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Avec l'arme des droits de douane, Trump a l'ACEUM en ligne de mire

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Lors de sa première entrée à la Maison Blanche, le républicain avait dénoncé l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), qu'il estimait être injuste pour les Etats-Unis, et forcé ses deux voisins à négocier un nouveau traité, l'Accord Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM ou USMCA en anglais).

L'accord - alors présenté par le président américaine comme "le meilleur et le plus important accord commercial jamais signé par les Etats-Unis" - prévoit une clause de revoyure, à compter du 1er juillet 2026, qui permet aux trois pays d'adapter ou de mettre fin au traité.

Dans les faits, "les travaux ont déjà débuté car les trois pays font le point sur ce qu'ils souhaitent demander lors de cette revue", souligne Kathleen Claussen, professeure de droit de l'Université de Georgetown.

En menaçant ses deux partenaires d'imposer 25% de droits de douane, Donald Trump vient pourtant remettre en question dès à présent l'accord.

"Ces droits de douane ne sont compatibles ni avec l'ACEUM ni avec les règles de l'OMC. En principe, personne ne peut les augmenter unilatéralement à moins d'avoir une excellente raison de le faire", rappelle le professeur de droit à l'Université de Columbia, Petros Mavroidis, interrogé par l'AFP.

Aux yeux de Donald Trump, les raisons sont évidentes: le Canada et le Mexique n'en font pas assez pour enrayer l'entrée de migrants et de fentanyl, un opioïde meurtrier, sur le territoire américain. Dès lors les droits de douane doivent permettre de les forcer à agir.

Mais si M. Trump "estime que le Mexique importe illégalement du fentanyl aux Etats-Unis, il doit en apporter la preuve" pour justifier l'instauration de droits de douane, insiste M. Mavroidis.

De l'avis de plusieurs experts interrogés, les raisons seraient plutôt à chercher du côté de la clause de revoyure du traité commercial.

"Mon sentiment, c'est qu'il cherche à faire pression pour obtenir dès maintenant une renégociation du traité au lieu d'attendre 2026", explique Arturo Sarukhan, consultant et ancien ambassadeur du Mexique à Washington.
Premiers clients des Etats-Unis
"Il s'agit juste de créer suffisamment de pression pour obliger les parties à revenir à la table de négociations. Je pense qu'elles préfèreront cela à la perspective d'un litige commercial", rejoint Mme Claussen.

En particulier, la question du secteur automobile pourrait être centrale: l'industrie automobile nord-américaine est très imbriquée, un véhicule passant plusieurs fois les frontières des trois pays durant son cycle de fabrication.

Donald Trump "ne va pas renégocier les 3.700 pages de l'accord, je pense qu'il veut renégocier les parties liées à l'automobile, afin d'empêcher l'assemblage de véhicules électriques chinois au Mexique, ce qui n'est actuellement pas le cas", détaille Arturo Sarukhan.

Deux aspects attirent l'attention du président américain, estime M. Sarukhan: les équipements électroniques des véhicules connectés et les véhicules électriques chinois.

En cela, le dirigeant s'inscrit totalement dans les pas de son prédécesseur Joe Biden, qui a déjà interdit l'importation de véhicules électriques chinois aux Etats-Unis, un marché jusqu'ici inexistant, mais aussi l'intégration de composants chinois aux véhicules connectés vendus aux Etats-Unis, quelque soit son lieu de production.

Reste à voir dans quelle mesure le Canada et le Mexique accepteront de renégocier l'accord, sachant qu'ils sont à la fois de gros exportateurs vers les Etats-Unis mais aussi d'importants acheteurs pour leur voisin.

Ils sont même les deux premiers clients du pays, selon les données du département américain du Commerce.

"Le Mexique achète plus de produits américains que l'Union européenne ou que la Chine et le Japon conjugués", souligne ainsi M. Sarukhan, "c'est un argument de taille".

"Mais ça ne signifie pas que le Mexique n'est pas vulnérable aux pressions", reconnait-il, "il y a une dissymétrie en terme de puissance, et le Mexique est très dépendant des exportations de gaz provenant des Etats-Unis".

Mais cela peut suffire pour concéder de quoi permettre au président américain de revendiquer des avancées, sans pour autant tout remettre en question.

"Il agit de la sorte car il est persuadé qu'avec les droits de douane il pourra réduire le déficit commercial et revendiquer une victoire pour le peuple américain", conclut Petros Mavroidis.




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