Coller aux traditions: le banh chung, le gâteau familial du Têt vietnamien
Ces gâteaux de riz gluant, de haricots verts et de poitrine de porc qui cuisent en papillote enveloppés dans des feuilles de la dong, une plante herbacée très répandue en Asie du Sud-Est, sont depuis des siècles l'un des nombreux plats préparés à la maison spécialement pour le Têt, le Nouvel An vietnamien qui commence mercredi.
Hong, 55 ans, a cuisiné ce plat -- qui doit être bouilli pendant 12 heures sur un feu de bois -- presque chaque année depuis quatre décennies.
"Nous pouvons acheter des banh chung tout prêts, mais cela ne crée pas cette atmosphère de Têt", affirme-t-elle, expliquant qu'elle appréciait le processus de nettoyage des feuilles, de trempage du riz et de précuisson des haricots très tôt le matin.
"Cela me tient occupée et c'est fatigant, mais j'aime toujours faire le gâteau moi-même", poursuit-elle.
Selon une légende, la recette du banh chung a été préparée pour la première fois il y a des milliers d'années par un prince vietnamien qui voulait épater son père dans sa quête du trône.
Satisfait du goût du gâteau et impressionné par la démonstration de respect de son fils, le roi lui a alors transmis sa couronne.
Les aînés au fourneau
Les banh chung sont souvent déposés sur les autels familiaux en offrande aux ancêtres, qui sont largement vénérés au Vietnam, un pays communiste officiellement athée mais toujours imprégné des moeurs confucéennes.
De nombreux Vietnamiens ne préparent plus ces gâteaux eux-mêmes. Mais dans les familles qui maintiennent la tradition, le travail incombe généralement aux aînés.
Le fils de Hong, Nguyen Dao Anh Khoi, âgé de 23 ans, s'inquiète déjà de devoir prendre la relève.
"Notre génération a tellement d'autres préoccupations... Je ne suis pas sûr de pouvoir continuer ça", confie-t-il à l'AFP tout en rinçant un tas de riz sous un robinet extérieur dans leur maison à Hanoï.
Pour l'instant, il est heureux de profiter de la cuisine roborative et réconfortante de sa mère.
Se décrivant comme un adepte de la nourriture saine qui préfère souvent les plats occidentaux, Khoi fait une exception pour le banh chung.
"C'est un peu gras et il y a trop de féculents", dit-il. Mais "c'est aussi délicieux."
"Je ne peux pas imaginer un Têt sans banh chung", conclut le jeune homme.