"On a des valeurs": des mormones à Washington pour défendre la Constitution
Leurs doigts finissent d'assembler des carreaux confectionnés par des milliers de femmes à travers le pays, inquiètes de la situation politique actuelle.
La communauté mormone est plutôt conservatrice mais des dizaines de femmes ont fait le déplacement jusqu'au Congrès pour interpeller leurs élus, défendre "l'Etat de droit" et réclamer que la politique soit fondée sur la "compassion".
Sur les couvertures patchwork, on lit des messages tels que "nous sommes tous des migrants", "personne n'est illégal", "un gouvernement de lois et non de mecs". Des reproches visant clairement l'administration de Donald Trump, qui accuse les migrants clandestins d'être des "criminels violents" et certains juges d'être des "cinglés de gauche" pour avoir bloqué des mesures de l'exécutif.
Ces mères de famille mormones ont traversé le pays, venant de l'Utah, à plus de 3.200 kilomètres de là, pour livrer aux élus américains un message d'ouverture et de respect de la démocratie.
"Participer politiquement est une sorte d'extension de notre foi. On a des valeurs communes, comme la bonté et le respect. Et on se doit, avec nos principes, d'interpeller nos élus", lance Chelsea Robarge Fife, 49 ans.
"Nous sommes inquiètes de la situation dans le pays", ajoute cette mère de famille qui fait partie d'une association non partisane de femmes mormones.
Parler à travers le tissu
Plus de la moitié des habitants de l'Utah (ouest) font partie de l'Eglise mormone, une branche du christianisme née aux Etats-Unis au début du 19e siècle, et la plupart d'entre eux votent à droite.
"On n'a pas besoin d'avoir les mêmes idées, mais on vit ensemble et on doit se respecter les uns les autres. Ce qui nous unit, c'est notre combat pour le respect de la Constitution et de l'équilibre des pouvoirs", estime Chelsea Robarge Fife.
Donald Trump ne cesse depuis son retour à la tête du pays de bousculer cet équilibre, remettant en cause la légitimité des juges et faisant fi de leurs décisions. Dimanche, comme on lui demandait s'il devait respecter la Constitution, il a répondu: "Je ne sais pas."
"On ne veut pas d'un roi", est-il écrit sur l'un des patchworks géants. 68 couvertures seront livrées à 68 élus différents, leur demandant d'agir.
Sur celle destinée au président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, une certaine Stéphanie du Kentucky a écrit, en référence à la politique anti-migrants du gouvernement, "vous ne pouvez pas voler la dignité des autres quand vous n'en avez pas".
Jessica Preece raconte avoir eu l'idée de donner de l'écho au message des femmes mormones par l'artisanat.
"Les femmes sont à l'aise avec le tissu. Cela leur permet, à travers leurs créations, de transmettre un message authentique."
A ses côtés, Jennifer Thomas, une autre mère mormone, hoche la tête. Elle considère que le meilleur moyen d'être entendue est de parler à plusieurs, pour "dépasser les cases politiques et insuffler de l'optimisme dans un pays déjà assez fragmenté comme ça".