Gad Elmaleh, "blédard de la rigolade", fête ses trente ans de scène en mode introspection
"Je suis dans un moment de ma vie où je me sens bien. A 53 ans, il y a des petits inconvénients. Tu te réveilles le matin et il y a des micro-événements sur le visage que tu n'avais pas prévus", lance l'humoriste sur la scène du Dôme de Paris jusqu'au 15 février, dans le cadre d'une tournée en France, Suisse et Belgique.
Depuis sa toute première scène en 1994 à Montréal, "devant 40 personnes dont 30 de (sa) famille", Gad Elmaleh mesure le chemin parcouru "avec fierté, joie et surtout beaucoup de gratitude".
"Quand je dis aujourd'hui que je commence un petit peu à m'aimer, c'est une forme d'aboutissement personnel, sans verser pour autant dans un truc un peu trop solennel ou maladroitement émouvant", confie-t-il à l'AFP. "Le temps m'a amené à m'affiner, loin de l'insouciance et de l'over-assurance du début. Il y a des blagues que je ne referais pas aujourd'hui. Je suis plus exigeant".
"Quand je vais au Maroc (son pays de naissance, ndlr), j'aime bien regarder les artisans travailler. Leurs gestes sont sûrs, conséquence d'un apprentissage et de la maturité. Je travaille pour cela en allant dans les clubs peaufiner mon stand-up, au contact des jeunes humoristes. Même de leurs regards sur moi, j'apprends", souligne Gad Elmaleh.
Auto-dérision
Sur un plateau sans décor, accompagné d'un micro sur pied, l'artiste aborde pêle-mêle son rapport à "l'argent qui ne fait pas le bonheur", refusant d'oublier l'époque où il n'en avait pas, son actuel célibat, tout en assurant qu'il est "prêt à aimer et à être aimé", avant une description des conséquences du consentement "à faire signer en deux exemplaires" à chaque étape d'une relation sexuelle.
L'humoriste, issu d'une famille juive et qui a relaté son attrait pour le catholicisme dans un film en 2022, raconte aussi sa drôle de rencontre avec le pape François, trouvant le moyen de le féliciter pour la victoire de l'Argentine en Coupe du monde de foot la même année.
A l'occasion d'une anecdote scolaire concernant l'un de ses deux fils qui lui reproche de la lui avoir volée pour en faire un sketch, Gad Elmaleh revient en totale auto-dérision sur les accusations de plagiat qu'il a essuyées en 2017.
"J'ai été accusé par des humoristes francophones d'avoir volé des blagues à des humoristes canadiens, ce qui était faux, injuste et mensonger puisque ces humoristes étaient américains !", dit-il, en déclenchant des fous-rires.
"Avec un spectacle tellement intime et introspectif, je ne pouvais pas ne pas en parler. C'est une manière aussi pour moi de parler du pardon, de la repentance", commente celui qui, depuis la polémique, a reconnu finalement quelques emprunts et inspirations.
Il y a quelques mois, Gad Elmaleh a racheté Michou, célèbre cabaret de Montmartre, à Paris, pour en faire un comedy-club. Avec de jeunes humoristes à l'affiche, les premiers spectacles ont démarré en janvier, avant une inauguration courant mars. Il vient également d'investir à Marseille dans un deuxième établissement.
"Ça relève de la main tendue, de la transmission", explique-t-il. "Je préfère créer des comedy-clubs où des talents vont être découverts, plutôt que d'avoir un jour une rue à mon nom !"