Alsace: opération escargot des routiers contre un projet de taxe poids lourds
Deux convois sont partis peu avant 09H00, un de Mulhouse (Haut-Rhin) et un de Strasbourg (Bas-Rhin), pour se retrouver à Colmar à la mi-journée où le Collectif pour la compétitivité de l'économie alsacienne (CCEA) doit tenir une conférence de presse.
Une cinquantaine de camions formaient le convoi parti de Strasbourg sous la pluie. Plusieurs avaient installé des banderoles sur leur cabine, sur lesquelles on pouvait lire "Non à un nouvel impôt", "Si vous l'avez c'est qu'un camion vous l'a apporté. S'il est taxé, vous le payez", ou "Transport cher, produit cher". Le convoi parti du Haut-Rhin comptait lui aussi une cinquantaine de poids lourds.
Dans leur viseur, la taxe poids lourds sur laquelle la Collectivité européenne d'Alsace - issue de la fusion en 2021 des conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin -, doit se prononcer le 21 octobre: un péage que devront payer les camions en fonction de la distance parcourue sur certains axes.
Selon la CCEA, "ce ne sont pas seulement les transporteurs qui s'opposent fermement à cette mesure, mais bien l'ensemble des filières économiques d'Alsace, qui sont vent debout face à cette taxe. Tous les secteurs, quels qu'ils soient, seront gravement impactés par cette taxe, et ce, bien au-delà du secteur du transport, jusqu'au pouvoir d'achat des consommateurs", affirme l'association économique.
La Collectivité européenne d'Alsace prévoit d'instaurer cette taxe sur les poids lourds de plus de 3,5 tonnes à partir de début 2027 sur l'autoroute A35 qui traverse la région du nord au sud. En raison d'une fiscalité onéreuse sur les autoroutes allemandes, un flux important de camions effectue le détour par l'Alsace. Avec cette taxe, le président de la collectivité Frédéric Bierry entend "rééquilibrer le trafic de transit des poids lourds".
M. Bierry pointe l'augmentation de la pollution, des bouchons, des accidents, et la détérioration de la chaussée.
La taxe rapporterait 64 millions d'euros par an, payés pour plus de la moitié par le trafic de transit, et non par les Alsaciens, a souligné vendredi M. Bierry, précisant que des dérogations permettront d'exonérer différentes branches et qu'une partie des recettes serait réinjectée pour soutenir l'économie locale.