Harris et Trump tentent de faire basculer les indécis
La course à la Maison Blanche entre la vice-présidente démocrate et l'ancien président républicain, extrêmement indécise, a aussi été pimentée jeudi par des révélations sur le positionnement favorable au droit à l'avortement de l'ancienne Première dame Melania Trump.
Kamala Harris se rend jeudi dans le Wisconsin, l'un des sept Etats pivots, ou "swing states", de la présidentielle du 5 novembre.
Le mode de scrutin au suffrage indirect veut qu'aux Etats-Unis, l'élection présidentielle ne soit pas tranchée par les voix engrangées dans tout le pays, mais par celles de grands électeurs désignés par chaque Etat.
La vice-présidente de 59 ans se déplace auprès du "berceau du parti républicain", selon son équipe de campagne, à savoir une ancienne école de la ville de Ripon, située à une heure de route du lac Michigan, dans le nord des Etats-Unis.
Comté stratégique
Sur ce site historique, où se sont tenues des réunions en vue de la création du Parti républicain, en 1854, la candidate démocrate sera accompagnée de l'ancienne parlementaire républicaine Liz Cheney.
Devenue une porte-parole de facto des conservateurs américains opposés à Donald Trump, la fille de l'ancien vice-président Dick Cheney a déjà appelé à voter pour Kamala Harris.
La candidate démocrate veut s'adresser directement aux républicains modérés pour les appeler à transcender les divisions partisanes au nom de l'intérêt supérieur du pays, selon son équipe de campagne.
Comme elle, Donald Trump sait que l'élection se jouera sans doute à quelques dizaines de milliers de voix près, celles d'électeurs encore indécis ou alors démobilisés, dans les fameux "swing states".
Lui a choisi de cibler jeudi non seulement un Etat, en l'occurrence le Michigan, mais aussi, à l'intérieur de cet Etat, un comté ultra-stratégique: Saginaw.
Cette circonscription ouvrière, historiquement démocrate, avait voté pour Donald Trump en 2016 puis à une très mince majorité pour Joe Biden en 2020.
Meurtrie par la désindustrialisation des années 2000 puis par la crise financière de 2009, Saginaw est emblématique de la bataille pour le vote populaire.
L'ancien président continuait par ailleurs jeudi à étriller la réponse de Kamala Harris et du président Joe Biden à l'ouragan meurtrier Hélène, au lendemain de visites des deux dirigeants démocrates dans des zones ravagées par le vent et les inondations, dans le sud-est du pays.
Melania Trump pro-choix
"C'est la tempête la plus mal gérée de tous les temps au niveau fédéral, mais leur gestion de la frontière (avec le Mexique) est pire!" a écrit le républicain sur sa plateforme Truth Social.
Il reprend là son principal message de campagne, autour d'une immigration clandestine hors de contrôle selon lui, qui compromettrait la sécurité et la prospérité des Américains.
Son épouse Melania Trump s'est elle invitée dans la campagne sur un sujet brûlant entre tous: le droit à l'avortement.
"Pourquoi quelqu'un d'autre que la femme elle-même aurait le pouvoir de déterminer ce qu'elle fait de son corps? Le droit fondamental à la liberté individuelle dont dispose une femme (...) lui donne l'autorité d'interrompre sa grossesse si elle le souhaite", écrit-elle dans des bonnes feuilles de ses mémoires, à paraître mardi, révélées par le Guardian.
L'équipe de campagne démocrate s'est immédiatement emparée du sujet, en assénant dans un communiqué: "Malheureusement pour les femmes en Amérique, le mari de Mme Trump n'est pas du tout d'accord avec elle".
Selon les sondages, Kamala Harris, fervente partisane du droit à l'IVG, dispose d'un net ascendant sur ce sujet précis sur Donald Trump.
Le républicain, qui se présente comme le "protecteur des femmes", se vante d'avoir contribué au revirement de jurisprudence de la Cour suprême américaine, qui a mis fin en 2022 à plusieurs décennies de protection du droit à l'avortement à l'échelle fédérale.