Le monument dédié aux Darrot, à la fois tombeau et chapelle, en passe d'être sauvé, à Thiers
L’un des joyaux du cimetière Saint-Jean, le tombeau dédié à la famille Darrot, est en passe de retrouver de sa superbe.
"Voici la responsable : une ailante." Reconnue coupable d’avoir endommagé un chef-d’œuvre de l’architecture funéraire du cimetière Saint-Jean, à Thiers. C’est Isabelle Furegon, adjointe aux affaires générales et à la vie quotidienne, qui explique comment les racines de cette plante, en s’immisçant entre les pierres, ont fait tomber tout un pan de mur sur la tombe d’à côté.
On parle ici du "tombeau-chapelle" de la famille Darrot. Haute de plus de quatre mètres, cette imposante concession, datée du second quart du XIXe siècle, a été bâtie sur le style d’un temple égyptien. Avec ses pilastres, son fronton triangulaire, sa porte trapézoïdale surmontée d’un hibou aux ailes déployées, l’édifice ne passe pas inaperçu, au cœur du petit Père Lachaise auvergnat. D’autant plus avec les barrières qui l’entouraient depuis plusieurs années, à cause de la procédure de péril dont il faisait l’objet.
Dans ces conditions, "la mairie l’avait repris et en 2014, on avait fait passer des entreprises pour avoir des devis. Il y en avait pour 240.000 €", rappelle Fiorella Pelowski, responsable du service Affaires générales.
L'association Détours en charge du chantierAutant dire que la municipalité ne pouvait pas donner suite. Jusqu’à ce qu’Isabelle Furegon, qui s’est prise de passion pour ce cimetière romantique, se penche à son tour sur la question. "L’association Détours avait travaillé sur le mur d’enceinte. L’an dernier, on lui a fait faire un devis pour ce monument. Il était de 4.600 €. L’association a commencé à travailler en fin d’année."
Les pierres sont tombées, mais elles restent réutilisables. Comme un jeu de Kapla, les artisans les repositionnent, après avoir réglé son compte à la végétation parasite. Le mur écroulé de l’édifice est déjà presque entièrement rebâti. Mais il faudra encore du temps pour finir ce chantier et honorer la mémoire de cette famille éteinte.
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Le monument aujourd'hui.
L’identité des défunts incertaineMais de quelle lignée s’agit-il ? "A priori, c’est un ancien maire de Thiers, mais ce n’est pas sûr car il y a trois Darrot différents. Il y a peut-être aussi un lien avec l’usine de cartes à jouer qui était au 35 rue Conchette. On ne sait pas qui y repose", expose Fiorella Pelowski.
Pourtant, celui qui a construit ce magnifique tombeau, qui présente à l’intérieur une voûte en berceau et un autel, ne voulait pas qu’on oublie les siens. "Quand on voit la taille de ces monuments, c’était bien pour que l’on continue de penser à ces familles", souligne Isabelle Furegon, en œuvrant pour leur souvenir, donc, et pour le patrimoine thiernois.
À la fin de ce chantier, un second a été identifié : la rénovation d’un autre tombeau-chapelle, construit sur le modèle d’un temple antique, richement décoré de sculptures en bas-relief, et qui demande, à son tour, l’attention publique.La concession claire sera la prochaine sur la liste à être rénovée.
Fermeture du cimetière
Du 1er avril à la première semaine de juin, le cimetière Saint-Jean sera fermé au public, excepté pour les inhumations. En cause : la réfection d’un mur d’enceinte du cimetière, qui s’est effondré en 2020. C’est l’entreprise Sanchez qui a remporté l’appel d’offres. Coût des travaux : 202.887 € HT. Pour cette raison, le Printemps des cimetières, prévu les 24, 25 et 26 mai, ne pourra avoir lieu cette année.
D’autre part, elle a missionné Thiers Entreprise, issue du dispositif Territoire zéro chômeur, pour l’entretien des tombes. Les salariés viennent de terminer la première phase, qui concerne l’allée principale en face de l’entrée, ainsi que la première à droite. Le résultat saute aux yeux.
La végétation invasive, la mousse, les éléments cassés : tout a été retiré, sur les emplacements abandonnés, avec minutie. "Au départ, on pensait passer le nettoyeur à haute pression ou la brosse métallique. L’architecte des bâtiments de France nous a dit : “surtout pas !”, car la pierre de Volvic se desquame. Alors, les salariés ont travaillé à la petite brosse en nylon", détaille Isabelle Furegon, troisième adjointe à la Ville.
Un banc va être installéUne centaine de tombes ont été nettoyées à l’automne, et plus encore, 127, le seront prochainement. Objectif : réaliser les deux premières allées sur la gauche et la deuxième à droite. Au bout de celle-ci, les services techniques installeront un banc, face à la vue sur la chaîne des Puys.
La procédure de reprises des concessions perpétuelles, entamée en 2022, prendra fin l’année prochaine, après un délai de 3 ans et 8 mois. La mairie pourra alors aller plus loin sur l’entretien des tombes concernées, ciblées pour leur intérêt patrimonial et leur mauvais état. "On pourra intervenir avec de la petite maçonnerie, sur la ferronnerie, sur les vitres", illustre l’élue.
Alice Chevrier