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Deux fois moins de narchomicides à Marseille, mais une forme de "narcoterrorisme"

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A la veille du début de l'examen d'une proposition de loi sur le narcotrafic, le préfet de police des Bouches-du-Rhône et le procureur de la République de Marseille ont fait mardi matin le bilan annuel de leur combat contre ce fléau.

Après le funeste record de 49 morts dont 4 victimes collatérales de 2023, les violences liées au narcobanditisme ont coûté la vie à 24 personnes dans ce département du sud-est de la France l'an dernier, dont un chauffeur VTC abattu par un adolescent d'à peine 14 ans.

Cette baisse est due à "la victoire de la DZ Mafia sur le clan Yoda", mais "on reste très vigilant, il y a encore des conflits en cours", explique à l'AFP le procureur Nicolas Bessone.

S'agissant de Yoda, dont la présence serait désormais réduite à peau de chagrin, leur chef présumé, Félix Bingui, est d'ailleurs en cours d’extradition depuis le Maroc, selon des sources concordantes.

Mais cette baisse est aussi à mettre au crédit de la "mobilisation historique" des forces de l'ordre et de la justice, selon le préfet Pierre-Edouard Colliex, interrogé par l'AFP.

De fait, les chiffres sont "considérables", comme le souligne Nicolas Bessone: en 2024, plus de 2.000 personnes ont été mises en examen à Marseille, dont 833 ont été placées en détention provisoire. Et plusieurs commandos ont été arrêtés avant de passer à l'acte.

Sur les petites mains du trafic, plus de 2.250 personnes ont été déférées, avec toujours autant de "jobbers" venant de toute la France, attirés par le mirage de l'argent facile. Et parmi eux, de plus en plus de mineurs.

Avec quelque 480 adolescents concernés en 2024, "plus de la moitié de la délinquance des mineurs" est liée aux stupéfiants à Marseille, s'alarme le procureur.

Alors certes, la deuxième ville de France ne compte plus que 84 points de deal, 29 de moins en un an. Mais "ce n'est pas parce qu'on a supprimé les points de deal à la cité de la Castellane (dans les quartiers Nord) que la drogue a disparu, qu'on a résolu le problème", insiste le préfet de police: "ça nous a permis de redonner un cadre de vie acceptable mais il faut maintenir l'effort".

Pour lui, il faut continuer le pilonnage, sur le mode des opérations "place nette XXL" lancées par Emmanuel Macron depuis Marseille en mars, et créer "des groupes de prévention et de sécurité".
"Choc législatif"
2024 a également été marquée par une diversification des activités des narcotrafiquants, avec des tentatives de racket de commerçants voire de rappeurs, comme celle visant SCH, qui s'est soldée par l'assassinat d'un de ses proches.

Plusieurs responsables judiciaires ont été menacés de mort, dont des membres de la direction de la prison des Baumettes. Sans parler des tentatives de corruption de fonctionnaires.

"La peur panique se diffuse, nous on ne demande qu'une chose, être protégés", avait récemment confié à l'AFP Bernard Marty, président dans les Bouches-du-Rhône de l'Umih, principale organisation patronale dans l'hôtellerie-restauration.

"On ne cède pas à la peur car on interpelle les individus qui commettent des menaces" et "très peu de gens ont été placés sous protection policière" à ce stade, répond Pierre-Edouard Colliex.

Pour lutter contre le blanchiment d'argent, il annonce aussi qu'il interdira d'ici fin janvier l'activité de plusieurs dizaines d'épiceries de nuit.

Pour autant, malgré ce volontarisme affiché, "nous rencontrons d'importantes difficultés à juguler, à maîtriser le phénomène. Donc il faut à la fois des moyens, un choc législatif, pour être à la hauteur des enjeux et de la menace en face de nous", insiste Nicolas Bessone.

Lui parle depuis un certain temps de "narcoterrorisme", face à ces rafales de kalachnikov souvent tirées à l'aveugle qui terrorisent "tout le monde et notamment la population qui y vit".

Jeudi, le président du tribunal judiciaire de Marseille, Olivier Leurent, avait dit craindre que "nous nous approchions du point de bascule vers un narco-Etat", face à des narchomicides commis par "des tueurs de plus en plus jeunes", "recrutés sur les réseaux sociaux pour des sommes modiques, utilisant des armes de guerre, commettant des actes de tortures et de barbarie et revendiquant" leurs actions sur ces mêmes réseaux sociaux.




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