions climatiques optimales, un temps très sec, que c'est une piste très rapide", se réjouit Rousseau.
Reste dans un sport où le matériel joue un rôle majeur et peut faire gagner des centièmes qui font la différence avec des cadres de vélo pouvant coûter plus de 120.000 euros ou des combinaisons à 3.000 euros, qu'"il y a des choses qu’on ne sait pas expliquer", relève Samuel Monnerais.
"Peut-être que les projecteurs qui chauffent le bois (de la piste) depuis des jours et des jours expliquent le meilleur rendement de la piste", avance l'entraîneur français.