Michelle et Barack Obama font chavirer la convention démocrate
L'ancienne First Lady a été la première à monter sur scène, où elle a sonné, avec une calme autorité, l'heure de la mobilisation générale pour faire élire la vice-présidente Kamala Harris.
La brillante avocate aurait presque volé la vedette à son époux, cet orateur adulé dans le parti.
"Ma Kamala Harris est plus que prête pour ce poste", a-t-elle assuré.
"Il y a quelque chose de magique et de merveilleux dans l'air", a dit la démocrate, dans une ville qui est le fief politique de l'ancien couple présidentiel. "C'est le pouvoir contagieux de l'espoir".
"Pendant des années, Donald Trump a fait tout ce qui était en son pouvoir pour que les gens aient peur de nous", a-t-elle accusé, poursuivant: "Il s'est senti menacé par l'existence de deux personnes qui travaillent dur, qui sont très instruites et qui ont réussi, et qui se trouvent être noires".
Et de lancer: "Je veux bien savoir qui va lui dire, qui va lui dire que l'emploi (de président) qu'il recherche actuellement pourrait bien être l'un de ces +emplois pour personnes noires+", en référence à des propos polémiques passés du candidat en la matière.
Elle a appelé les démocrates, plusieurs fois, à l'action, en assénant: "Quand quelque chose se passe mal, quand un mensonge se propage, nous ne pouvons pas rester à nous tordre les mains (...) Nous ne pouvons pas nous complaire dans nos angoisses."
La démocrate, qui n'avait jamais livré d'attaque aussi franche, a fustigé les "mensonges hideux, misogynes, racistes" du milliardaire républicain.
Barack Obama a lâché dans un sourire en lui succédant sur scène: "Je suis la seule personne assez bête pour venir parler après Michelle Obama".
"Yes, she can", a-t-il dit à propos de Kamala Harris, en assurant que l'Amérique était "prête" à l'élire présidente, et saluant les qualités humaines de la vice-présidente.
"Un milliardaire qui pleurniche"
Lui a choisi d'attaquer Donald Trump sur un ton moqueur.
"Voilà un milliardaire de 78 ans qui n'arrête pas de pleurnicher", a ironisé l'ancien président, et c'est "pire depuis qu'il a peur de perdre face à Kamala" Harris.
"Il y a les surnoms puérils et les théories du complot folles, cette étrange obsession avec la taille des foules" assistant à ses meetings, a-t-il dit.
Et de souligner ses propos en mesurant avec ses mains un écart d'abord petit, puis plus grand, puis à nouveau petit.
Dans la salle, cette gestuelle ambiguë - "suggestive", a estimé le New York Times - a fait rire les délégués.
Dans un discours savamment construit et livré avec cette aisance très maîtrisée qui lui est propre, le premier président noir des Etats-Unis a dressé le portrait d'une Amérique grignotée par la méfiance et la solitude, mais qui "veut être meilleure."
"Nous vivons une époque de telle rancoeur et de telle confusion, avec une culture qui valorise ce qui ne dure pas: l'argent, la célébrité, la position sociale, les +likes+. Nous cherchons l'approbation d'étrangers sur nos téléphones; nous construisons toutes sortes de murs et de barrières autour de nous et ensuite nous ne comprenons pas pourquoi nous nous sentons si seuls", a-t-il décrit.
Mais "les liens qui nous unissent sont toujours là", a assuré Barack Obama, "parce que la vaste majorité d'entre nous ne veulent pas vivre dans un pays amer et divisé."
"La joie et l'enthousiasme que nous voyons autour de cette campagne nous disent que nous ne sommes pas seuls", a-t-il lancé.
"Wow, c'était une soirée extraordinaire", a réagi Richard Brown, 61 ans, un élu du Missouri présent sur place.
"C'était fabuleux, fabuleux!", s'est exclamée une autre participante, Laurie Osher, 64 ans. "Michelle a fait un beau mariage, enfin lui aussi. Vraiment, elle était sensationnelle, son discours était superbe."