Castets à Matignon: Mélenchon ouvre la porte à une non-participation de LFI
Invité samedi du journal de 13h de TF1, peu avant l'intervention attendue de Lucie Castets aux universités d'été des Insoumis, M. Mélenchon s'est adressé "aux chefs des trois partis macronistes et de la droite".
"Le gouvernement de Lucie Castets, s'il ne comportait aucun ministre insoumis, est-ce que vous vous engagez à ne pas voter la censure et à lui permettre d'appliquer le programme pour lequel nous sommes arrivés en tête des élections législatives ?", a demandé le patriarche de La France insoumise.
"Si vous nous répondez non, on dira que les ministres insoumis, en fait, c'est un prétexte, c'est du programme dont vous ne voulez pas", a-t-il ajouté.
L'option d'un soutien de LFI sans participation au gouvernement est dorénavant sur la table et les cartes sont rebattues. C'est en tout cas comme cela que l'a entendu le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.
"Jean-Luc Mélenchon ouvre la voie à un soutien sans participation de La France insoumise à un gouvernement de Lucie Castets. Le prétexte de la présence de ministres LFI n'existe plus. On attend maintenant la réponse de tous ceux qui pensaient avoir trouvé là un moyen de rejeter en bloc le NFP", a-t-il réagi.
"La déclaration de Jean-Luc Mélenchon met le camp Macron face à ses responsabilités. Les écologistes attendent avec impatience la réponse des chefs des partis Renaissance, Horizons et Modem", a de son côté commenté auprès de l'AFP la patronne des écologistes, Marine Tondelier.
"On veut montrer qu'on garde la main. C'est nous qui posons les questions, c'est pas Macron", a expliqué pour sa part le député Hadrien Clouet, membre de la direction insoumise, à des journalistes.
"Au pied du mur"
Jusqu'ici, devant la presse, les dirigeants de LFI rejetaient l'hypothèse d'une non-participation à un gouvernement de Lucie Castets, arguant que cela ne permettrait pas à la haute fonctionnaire d'avoir les coudées plus franches.
Cette dernière, reçue vendredi matin à l'Elysée avec onze représentants du Nouveau Front populaire, avait maintenu devant Emmanuel Macron sa volonté d'avoir des ministres LFI, plus gros groupe du NFP à l'Assemblée, dans son gouvernement.
"Cet argument-là, on le connaît. (...) Hier, c'est parce que nous étions communistes. Aujourd'hui, c'est parce que nous sommes insoumis. Demain, c'est parce que nous serions écologistes. La réalité, c'est qu'ils ne veulent pas de changement", avait déclaré, par solidarité avec les Insoumis, Fabien Roussel depuis les universités d'été du PCF.
Mais vendredi soir, tard, Jean-Luc Mélenchon et des proches ont discuté de cette option.
"C'est malin, non?" se réjouit un dirigeant insoumis.
La présence au gouvernement de membres du mouvement de gauche radicale est une ligne rouge pour les macronistes, la droite et l'extrême droite.
Même le groupe centriste Liot avait fait valoir que LFI était devenu un "point de blocage".
Emmanuel Macron a entamé vendredi un cycle de consultations des chefs de parti et de groupe parlementaire censé déboucher sur la nomination d'un Premier ministre, six semaines après les élections législatives qui ont vu la coalition de gauche du NFP arriver en tête en nombre avec 193 sièges, toutefois loin de la majorité absolue.
Le président doit encore recevoir les leaders du RN Marine Le Pen et Jordan Bardella lundi, puis leur allié Eric Ciotti.
Pour le député LFI Eric Coquerel, vieux compagnon de route de Jean-Luc Mélenchon, la proposition surprise de ce dernier samedi sert à "mettre au pied du mur les gens qui disent que le problème c'est les Insoumis".
"Le vrai problème pour eux c'est le programme. C'est une manière de dénoncer leur hypocrisie", assure-t-il.
Un partenaire des Insoumis à gauche salue un beau coup de poker: "Ça leur permet de garder les mains propres. Tout échec d'un gouvernement NFP sans eux ne serait pas leur échec", se projette-t-il.