Eaux usées dans le Bassin d'Arcachon: manifestation contre un "permis à polluer"
La préfecture a indiqué mi-janvier qu'elle entendait faire droit à la demande du syndicat intercommunal du Bassin d'Arcachon (Siba) d'autoriser de tels "rejets exceptionnels et encadrés" en cas d'intempéries faisant saturer les canalisations. Le préfet de Gironde Etienne Guyot a depuis précisé que sa décision finale dépendrait de l'avis du Parc naturel marin, qui se réunit vendredi prochain.
"Dans des eaux usées, il y a toutes les saloperies que l'on peut y mettre. L'impact sur le milieu marin, pour nous, est catastrophique", a expliqué à l'AFP Thierry Lafon, ostréiculteur et président de l'association de défense des eaux du bassin d'Arcachon (Adeba) devant le siège du gestionnaire du réseau piloté par les collectivités.
"Notre activité, c'est gérer un maillon de l'écosystème: quand l'écosystème se casse la gueule, nous, on se casse la gueule avec", a-t-il ajouté un peu plus d'un an après la suspension pendant un mois de la production ostréicole, consécutive à une épidémie de gastroentérite pendant les fêtes de fin d'année 2023.
D'intenses précipitations à l'automne et au début de l'hiver avaient en effet entraîné l'infiltration des eaux pluviales dans les canalisations d'eaux usées, provoquant des débordements dans le milieu naturel au niveau de bassins de sécurité et une contamination des huîtres produites dans le Bassin.
Pour Jacques Storelli, à la tête d'une coordination regroupant 25 associations environnementales, "on a un constat de faillite". "L'État a été dans l'incapacité d'imposer le respect du code de l'environnement" et "aujourd'hui, il veut autoriser le Siba à faire déborder les bassins de sécurité".
Le gestionnaire du réseau d'assainissement avait déposé cette demande de modification auprès de la préfecture, le temps de construire des "déversoirs d'orage" au niveau des bassins de sécurité pour canaliser ces débordements.
L'édification de ces ouvrages avait été ordonnée par la justice en avril dernier, après des plaintes d'associations environnementales.
"Ces déversoirs d'orage, c'est tout simplement des trop-pleins, qui ne solutionnent absolument rien. Ce qui se passait en douce sera désormais officiel", a critiqué M. Lafon, qui compare ces mesures à "un permis à polluer".