Avant l'arrivée de l'IA, trois autres révolutions industrielles
Retour sur ces trois moments charnières de l'humanité classiquement décrits par les historiens et économistes comme des "révolutions industrielles":
Charbon et machines à vapeur
Née à la fin du XVIIIe siècle en Angleterre, la première révolution industrielle désigne la transformation rapide d'une société dominée par l'agriculture et l'artisanat en une économie basée sur la production mécanisée et abondante de biens manufacturés.
Un ensemble d'avancées techniques permettent ce changement brutal: la mécanisation des filatures, la maîtrise de l'extraction de charbon à grande échelle et l'invention et perfectionnement de la machine à vapeur.
Le travail de la fonte s'améliore, des métaux nouveaux apparaissent. L'essor de l'industrie métallurgique puis de la sidérurgie favorise la construction et le développement du chemin de fer.
Résultats: un travail plus efficace, des biens plus sophistiqués et abondants mais aussi, des ouvriers exploités, des faubourgs miséreux, des airs encombrés de fumées.
Cette période est marquée par un exode rural massif lié, en Angleterre, à la disparition des "communs", ces terres communales que pouvaient utiliser les petits paysans.
Le terme de "révolution industrielle" est utilisé très tôt, dès le milieu du XIXe, pour décrire ce moment charnière par des penseurs comme Karl Marx et John Stuart Mill.
Electricité et automobiles
Pour nombre d'observateurs, une deuxième révolution industrielle se produit entre la seconde moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe en Europe et aux Etats-Unis.
Elle s'appuie, cette fois, sur le pétrole, le moteur à explosion des automobiles et l'électricité qui équipe progressivement les villes.
Dans un deuxième temps, cette révolution est marquée par l'essor de l'aviation qui, plus que le train et l'auto, raccourcit les distances et par la montée en puissance de la chimie qui devient l'une des industries reines.
Avec la naissance de grandes firmes et du modèle fordiste de production, cette deuxième révolution industrielle débouche sur des productions de masse et leurs corollaires, la consommation et la culture de masse.
Impensable avant, un grand nombre peut, dès le début du XXe, voyager en train, s'éclairer à l'électricité et porter des vêtements de bonne qualité.
Ordinateurs et internet
Une troisième révolution industrielle, à l'oeuvre à partir de la seconde moitié du XXe siècle a pour ingrédient le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Cette "révolution numérique" est marquée par l'essor des ordinateurs, des ordinateurs portables, d'internet, puis par l'apparition des smartphones et des réseaux sociaux.
L'introduction des robots et des systèmes automatisés dans les processus de production augmente l'efficacité et réduit les coûts de production.
Cette troisième révolution est marquée par une digitalisation de l'économie, par l'émergence de plateformes numériques et le développement du commerce électronique.
Théoricien de cette troisième révolution, Jeremy Rifkin anticipait en 1995 dans son livre "La Fin du travail" une réduction massive du temps de travail grâce aux gains de productivité engendrés par les nouvelles technologies.
L'économiste et essayiste américain estimait que les nouvelles technologies de l'information scelleraient la fin de l'ère industrielle fondée sur le travail de masse, au profit d'un "troisième âge" décrit comme une "ère postmarchande".
Ce penseur estime aujourd'hui que l'émergence de l'IA, des robots autonomes ou des objets connectés ne constituent pas en soi le démarrage d'une nouvelle ère mais le simple prolongement de la troisième révolution industrielle, toujours en cours.
Au contraire, l'économiste allemand Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial de Davos, juge que ces nouvelles technologies constituent un véritable "tsunami" et marquent le passage à une "quatrième révolution industrielle".
"L'ampleur, la rapidité et la portée de ces changements sont historiques (...). Jamais l'humanité n'a connu d'époque à la fois si prometteuse et si dangereuse", estime-t-il dans son livre "La quatrième révolution industrielle".