Los Angeles à l'honneur, Trump dans le viseur : les moments marquants des Grammy Awards
- Lettre d'amour à Los Angeles -
Les incendies meurtriers qui ont ravagé des quartiers entiers de Los Angeles étaient omniprésents.
QR code affiché à l'écran pour envoyer des dons, images de maisons dévorées par les flammes, pages de pub offertes aux commerçants locaux, la cérémonie avait deux mots d'ordre: solidarité et résilience.
"Si vous dépassez les 90 secondes (sur scène), nous vous ferons payer 1.000 dollars par seconde au profit" des victimes, "alors n'hésitez pas à parler autant que vous le souhaitez", a plaisanté le maître de cérémonie, l'humoriste Trevor Noah.
Les paroles d'"Under the bridge", classique des Red Hot Chili Peppers et poignante lettre d'amour à Los Angeles, ont été fredonnées a capella par le chanteur et le batteur du groupe.
Lady Gaga et Bruno Mars ont aussi repris le tube "California Dreamin'", en guise d'hommage.
Héros de la soirée, les pompiers de Los Angeles ont reçu une ovation debout de la salle, juste avant un dernier honneur: deux d'entre eux ont remis le prix du meilleur album de l'année à Beyoncé.
Chappell Roan et son poney rose
Chappell Roan passe rarement inaperçue. Dimanche soir, elle a ébloui la cérémonie.
D'abord flamboyante, juchée sur une réplique de poney rose et entourée de cow-boys ultra maquillés, scène hallucinante pour interpréter son tube "Pink Pony Club".
Revenue, chapeau de fée sur la tête, pour récolter le prix de la révélation de l'année, la nouvelle princesse de la pop en a profité pour égratigner l'industrie musicale.
"Je m'étais dit que si je gagnais un jour un Grammy (...) j'exigerais que les labels qui font des millions de dollars sur le dos des artistes leur offrent un salaire décent et une assurance maladie, en particulier pour les artistes qui démarrent", a-t-elle lancé.
La chanteuse qui revendique son identité queer et s'inspire des drag queens, est longtemps restée dans l'ombre entre petits boulots et scènes confidentielles avant d'exploser l'année dernière.
Résistance à Trump
Presque deux semaines après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, d'autres vedettes ont fait de leur discours une tribune politique, sans prononcer le nom du républicain.
La chanteuse colombienne Shakira a dédié son Grammy du meilleur album de pop latine à "tous (ses) frères et sœurs immigrants dans ce pays".
"Je me battrais toujours pour vous", a-t-elle ajouté, alors que le président américain a fait des migrants l'ennemi numéro un de sa campagne et promis d'en expulser des millions.
Un peu plus tard, Lady Gaga a rendu hommage aux personnes transgenres, également visées par les discours hostiles du républicain.
"Les personnes trans ne sont pas invisibles. Les personnes trans méritent de l'amour, la communauté queer mérite d'être soutenue", a-t-elle lancé en recevant une récompense pour son duo avec Bruno Mars "Die With A Smile".
Alicia Keys a enfoncé le clou: "DEI", l'acronyme pour les programmes de diversité et d'inclusion que Donald Trump veut supprimer en masse, "ce n'est pas une menace, c'est un cadeau".
Kendrick Lamar triomphe sur le dos de Drake
Le rappeur canadien Drake a eu beau dominer la scène rap commerciale durant la décennie 2010, c'est un tube au vitriol contre sa personne écrit par son grand rival Kendrick Lamar qui a triomphé dimanche avec cinq récompenses, dont une double victoire historique "chanson" et "enregistrement" de l'année pour "Not Like Us".
Dans ce morceau viral, entré récemment dans le cercle du milliard d'écoutes sur Spotify, le Californien dit tout son mépris pour Drake, dans la tradition des "diss tracks" de la culture hip hop, jusqu'à l'accuser d'avoir des relations avec des jeunes filles mineures.
Drake a fini par porter l'affaire dans les tribunaux, en attaquant en diffamation leur label commun Universal Music Group (UMG) pour avoir fait la promotion de la chanson.