La chapelle de la maison Quayret à Issoire : "c’est une protection divine pour moi"
C’est incontestablement l’une des belles demeures d’Issoire. La maison Quayret, à l’angle du boulevard de Barrière et de la rue du Huit-Mai, possède une architecture qui lui valu pendant des décennies le surnom de "château". L’édifice, dont la construction du bâtiment central remonte au début XIXe siècle à l’initiative de la famille de Missiessy, se distingue par l’utilisation d’arkose blonde. C’est à la même période qu’aurait été financé l’ajout d’une chapelle privée.
La chapelle érigée il y a plus d'un siècleL'entrée de la chapelle est assez monumentale. Cette partie de la maison est occupée par des locataires.L’actuelle propriétaire, Françoise Quayret-Finaud, a vécu et travaillé toute sa vie dans cette maison dont son père, Jacques, fit l’acquisition en 1939 (*). À ses yeux, le minuscule lieu de culte a toujours été associé à cette demeure et à ses souvenirs d’enfance. Élevée au sein d’une famille pieuse, elle se souvient d’un père "traditionaliste, très croyant". Ce dernier, qui exerçait le métier d’avoué (avocat) à Issoire, a d’ailleurs fait sacraliser la chapelle dans les années 1990. Pour autant, Françoise Quayret-Finaud assure n’y avoir "jamais vu une messe".
L’accès, uniquement réservé aux propriétaires, lui consacre un caractère presque intime. "On y allait lorsque l’on avait une prière plus intense à formuler", commente la septuagénaire. Aujourd’hui, une partie de la maison de 600 m2 est occupée par des locataires. Dont les deux fils de Françoise.
Un espace conçu pour deux fidèlesL'arkose blonde a été utilisée au XIXe siècle pour construire l'édifice.Pour entrer dans la chapelle donc, il faut d’abord ouvrir une porte à deux battants. Imposants, ils semblent dissimuler une nef plus vaste qu’il n’y paraît. Une fois à l’intérieur, si la hauteur sous la voûte en plein cintre est correcte (3 mètres environ), l’espace de prière a été conçue pour deux personnes (présence de deux sièges en bois nommés stalles) et ne pourrait guère en accueillir davantage.Éclairé par des vitraux sans motifs colorés, le décor forme un bel équilibre.
Entre une représentation de la Danse macabre de La Chaise-Dieu (Haute-Loire), des tableaux tirés de scènes bibliques et quelques statuettes, il n’y en a ni trop, ni pas assez.
Enlever la poussière et les toiles d'araignéeSur l’autel, le mobilier liturgique de la chapelle n’a rien à envier à ses grandes sœurs. Le tabernacle renferme le ciboire et tout le nécessaire pour dire la messe, dont un calice dans lequel sont placées les hosties.À sa gauche, une imposante bible reposant sur un présentoir en bois fait face à un bouquet de fleurs. "Une fois dans l’année, je viens ici enlever la poussière et retirer les toiles d’araignée. Il faut bien nettoyer de temps en temps", sourit la propriétaire.
Je viens également déposer une branche de Gui pour la fête des Rameaux [dimanche qui précède celui de Pâques et qui marque l’entrée dans la Semaine sainte, ndlr].
La famille de MissiessyDeux stalles (fauteuils en bois) sont disposés dans la nef unique de la chapelle.Avant de sortir, le regard se porte sur un blason dont on ne connaît pas précisément l’origine. Toutefois, une relation à la famille Missiessy est "probable", selon Françoise Quayret-Finaud. Ces emblèmes se retrouvent d’ailleurs de chaque côté de l’imposante cheminée habillant le grand salon.
L’extérieur de l’édifice religieux se distingue lui aussi par des décors sculptés discrets. La présence d’une toiture revêtue de lauzes, coiffée d’une croix de l’Ordre de Malte, harmonise cet ensemble architectural dans le plus pur style roman auvergnat. "C’est très beau, c’est une protection divine pour moi", poursuit la propriétaire dont l’amour pour sa petite chapelle est communicatif.
(*) Tour à tour, la maison a abrité des religieuses, la famille Tuffery puis Quayret, dès 1939.
David Allignon